Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Air Cocaïne : jusqu’à 25 ans de prison requis

L’avocat général a requis des peines de réclusion criminelle comprise entre six ans pour les pilotes, et vingt-cinq ans pour l’organisate­ur présumé.

- E. M.

Pierre Cortès a livré un réquisitoi­re fleuve ce lundi alors que le procès en appel de l’affaire Air Cocaïne touche à sa fin à Aix-enProvence.

L’avocat général a dépeint les contours d’un trafic internatio­nal d’envergure entre la République dominicain­e et l’aéroport de Saint-Tropez. « On est dans le haut du spectre. » Le magistrat évalue à 500 kg la quantité de cocaïne livrée en décembre 2012 sur le tarmac de l’aérodrome varois. Les douanes, dont l’avocate Me Moyen a réclamé une amende de dix-huit millions d’euros, l’estime à 300 kg.

À cela s’ajoutent les 700 kg saisis à l’aéroport de Punta Cana, le 19 mars 2013, alors que le Falcon 50 affrété par la compagnie aérienne SN-THS s’apprêtait à décoller.

« Un marchand de mort en gros »

Présenté comme « un marchand de mort en gros », Ali Bouchareb est l’accusé visé par les réquisitio­ns les plus lourdes. Selon l’analyse de l’avocat général, il est « l’organisate­ur européen » du trafic. Vingt-cinq années de réclusion ont été requises contre ce présumé «importateu­r », condamné à dix-huit ans en première instance.

L’accusation attribue également «un rôle qui n’est pas mince » à Michel Ristic qui nie être proche d’Ali Bouchareb.

À son encontre, l’avocat général a requis dix années de réclusion alors que cet accusé avait été acquitté en première instance au bénéfice du doute.

Des pros de l’aviation « laxistes »

Quant aux « profession­nels de l’aviation », le magistrat leur reproche d’avoir participé « en conscience »

au trafic. Il distingue les dirigeants de la société SN-THS, qu’il estime motivés par l’appât du gain, et les pilotes, qualifiés « d’exécutants ».

Ainsi, Pierre Cortès a requis une peine de huit ans de prison contre Pierre-Marc Dreyfus et Fabrice Alcaud, à la tête de la compagnie SNTHS. « Qu’ils ont été payés en avance et en liquide, c’est une certitude » ,a déclaré l’avocat général en dénonçant « les acrobaties financière­s »

auxquelles se seraient livrés ces accusés condamnés à six ans à l’issue du premier procès en 2019.

Pascal Fauret et Bruno Odos, les « pilotes tartuffes » envoyés pour « prendre tous les risques » en République dominicain­e sont quant à eux visés par des réquisitio­ns semblables aux peines prononcées en première instance : six ans de réclusion.

Selon Pierre Cortès, les pilotes ne pouvaient ignorer que les vols concernés par la procédure étaient suspects, voire illicites.

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(Photo Frank Muler) Les pilotes au premier jour du procès en appel, le  juin  à Aixen-Provence.

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