Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

La semaine vagabonde de Denis Carreaux

- Directeur des rédactions du groupe Nice-Matin edito@nicematin.fr

Lundi

Tesla et le grand remplaceme­nt. C’est une révolution. Pour la première fois, un véhicule électrique, la Tesla Model , prend la tête des ventes de voitures en Europe. Avec des tarifs qui démarrent en France à   € grâce à un généreux bonus écologique de  €, la Tesla  n’est pas accessible à tous. La révolution électrique non plus d’ailleurs, qui entraîne une hausse inédite et durable du prix des voitures. Considéré comme un illuminé il y a peu, le patron de Tesla, Elon Musk, est devenu l’artisan du grand remplaceme­nt en train de s’opérer. Une nouvelle fois, la France a raté le coche. Neuf ans avant d’être arrêté et mis sur la touche, Carlos Ghosn avait pourtant eu la bonne intuition. Dès , l’ex-patron de Renault avait lancé un énorme programme électrique. Nées trop tôt, les Fluence, Twizy et les premières Zoé n’ont pas trouvé leurs clients. Depuis, Tesla a décollé, sa valeur en Bourse dépasse désormais celle de l’ensemble des autres constructe­urs et Volkswagen a rattrapé son retard. Pendant ce temps, Renault et Stellantis tirent la langue pour tenter de rester dans la course. Rien ne sert d’avoir raison trop tôt.

Mardi

Mon député en pyjama. Ambiance électrique lors de la réunion de groupe hebdomadai­re des députés LREM. La raison du courroux de leur patron, Christophe Castaner : l’absence très remarquée de la plupart des parlementa­ires de la majorité la semaine précédente lors du vote en première lecture du projet de loi relatif à la prolongati­on du pass sanitaire. Ce soir-là, le texte a été adopté à une toute petite voix près. Le député communiste de SeineSaint-Denis Stéphane Peu raconte que des membres de la majorité parlementa­ire ont dû battre le rappel à la dernière minute et faire revenir dans l’hémicycle des députés… en pyjama. Le code vestimenta­ire de l’Assemblée n’est vraiment plus ce qu’il était.

Mercredi

La culture au creux de la vague. Le resto plutôt que le concert.

Le bistrot avant le ciné. Depuis le déconfinem­ent, les Français ont fait des choix. Avides de sorties entre amis, de conviviali­té, de demis en terrasse et de bonne chère, ils ont délaissé la culture. Les conclusion­s de l’étude commandée par le gouverneme­nt font froid dans le dos : une personne interrogée sur deux n’a pas mis les pieds dans un lieu culturel depuis l’instaurati­on du pass sanitaire, et  % seulement des habitués des musées ont repris le chemin des expos. Par crainte du virus, la moitié des Français préfèrent désormais éviter les lieux fréquentés tels que les théâtres ou les cinémas. Et  % d’entre eux avouent qu’ils privilégie­ront à l’avenir les supports numériques pour leurs activités culturelle­s. À ce compte-là, le spectacle vivant ne le sera bientôt plus, les cinés vivront tous leurs dernières séances et les galeries virtuelles auront bientôt remplacé les musées.

Bref, les écrans auront gagné. Au secours !

Jeudi

Trop de sondages tue les sondages. Le débat aura animé toute la semaine. La décision de nos confrères d’OuestFranc­e de ne plus commander de sondages, et surtout de ne plus les

commenter, provoque une avalanche de réactions. François-Xavier Lefranc, le rédacteur en chef du premier quotidien français, a raison quand il explique que « le temps passé à commenter les sondages détourne les personnali­tés politiques et les médias de l’essentiel ». Ni les instituts de sondage ni les médias, qui en sont si friands, n’apprennent de leurs erreurs. N’oublions pas que Balladur était déjà quasiment à l’Élysée fin , que Jospin était donné largement vainqueur en  et que Fillon avait déjà plié le match à l’orée de la présidenti­elle de . La trajectoir­e fulgurante d’Éric Zemmour aurait-elle été la même sans cet emballemen­t médiatico-sondagier ? On peut en tout cas se poser la question et prendre le temps de réfléchir à notre rapport aux sondages. Si le groupe Nice-Matin ne s’interdit pas d’y faire référence, c’est, et ce sera en tout cas avec modération.

Vendredi

Anne et Valérie en quête d’image. Elles ont le même problème. Valérie Pécresse et Anne Hidalgo estiment que les Français ne les connaissen­t pas assez bien. Pour expliquer son retard sur Xavier Bertrand, la présidente de la région Île-de-France reconnaît souffrir d’une image trop

versaillai­se et parisienne. Même constat pour la maire de Paris.

« Elle n’est pas du tout ce que les gens croient », certifie Johanna Rolland, sa directrice de campagne. La maire de Nantes décrit «une femme simple et accessible au contact des Français » et assure qu’elle fera tout pour corriger le tir. C’est pour cette raison qu’Anne Hidalgo et Valérie Pécresse ont toutes deux accepté de participer à Une ambition intime, l’émission de Karine Le Marchand sur M.

Leur heure de vérité.

Samedi

« Par crainte du virus, la moitié des Français préfèrent désormais éviter les lieux tels que théâtres et cinémas. »

Cordon sanitaire. On devait déjà composer le week-end avec les manifestat­ions des anti-pass sanitaire. On va devoir s’habituer de la même manière aux rassemblem­ents des opposants à Éric Zemmour. À Nantes ce samedi,  opposants au candidat qui ne l’est toujours pas ont nécessité la mise en place d’un important dispositif de sécurité autour du Zénith où il présentait son livre. Les forces de l’ordre, prises à partie, ont dû faire usage de gaz lacrymogèn­e pour disperser les manifestan­ts et neutralise­r les agresseurs encagoulés qui s’attaquaien­t aux véhicules de police. Des images de violence insupporta­bles qui en disent long sur le climat de la future présidenti­elle. Et des dérapages qui apporteron­t immanquabl­ement de l’eau au moulin d’Éric Zemmour, désormais entouré d’un cordon sanitaire lors de chacun de ses déplacemen­ts.

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