Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Procès Pastor à Aix-en-Provence : Janowski appelé « à avouer »
« Pallanca Pastor Gildo, 54 ans, consul général de Monaco à New York. » Il est 10 h 05, vendredi, à la barre de la cour d’assises d’appel des Bouches-du-Rhône à Aix-en-Provence. L’audition très attendue de Gildo Pastor débute. Le milliardaire, qui se remet lentement de deux AVC, a obtenu l’autorisation d’être installé sur une chaise en bois, face au micro. Il est de trois quarts par rapport aux jurés, et tourne le dos au principal accusé, Wojciech Janowski. Chaussé de baskets noires, il porte une veste beige et une écharpe bleue et blanche nouée autour du cou. Gildo Pastor parle avec la main droite posée sur la cuisse et la gauche sur la table. Son audition devant la cour lui a permis d’évoquer la mémoire d’Hélène Pastor. Et surtout les suspicions qu’il nourrissait, et que sa mère semblait partager selon lui, envers son gendre polonais.
« Fin décembre 2013, ma mère m’a fait venir et m’a dit : “Je crois que Wojciech veut la mort de toi et moi” », lâche Gildo Pastor. Ses doutes, il les avait déjà dits à la police judiciaire de Nice, le jour de la mort d’Hélène Pastor, hors audition. Le président de la cour d’assises d’appel a d’ailleurs demandé à pouvoir entendre dans les jours qui viennent la femme de Gildo Pastor, restée à New York. Pour qu’elle puisse dire quand, exactement, son mari lui a fait part de ses interrogations sur le rôle du principal accusé.
« Un danger pour sa vie »
Hélène Pastor se questionnaitelle également ? L’avocat général rappelle qu’en 2014, un proche de Gildo Pastor confiait à la police : « Elle considérait que son gendre représentait un danger pour sa vie. »
Si sa soeur Sylvia semblait heureuse au côté de Wojciech Janowski – ce qui incitait la famille à laisser faire, selon Gildo – des choses clochaient. «Jesavais parce que j’en parlais à ma mère, que ses diplômes n’étaient pas les bons. » Il s’était effectivement inventé un glorieux passé universitaire à Cambridge, notamment. Le gendre était-il intéressé financièrement ? «Oui», confirme-t-il. Un peu plus tôt dans la matinée, on apprenait que sa soeur Sylvia avait lâché plus de 7,5 millions d’euros en 18 mois à son compagnon, soit en son nom propre, soit en celui de ses sociétés.
Réclamer justice pour sa mère
Gildo Pastor s’exprime lentement mais son élocution s’est nettement améliorée depuis le premier procès. L’homme semble plus apaisé. Mais il se demande si ses AVC ne sont pas la suite d’un empoisonnement. Il a déposé plainte pour cela. L’instruction est en cours. Il fond en larmes, et en déchirants sanglots, à l’évocation d’une visite à sa maman, à l’hôpital, après qu’elle a été victime de la fusillade.
Mais il se reprend et se tourne d’un coup vers Wojciech Janowski : « Si on est un homme, il est temps d’avouer. » Un sourire narquois, ou un rictus, se dessine en réponse sous le masque de l’accusé.
Depuis le début de l’audition de Gildo Pastor, le commanditaire présumé ne perd pas une miette des débats. «Mamère me disait qu’elle demandait à ma soeur de se méfier de Janowski », témoigne Gildo. Sur le banc des parties civiles, Sylvia Ratkowski-Pastor, sa soeur de six ans son aînée, secoue vigoureusement la tête. «Ma mère ne m’a jamais dit cela », prend-elle la peine de venir dire au micro. Hélène Pastor avaitelle relayé ses soupçons sur son gendre à sa fille ? On n’en saura pas plus.
Au terme d’une heure et quarante-cinq minutes d’audition, Gildo Pastor repart. Depuis le début de ce procès, il est là pour porter la voix de sa mère. Et surtout réclamer justice en son nom.