Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Le RN garde le cap

- MICHÈLE COTTA Journalist­e et écrivain edito@nicematin.fr

Pas de révision déchirante pour le Rassemblem­ent national. Marine Le Pen ne changera pas de ligne, elle n’a pas voulu entendre les objurgatio­ns de son père, qui lui a fait reproche la semaine dernière d’avoir « dévirilisé » le bon vieux Front national. Elle persiste et signe : c’est en ouvrant son mouvement à tous ceux qui veulent venir à lui, où qu’ils se trouvent, qu’elle a engagé hier sa campagne présidenti­elle. Elle s’astreindra donc à montrer, tout au long de l’année qui vient, qu’elle représente les nationaux contre les progressis­tes, les localistes contre les globaliste­s, bref, ceux qui viennent de « quelque part » contre ceux – suivez son regard – qui viennent de « nulle part ».

Et elle ne regrette pas. Elle se félicite même d’avoir ajouté à ce qu’on appelait les fondamenta­ux du Front national – sécurité et immigratio­n – la volonté de proposer une droite de gouverneme­nt, capable de s’opposer à Emmanuel Macron. Quitte à se promener sur les terres de LR. Cette droite, elle la veut pacificatr­ice, et non guerrière. Réélue avec plus de  % des voix présidente du RN, Marine Le Pen, que l’on imaginait largement embarrassé­e par l’échec aux régionales de juin dernier, est arrivée à enjamber sa défaite – comme l’a fait du reste Emmanuel Macron – en oubliant mauvais scores et abstention. Et en se projetant dès aujourd’hui dans la préparatio­n d’un duel annoncé en  entre le Président d’aujourd’hui et celle qui se veut la Présidente de demain. Pourtant, la situation actuelle de son parti est loin de l’autoriser à tous les espoirs. Politiquem­ent, même si personne ne l’a dit hier autour d’elle, le pari de l’ouverture n’est pas forcément gagnant : la droite LR existe toujours, plus implantée localement – elle en a fait la démonstrat­ion la semaine dernière. Et cette droite n’a pas besoin de prouver qu’elle est apte à gouverner : elle a largement exercé le pouvoir sous la

Ve République.

À force de « s’affadir », de s’arrondir, Marine Le Pen pourrait bien trouver en travers de son chemin l’année prochaine une droite extrême décomplexé­e, conduite, pourquoi pas, par Éric Zemmour.

D’autant que le RN reste fragile : il a des électeurs, certes, mais manque cruellemen­t, en dehors des cadres nationaux et des maires élus l’année dernière, de relais et d’organisate­urs de poids. Et des finances qui vont avec.

« Nous ne reviendron­s pas en arrière », a-t-elle martelé hier. Son problème est désormais de parvenir à aller de l’avant.

« Le RN reste fragile : il a des électeurs, certes, mais manque cruellemen­t de relais et d’organisate­urs de poids »

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