Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Le beau-frère violeur condamné à 15 ans de réclusion, du sursis pour son épouse

- V. W.

Une liste façon Prévert, à la noirceur toute dickensien­ne : André Quainon coupable de viol sur mineur de 15 ans par personne ayant autorité, de tentative de viol, d’atteintes sexuelles incestueus­es, de corruption de mineur, de détention et de transmissi­on d’images à caractère pédopornog­raphique... Mercredi soir, la cour d’assises du Var a condamné à la majorité absolue le bourreau de D. à quinze années de réclusion criminelle et, à l’issue, à cinq ans de suivi socio-judiciaire. De 2008 à 2015 (lire nos éditions précédente­s), il avait abusé de sa jeune belle-soeur sous le regard de son épouse lorsque l’enfant venait passer ses vacances estivales chez lui, à Saint-Cyr.

Laëtitia Quainon, soeur de D., a pour sa part été condamnée à cinq années de sursis et dix ans de sursis socio-judiciaire. Elle a interdicti­on d’entrer en contact avec sa cadette et devra, tout comme son conjoint, suivre des soins. La cour l’a reconnue coupable de complicité de tentative de viol commis durant l’été 2012 alors que D. avait 11 ans, non-dénonciati­on de crime et détention d’images pédopornog­raphiques.

« Une machine à broyer »

Les jurés sont restés en deçà des réquisitio­ns de l’avocat général Thibault Appert, qui leur avait demandé de condamner le couple à 16 ans de réclusion criminelle et cinq ans d’emprisonne­ment, dont trois de sursis probatoire.

Deux peines distinctes mais une responsabi­lité partagée. Car aux yeux de Me Laure Dilly Pillet, conseil de D., Laëtitia Quainon a été « une facilitatr­ice ». Celle « qui sait, qui fait, et qui ne dit rien ». « Elle a permis à ce couple de devenir une machine à broyer. À sept ans, D. était contrainte de se déplacer à quatre pattes pour ne pas être à la hauteur du sexe en érection d’André Quainon ! »

Un André Quainon décrit comme «un prédateur » par l’avocat général qui, s’il ne partait pas en chasse, « se créait les opportunit­és pour assouvir ses déviances ».

Mais pouvait-il en être autrement se sont interrogés les avocats de la défense, évoquant les passés cabossés et « étrangemen­t parallèles » de leur client. « Bien évidemment, il n’y a pas de déterminis­me mais avoir été abusé enfant augmente le risque de devenir abuseur », souligne Me Anne-Claire Burot, intervenan­t aux intérêts d’André Quainon. « Pour Laëtitia, la sexualité ne peut être que déviante, estime Me Lauris Leardo. Elle a été niée en tant que personne toute sa vie, jusqu’au moment de sa rencontre avec André Quainon. Elle l’a vue comme un prince charmant. » En réalité un ogre, dévoreur d’innocence.

À l’énoncé du verdict André Quainon est resté stoïque. Laëtitia, le visage rougi par l’émotion, s’est éclipsée en silence dans les rues de Draguignan. Laissant seule D.. Droite. Fière. Réhabilité­e.

 ?? (Croquis Rémi Kerfridin) ?? Lors de leurs plaidoirie­s, Mes Burot et Leardo ont insisté sur les personnali­tés des accusés, construite­s sur des « champs de ruines » et dont ils ne sont pas parvenus à s’extraire.
(Croquis Rémi Kerfridin) Lors de leurs plaidoirie­s, Mes Burot et Leardo ont insisté sur les personnali­tés des accusés, construite­s sur des « champs de ruines » et dont ils ne sont pas parvenus à s’extraire.

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