Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Le RN garde le cap
Pas de révision déchirante pour le Rassemblement national. Marine Le Pen ne changera pas de ligne, elle n’a pas voulu entendre les objurgations de son père, qui lui a fait reproche la semaine dernière d’avoir « dévirilisé » le bon vieux Front national. Elle persiste et signe : c’est en ouvrant son mouvement à tous ceux qui veulent venir à lui, où qu’ils se trouvent, qu’elle a engagé hier sa campagne présidentielle. Elle s’astreindra donc à montrer, tout au long de l’année qui vient, qu’elle représente les nationaux contre les progressistes, les localistes contre les globalistes, bref, ceux qui viennent de « quelque part » contre ceux – suivez son regard – qui viennent de « nulle part ».
Et elle ne regrette pas. Elle se félicite même d’avoir ajouté à ce qu’on appelait les fondamentaux du Front national – sécurité et immigration – la volonté de proposer une droite de gouvernement, capable de s’opposer à Emmanuel Macron. Quitte à se promener sur les terres de LR. Cette droite, elle la veut pacificatrice, et non guerrière. Réélue avec plus de % des voix présidente du RN, Marine Le Pen, que l’on imaginait largement embarrassée par l’échec aux régionales de juin dernier, est arrivée à enjamber sa défaite – comme l’a fait du reste Emmanuel Macron – en oubliant mauvais scores et abstention. Et en se projetant dès aujourd’hui dans la préparation d’un duel annoncé en entre le Président d’aujourd’hui et celle qui se veut la Présidente de demain. Pourtant, la situation actuelle de son parti est loin de l’autoriser à tous les espoirs. Politiquement, même si personne ne l’a dit hier autour d’elle, le pari de l’ouverture n’est pas forcément gagnant : la droite LR existe toujours, plus implantée localement – elle en a fait la démonstration la semaine dernière. Et cette droite n’a pas besoin de prouver qu’elle est apte à gouverner : elle a largement exercé le pouvoir sous la
Ve République.
À force de « s’affadir », de s’arrondir, Marine Le Pen pourrait bien trouver en travers de son chemin l’année prochaine une droite extrême décomplexée, conduite, pourquoi pas, par Éric Zemmour.
D’autant que le RN reste fragile : il a des électeurs, certes, mais manque cruellement, en dehors des cadres nationaux et des maires élus l’année dernière, de relais et d’organisateurs de poids. Et des finances qui vont avec.
« Nous ne reviendrons pas en arrière », a-t-elle martelé hier. Son problème est désormais de parvenir à aller de l’avant.
« Le RN reste fragile : il a des électeurs, certes, mais manque cruellement de relais et d’organisateurs de poids »