Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Affaire Sandré : extradition bloquée à Madagascar
Alors qu’un homme suspecté du meurtre de Jean-Marc Sandré, à Cavalaire en 2018, a été interpellé sur l’île, le flou s’est installé autour de sa présentation à la justice française.
La dépouille de Jean-Marc Sandré patiente toujours au sein de l’Institut médico-légal de Nice depuis l’autopsie réalisée après la découverte de son corps semi-enterré, en juillet 2018, dans les collines du Fenouillet, à la sortie de Cavalaire.
Face à cette situation, la famille a donné son accord, dans le cas où le juge d’instruction aurait besoin de nouvelles investigations après l’audition d’un témoin capital. Mais le présumé suspect de ce meurtre est toujours incarcéré à Madagascar, lieu de son interpellation en octobre 2020. En raison d’un silence radio des autorités malgaches inattendu. Des mois après l’arrestation prometteuse de cette cible possiblement impliquée dans le meurtre de ce patron du chantier Marine Plaisance à Cavalaire, une incertitude plane sur ce dossier.
La famille de la victime, qui se félicitait de cette avancée dans ce mystérieux assassinat survenu à quelques kilomètres de son lieu de travail, attend désormais que le suspect soit entendu par le juge d’instruction du parquet de Draguignan qui oeuvre pour son rapatriement. En vain.
Mandat d’arrêt en janvier
Au moment de l’arrestation de cet individu d’une soixantaine d’années, de nationalité française, la justice faisait état « d’éléments sérieux ». Un mandat d’arrêt avait été émis en janvier 2020, suivi d’une commission rogatoire (le 29 mai 2020) transmise aux autorités malgaches.
Les contacts s’intensifient, des échanges réguliers par le biais du bureau d’entraide pénale, permettent alors de resserrer les mailles du filet. Le 29 octobre 2020, ce suspect français est interpellé par la police locale dans le troisième port de l’île, aux accents architecturaux de l’ancienne garnison française Antisiranana (Diego-Suarez), à l’extrême pointe nord de Madagascar. Les enquêteurs de la section de recherches de Marseille sont alors aux premières loges, avec l’attaché à la sécurité intérieure rattaché à l’ambassade de France d’Antananarivo.
Lors de son interpellation, le suspect n’a pas reconnu être l’auteur de cet assassinat. L’individu aurait simplement admis connaître l’entrepreneur Jean-Marc Sandré. Selon nos informations, une ancienne mais lointaine connaissance de la victime. Reste que si les enquêteurs ont ciblé cet homme, c’est qu’ils disposaient d’indices confondants quant à son implication dans cette disparition mortelle.
Le suspect accepte même le principe de son extradition vers la France. Les autorités judiciaires malgaches entament le processus lié à ce transfert. Il semble alors n’y avoir aucun obstacle à ce que le sexagénaire soit rapatrié en France.
Et puis l’attente s’installe. 2020 s’étire. Janvier ressemble à une éternité. Deux longs mois qui laissent perplexes les enquêteurs. L’homme est bien maintenu en détention. Et, à ce jour, il ne disposerait d’aucun avocat français.
Dimension diplomatique
Où se situe le blocage ? Selon une source au fait de ce genre de procédures, l’affaire a clairement changé de main et pris une dimension politique à Madagascar. Le dossier Sandré a quitté les couloirs du palais de justice pour les (Photo DR) coulisses politiciennes de la grande chancellerie malgache. Des considérations diplomatiques ont pris le dessus et recouvert d’un voile impudique le recueil de la vérité alors qu’une famille demeure en état de deuil, ici, à Cavalaire.
À ce stade de décision, une enquête judiciaire française ne fait plus le poids. D’après nos informations, le bureau d’entraide pénale à la chancellerie opère des démarches régulières et discrètes afin d’oeuvrer à la résolution de ce noeud diplomatique qui reposerait sur une demande similaire d’extradition de la part de Madagascar. Mais plus de 7 mois après cette avancée considérable, l’enquête, débutée en juin 2018, est aujourd’hui dans une impasse.