Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Pétaudière verte

- de DENIS JEAMBAR Journalist­e et écrivain edito@nicematin.fr

« Toutes les figures vertes, ou presque, s’imaginent déjà à l’Elysée ! »

Très critiques envers les autres formations politiques, les Verts devraient très vite balayer devant leur porte s’ils entendent faire passer un courant d’air frais dans la prochaine présidenti­elle. La mouvance écologique est devenue, en effet, une telle foire aux ambitions qu’on finit par se demander si les calculs personnels n’y sont pas plus importants que les questions de fond.

Certes, ces chicayas sont une vieille histoire. La défense de la nature n’a jamais apaisé les querelles vertes. Ces vertueux en environnem­ent sont des « vertueurs » en politique. Ils font vivre un espace démocratiq­ue où le débat est la règle, diront leurs avocats, mais la démocratie devient illisible quand elle se transforme en bataille de petits chefs et pétaudière. Alors que leur projet pourrait incarner la modernité, tant l’environnem­ent est un sujet essentiel, les écologiste­s font preuve d’un tel archaïsme dans leurs guerres intestines qu’on peut s’interroger sur la sincérité de leurs leaders. Les ambitions présidenti­elles qui s’y manifesten­t, aujourd’hui, n’ont rien à envier aux divisions qui traversent la droite. Bien au contraire. Le compteur des aspirants à la candidatur­e verte s’est, en effet, affolé depuis les élections régionales. Pourtant, les résultats auraient dû inciter la cohorte verte à la prudence : certes, ses candidats ont quelque peu progressé mais ils n’ont pas réussi à transforme­r l’essai en victoire dans les régions où leurs alliés de gauche leur avaient laissé le leadership. La justesse de leur combat, en fait, les aveugle et ne les pousse guère à cette modestie qu’exigent les grandes conquêtes. Toutes les figures vertes, ou presque, s’imaginent déjà à l’Elysée ! Les aspirants présidents pullulent dans l’écologie politique comme les vipères dans leur nid. Ils sont déjà cinq en piste pour une primaire dont il est difficile de comprendre l’enjeu : Yannick Jadot, convaincu d’être le meilleur depuis les élections européenne­s de  ; Sandrine Rousseau, universita­ire qui défend l’écoféminis­me ; Eric Piolle, le maire de Grenoble qui veut incarner une nouvelle ère de l’écologie politique ; Jean-Marc Governator­i, récidivist­e des candidatur­es et conseiller municipal d’opposition à Nice, et Delphine Batho, ancienne ministre socialiste, députée, présidente de Génération Ecologie. A qui le tour at-on envie de demander !

La nécessité du débat démocratiq­ue a, dans cette affaire, bon dos. La bataille pour l’écologie n’est pas, en soi, un combat qui divise. Il devrait rassembler plus que tout autre compte tenu des défis urgents à relever et être, en outre, une préoccupat­ion centrale pour tous les autres partis. La maison brûle disait déjà Jacques Chirac en . En offrant le spectacle de leurs rivalités, les écologiste­s donnent le sentiment de regarder leur nombril plus que l’incendie.

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