Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

« Envoyer des armes, c’est faire tuer des Ukrainiens »

François Asselineau, président de l’UPR, n’a pas pu se présenter à la présidenti­elle faute de parrainage­s. Pour ce partisan du « Frexit », la France a tort de soutenir l’Ukraine face à la Russie.

- PROPOS RECUEILLIS PAR LIONEL PAOLI lpaoli@nicematin.fr

Candidat surprise à la présidenti­elle de 2017, François Asselineau avait obtenu... 0,92% des suffrages. Recalé cinq ans plus tard, faute d’avoir obtenu les 500 parrainage­s nécessaire­s, le président de l'Union populaire républicai­ne (UPR) fustige un système « inappropri­é ». Plus convaincu que jamais que la France doit quitter l’Union européenne et sortir de l’Otan, il juge que l’aide apportée par notre pays aux Ukrainiens « envenime » le conflit.

Quel regard portez-vous sur la présidenti­elle ?

Je regrette profondéme­nt de ne pas avoir pu me présenter. Aucun candidat n’a défendu la sortie de l'Union européenne. Certains, comme Mélenchon ou Dupont-Aignan, proposent de

« désobéir » ou de la changer

« de l’intérieur ».

Mais c’est impossible : les traités ne peuvent être modifiés qu’à l'unanimité des pays membres.

Vous êtes toujours aussi remonté contre le système des parrainage­s ?

Il est devenu inappropri­é. Les deux candidates qui ont eu le plus de signatures, Valérie Pécresse et Anne Hidalgo, ont fait 6,5 % des voix ! En tête dans 57 % des communes, Marine Le Pen a obtenu ses parrainage­s sur le fil. Au départ, il n'y avait aucune dimension politique. Il s’agissait seulement de filtrer les farfelus. Le système a été repris en main par les partis que le général de Gaulle voulait, précisémen­t, tenir à l'écart.

Que proposez-vous ?

De rétablir l'anonymat total des signatures, sans tirage au sort, comme c'était le cas avant 1995.

Vous protestez aussi contre la répartitio­n du temps de parole… Voyez le temps d’antenne accordé pendant des mois à des personnes comme Montebourg, Barnier ou Rousseau qui, en définitive, n'ont même pas été sur la ligne de départ ! Alors que Poutou, Lassalle ou Arthaud n'étaient invités nulle part. Même si j’avais obtenu les parrainage­s, je n’aurais pu m’exprimer que trois semaines avant le premier tour, alors que la cristallis­ation des votes était déjà avancée. Je propose que la liste définitive des prétendant­s à l’Élysée soit arrêtée quatre mois avant le premier tour et qu’ensuite, seuls soient invités les « vrais » candidats. Cela obligerait aussi le Président sortant à dire s'il se représente ou non ! Il ne pourrait plus utiliser les moyens de l'État pour mener une campagne clandestin­e…

Pour qui avez-vous voté au second tour ?

Pour Marine Le Pen. J'ai pourtant toujours combattu le FN/RN. Mais je suis comme des millions de Français ; j’ai fait barrage contre Macron.

L'UPR sera-t-elle en lice aux élections législativ­es ?

Non, parce que n’ayant pu être candidat à la présidenti­elle, je n'ai pas pu créer de dynamique. En 2017, nous avions présenté 574 candidats, qui avaient obtenu 0,67 % des voix en moyenne. Nous n'avons eu que 40 représenta­nts qui ont dépassé

1 % : cela ne nous a pas permis d'obtenir les fonds espérés de l'État. Il faut dire que les médias nous ont totalement ignorés…

Vous pointez toujours la responsabi­lité des médias. Vous ne songez jamais, simplement, que vos idées ne sont pas partagées par les Français ?

Les événements, pourtant, ne cessent de me donner raison.

Selon vous, le Brexit a été positif pour la Grande-Bretagne ? Évidemment !

Et la pénurie de main-d'oeuvre qui plombe le pays ?

Il faut voir les problèmes dans leur

digne du transformi­ste italien Arturo Brachetti, capable d’incarner jusqu’à 50 personnage­s, avec autant de costumes, en un seul spectacle. La stratégie a parfaiteme­nt fonctionné. Chapeau l’artiste !

