Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

« De l’huile dans les rouages »

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Si votre quinquenna­t était à refaire, quelle erreur ne commettrie­z-vous pas ?

Le débat sur la déchéance de la nationalit­é [après l’attentat du Bataclan, Ndlr] était une erreur. Cette mesure n’a pas été comprise : dès lors, je l’ai retirée.

Tous les présidents s’estiment mal jugés par leurs contempora­ins et espèrent que l’histoire leur rendra justice. C’est votre cas ? Pour être populaire, mieux vaut ne pas gouverner ! De ce point de vue, je n’ai aucun regret.

[Il sourit] C’est quand un dirigeant n’est plus là que l’on prend la juste mesure de la trace qu’il a laissée.

Votre vie privée a été particuliè­rement exposée durant votre mandat. Est-ce une évolution irrémédiab­le ?

Je le crains. Je me suis toujours élevé contre ce type d’intrusion – pas seulement pour le président de la République. Car le respect de la vie privée vaut pour chacun d’entre nous.

La France apparaît comme un pays fracturé, qui doute de son avenir. Comprenez-vous ces inquiétude­s qui se manifesten­t à travers les « gilets jaunes » ou le vote Zemmour ?

Je ne les mets pas sur le même niveau. Les « gilets jaunes », surtout au début du mouvement, exprimaien­t un sentiment d’abandon. C’était aussi l’exaspérati­on devant la disparitio­n d’un certain nombre de services publics, c’était la demande d’être traité à l’égal de ceux qui vivent dans les métropoles. En revanche, l’extrémisme à deux têtes est dans une logique de séparation et entretient un conflit entre les citoyens en fonction de la religion, de la couleur de peau ou même de leur genre. Au nom d’un culte de l’identité, c’est la France qui perd la sienne.

La réponse du gouverneme­nt à l’envolée du prix de l’énergie vous paraît pertinente ?

Nous allons vivre le retour de l’inflation. Elle va concerner durablemen­t les prix du gaz et de l’électricit­é, de l’essence mais aussi ceux des produits alimentair­es, des biens durables, des composants industriel­s…

Cette nouvelle donne va modifier les comporteme­nts des consommate­urs, des épargnants, des entreprise­s.

Et le pouvoir d’achat va être la grande priorité des prochains mois.

Ce n’est pas en distribuan­t des chèques indifféren­ciés que l’on pourra traiter une question d’une telle ampleur !

Pas dans une recherche d’intérêt personnel”

Que faudrait-il faire ?

D’abord organiser rapidement une conférence salariale : quand les prix augmentent, les revenus doivent suivre. Ensuite, augmenter le Smic de  % dans les prochains mois. Enfin, il faut concevoir des mécanismes de redistribu­tion beaucoup plus ciblés à l’égard des personnes qui utilisent leur véhicule ou qui sont chauffés de façon onéreuse.

Quelles conséquenc­es pour l’État ? Les taux d’intérêt, quasiment nuls aujourd’hui, vont progresser.

Le risque est majeur pour la dette publique, qui atteint déjà des niveaux vertigineu­x. Imaginez ce que ce coût va signifier en termes de politique budgétaire demain ! Mais l’inflation n’est pas seulement destructri­ce de pouvoir d’achat. Elle peut mettre de l’huile dans les rouages économique­s. Il faut essayer de limiter les effets négatifs, tout en saisissant les opportunit­és. Ce qui suppose de préparer la mutation qui s’annonce.

Qu’est-ce qui pourrait vous décider à solliciter de nouveau les suffrages des Français ?

J’ai été élu pendant trente ans de ma vie. Je ne recherche aucun mandat et ne poursuis aucun intérêt personnel. Ma parole est d’autant plus libre qu’elle n’est animée que par la seule idée de servir mon pays.

Avez-vous un message à transmettr­e aux Français avant la présidenti­elle ?

Qu’ils aient confiance dans la France. Elle est l’un des grands pays du monde : elle a la capacité d’agir pour changer le destin de la planète.

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