Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Michaël Crosa met en images la vie de village
Auteur de bandes dessinées et paysan, l’Ampusien est actuellement une résidence artistique entre Bauduen et Aups. Un projet aux multiples vocations destinées à mettre en valeur la ruralité
Dire que Michaël Crosa est tombé dans le dessin… à dessein, ne serait pas trop forcer le trait…
Enfant du pays, né à Draguignan, l’Ampusien de 37 ans manie très vite le crayon. « Je dessine sans arrêt depuis tout petit », détaille-til.
Comme une évidence ; comme quelque chose qui lui est tombé dessus sans trop savoir pourquoi ni comment. « C’est comme ça… sourit-il. Je suis tombé dedans dès mon plus jeune âge. Mes premières lectures ont été des bandes dessinées. Je passais mon temps chez le bouquiniste La foire au livre, rue Labat, à Draguignan. La boutique regorgeait de trésors… Mes classiques étaient Zig & Puce ou Moustache & Trottinette… Des publications qui ont marqué le début de la BD, dans les années 1920. J’ai toujours aimé ce côté rétro. À l’époque, les cases étaient plutôt figées, fixes. Quand aujourd’hui, la BD est travaillée de manière plus cinématographique, plus dynamique. »
Du bouche-à-oreille à la BD
Dessiner des cases, des bulles, raconter des histoires : c’est ce qui plaît à Michaël. Après une école d’arts appliqués, il réalise des supports de communication pour le milieu associatif notamment, mais aussi du décor mural. « Je me laissais porter par la demande et les opportunités. J’ai commencé par faire des affiches pour des fêtes rurales, des logos pour des amis, des collectifs paysans… Le bouche-à-oreille fonctionnait. » Il construit son petit réseau, se fait connaître. Avant de passer au dessin et de se mettre à son compte. D’abord avec des livres illustrés, « ce qu’on appelle un album, avec un travail d’écriture aussi important que le dessin. » Puis à la BD.
Double passion
Mais Michaël est aussi agriculteur. « Mes parents tenaient une ferme, je l’ai reprise. » Depuis, il partage son temps entre la production de foin et d’huile d’olive… et le 9e art.
Pour autant, agriculture et dessin ne s’opposent pas. Tout au contraire. Il y a du liant entre ces deux domaines d’activité. «Les deux forment mon environnement, me touchent. Je ne cherche pas à faire plus avec l’un ou l’autre. J’ai besoin de ces deux activités pour m’épanouir. »
Dernièrement, Michaël a répondu à un appel à projet émis par le Parc naturel régional du Verdon et l’association Le Plancher des Chèvres, intitulé « Mon village en images » (1). Avec à la clé une résidence artistique autour de la création d’une BD humoristique, mais aussi différents ateliers, à la médiathèque d’Aups ou en milieu scolaire (lire ci-dessous). Tout ceci autour d’un seul et même thème : la vie de village. Vaste sujet…
Humour et Provence
Le point d’orgue de la résidence reste la création de cette BD humoristique intitulée Toni la cigale. « L’action se déroule dans un village provençal. Toni, le héros est musicien, un peu flemmard sur les bords, qui ne pense qu’à passer du bon temps, sans forcer... sourit Michaël.
Sa plus proche voisine est une fourmi, qui, elle, ne pense qu’à travailler. Toute une série de personnages du même genre évoluent côte à côte. Tous sont des insectes. Histoire d’être au plus proche de la nature, avec une dimension environnementale. »
Accueilli au hameau de Bounas pour sa toute première résidence du genre, Michaël a commencé son projet au milieu des chèvres. Autant dire qu’en matière d’inspiration créative, l’auteur/paysan était dans son élément. « Dans un cadre qui permettait de me mettre en condition et ne faire que ça. Avec un rythme de croisière d’un jour par planche. »
En tout et pour tout, la partie création s’étale sur quatre semaines. Au travers de tranches de vie pleines d’humour, via des histoires en une ou deux pages, ces insectes « avé l’accent » évoluent dans les années quarante. « L’époque des bals populaires, de la ruralité et des traditions, du bistrot, des boules, de l’aïoli géant… Tout ce qui rythmait la vie des villageois en somme. Dans des années qui connaissaient tout un tas de bouleversements, propices pour moi à des situations humoristiques. »
La résidence se clôturera en juin prochain au hameau de Bounas à Bauduen. « À ce moment-là, Toni et la cigale devraient être suffisamment avancés pour être présentés aux éditeurs… » Et à tous les curieux qui aimeraient voir les personnages goguenards de l’auteur prendre vie.
1. En collaboration avec la Drac, la librairie Caractères libres, l’association Ornicarinks, et la Médiathèque d’Aups. Renseignement : www.parcduverdon.fr