Seule la victoire compte, même s’il faut ensuite renouer les fils d’une campagne menée à hue et à dia. Ce sera la tâche du futur locataire de Matignon. Autant dire que les meilleurs chasseurs de têtes auraient de quoi s’arracher les cheveux face à un profil digne du mouton à cinq pattes. Dans le film éponyme d’Henri Verneuil, sorti en 1954, Fernandel joue six rôles différents, ceux de quintuplés et de leur père. ensemble. Cette pénurie relative a changé le rapport de force entre employeurs et employés. Regardez l’évolution du salaire minimum en Grande-Bretagne : il est 10 % supérieur au Smic français, alors qu'il était inférieur en 2015. On nous avait prédit que le Royaume-Uni sombrerait ; cela n'a pas été le cas.

Quel regard portez-vous sur la guerre en Ukraine ?

Le premier responsabl­e politique à avoir condamné l'invasion, c'est moi – avant même qu'elle ne se produise. Mais, dans la tradition gaullienne, je ne suis pas un larbin des États-Unis. Cette guerre ne concerne pas la France. L'Ukraine n'est ni dans l'Otan, ni dans l'Union européenne.

Est-ce une raison pour ne rien faire ?

L'Ukraine fait partie intégrante de

Le futur chef du gouverneme­nt devra porter au moins autant de casquettes politiques et une en plus, celle d’être une femme. Les mâles ont dû ravaler leurs ambitions pour le poste. La féminisati­on est désormais un totem. Pas au point quand même pour Emmanuel Macron de laisser gagner sa rivale du second tour. Il ne pourra cependant pas se prévaloir d’être le premier Président à avoir nommé une femme à Matignon. Il y a plus de trente ans, François Mitterrand avait l'histoire russe. Ce pays est souverain, certes, mais il doit tenir compte des réalités. L’Ukraine est le dernier maillon entre le monde russe et l'Otan.

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J’ai fait barrage contre Macron au second tour”

« Les meilleurs chasseurs de têtes auraient de quoi s’arracher les cheveux. »

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Notre pays peut aussi... ne rien faire”

Dans ce conflit, il y a tout de même un agresseur et un agressé ?

Ce n'est pas aussi évident… Les accords de Minsk de 2015 ont été violés par les Ukrainiens ; ils savaient fort bien ce qu'ils faisaient. Et il est indiscutab­le que la population russophone, dans l’Est du pays, a été victime d’exactions menées par des néonazis. Pourquoi l'Otan a-t-elle commencé à armer l'Ukraine ?

Que devrait faire la France ? Arrêter d'envoyer des armes à l'Ukraine. Envoyer des armes, c'est maintenir le conflit et l'envenimer. Faire cela, cela veut dire que l'on continue de faire tuer des Ukrainiens. Notre pays devrait obliger les belligéran­ts à se mettre autour d’une table. Et si ce n’est pas possible, il peut aussi… ne rien faire. Il faut être réaliste : les Russes n'accepteron­t jamais de renoncer au Donbass et à la Crimée. Or, La Russie est la première puissance nucléaire, il ne faut pas l'oublier. C'est dingue qu’on fasse comme si la menace d’une guerre nucléaire n’était qu’une bonne blague !

promu Édith Cresson après avoir congédié Michel Rocard, agacé par la réussite de son ancien rival. Souhaitons à la première Première ministre macronienn­e plus de succès quen’enaeu sa lointaine prédécesse­ure. En attendant que la situation ne se décante, le Président aurait, dit-on, bien gardé quelques semaines de plus Jean Castex pour mener la campagne des législativ­es. Mais le Gascon, pourtant jusqu’alors le petit doigt sur la couture du pantalon, a décliné l’offre. Emmanuel

Macron a donc remis l’ouvrage sur le métier. Il a les cartes en main comme dans « Les petits drôles », ce jeu de notre enfance où il s’agissait de construire des personnage­s à partir de cartes de la tête, du corps et des jambes. Les combinaiso­ns les plus farfelues étaient possibles avant d’arriver à coordonner les trois parties du corps.

Il dispose de quelques jours encore pour dénicher l’oiseau rare en espérant, comme ce fut le cas semble-t-il cette semaine, ne pas essuyer un refus, alors qu’il croyait avoir trouvé son homme, pardon, sa femme. Et dire que certains se permettent de bouder les faveurs de Jupiter.

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(Photo archives François Vignola) « Je ne suis pas un larbin des États-Unis », martèle François Asselineau.

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