Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Roche Parc : les habitants privés d’eau et d’électricité
Au milieu d’une bataille judiciaire entre la propriétaire du terrain et leur bailleresse, les résidents du domaine de Roche Parc doivent se retrouver dès aujourd’hui sans eau ni électricité.
On leur avait promis un paradis, ils se retrouvent en enfer. Les habitants de Roche Parc, route du Bourrian à Gassin, s’estiment « pris en otage » par la guerre judiciaire qui fait rage entre la propriétaire du terrain, L. Aycard, et S. Bechade de Fonroche qui est à la fois la locataire du terrain – par le biais d’un bail emphytéotique – et leur bailleresse. Les personnes, installées dans ce domaine d’une centaine d’habitations n’étant pas propriétaires de leurs parcelles mais uniquement de leurs chalets. En 2004, la propriétaire demande une révision de la redevance à sa locataire et, depuis, les procès s’enchaînent. Démise de son bail par la justice en 2019, la locataire/bailleresse a alors arrêté de percevoir les loyers et stoppé la gestion du domaine. Les habitants ont alors créé une association l’amicale de Roche Parc.
Une association pour gérer
Menus travaux, installation d’une nouvelle barrière et reprise des contrats d’eau et d’électricité, ils estiment avoir pris le relais de la locataire/bailleresse. Mais le 6 avril, le tribunal de Draguignan a jugé irrecevable la demande de l’association de pouvoir gérer le domaine. Sauf que Mme Bechade de Fonroche refuse de prendre à sa charge les contrats tant que les habitants n’auront pas payé leurs loyers... de 2019 à 2022. « Ils disent que j’ai largué les amarres, mais je n’ai simplement pas pu payer les factures, assure la bailleresse. S’ils avaient continué le paiement, j’aurais continué la gestion. » Et la situation s’envenime,
j’ai été menacée de mort et insultée par des habitants », affirme-telle.
«« J’ai été menacée de mort »
Dans l’impasse depuis l’annonce de la coupure d’eau et d’électricité, les habitants, pour un bon nombre âgés ou malades, sont désespérés. « Ça fait une semaine que je suis dépressive complet », affirme l’une d’entre eux. Tandis que cette autre résidente a fait ses valises : « Je m’en vais, hors de question de vivre sans eau et électricité. » Mais ce n’est pas le cas pour tous, car si l’habitat à l’année est interdit sur le parc, certains n’ont pas d’autre résidence. « On n’a pas de plan B, mon chalet c’est tout ce que j’ai, je n’ai nulle part où aller », se désole Mano Touabet, un retraité qui a mis toutes ses économies dans l’achat de son chalet. « Je suis en traitement contre le cancer, je me sens pris au piège », renchérit Bernard Philibert, installé ici et « tombé dans le piège » en 2017.
Pas d’entretien depuis 2019
On nous avait promis un rêve : piscine, restaurant, amphithéâtre mais rien de tout ça n’est vrai » ,se
«(Photo P. K.)
désole-t-il, attablé à une table mal en point devant l’ancien snack, fermé depuis longtemps. Derrière, la piscine a pris une teinte verdâtre. « Plus de jardinier, plus de gardiens, pas d’entretien des routes, beaucoup de fuites d’eau... », un membre de l’Amicale de Roche Parc énumère les griefs. « Et quand l’eau sera coupée, il n’y aura plus de protection incendie », s’alarmet-il.