Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
« L’inquiétude vient plutôt des nappes phréatiques »
Malgré une situation actuelle où les niveaux de sécheresse deviennent déjà inquiétants, les maraîchers ne semblent pas particulièrement inquiets à court terme pour leur production. « les problèmes vont débuter début juillet »
Les quelques journées de pluie qui se sont abattues ces derniers jours sur le département ne seront sans doute qu’une maigre satisfaction dans un début d’année très sec. La préfecture du Var a d’ailleurs émis en fin de semaine dernière sa première « alerte renforcée sécheresse » concernant le bassin-versant de l’Huveaune amont. Une question logique se pose : va-t-on manquer d’eau dans les cultures ? « Un bon maraîcher a toujours de l’eau, lance Marcellino Massa, du haut de ses 80 printemps, installé au Cannetdes-Maures. Il ne peut pas cultiver s’il n’a pas d’eau tout le temps. »
« Superficiellement, ça va… »
C’est grâce à cette philosophie que la majorité des maraîchers ont leur solution : un forage ou un raccord au canal de Provence. Ainsi dans la partie plus littorale du Var, les producteurs résistent et ne tirent, pas encore, de conclusions alarmantes. «Jenesuis pas embêté pour le moment, confirme Didier Ricca. Nous bénéficions du canal de Provence. Le maraîchage et les arbres fruitiers ne sont pas vraiment impactés. » Alors jusqu’ici tout va bien… tant qu’il y aura de l’eau au bout du tuyau.
Oui mais, le constat est-il le même vont commencer début ou mi-juillet. On va avoir des sources qui vont se tarir. Les troupeaux, on les fait marcher pour aller manger plus loin. Ce qui va être ennuyeux, c’est pour les gens qui font de la transformation fromagère en alpage » compatit l’éleveur.
Problème en foin cet hiver
Le recours au foin ne se fera pas avant l’automne, « quand on sera en manque de pousse d’herbe à cette période ». Là encore, le professionnel pressent «un problème d’approvisionnement cet hiver. Tous les départements producteurs de fourrage de la région, dans le 04, le 83 et le 13, ont constaté une baisse de leur production en raison de la sécheresse. On voit que la pousse n’est pas bonne, on sait qu’il va y en avoir moins, mais on ne sait pas dans quelle proportion. On est dans l’expectative. Et comme nous ne sommes pas un département producteur de fourrage, nous sommes tributaires des autres ».
« Nous sommes tous impactés »
« Nous sommes tous impactés par la sécheresse, nous confirme-t-on au siège en surface et sous terre ? Sur le chemin de Loou, à La Roquebrussanne, Pierre Venel cultive fruits et légumes qui finiront à la vente dans des paniers. « Superficiellement, ça va… », soupire ce cultivateur qui a recours à un forage.
« L’inquiétude vient plutôt des nappes phréatiques. Nous sommes au même niveau que l’année dernière au mois de juin. On est déjà en décalage de deux mois. Si on regarde 40-50 ans en arrière, il pleuvait plus régulièrement. Ça n’augure rien de très bon. On est inquiets à moyen terme. Les légumes sont composés d’eau donc tout cela n’est pas très favorable. Surtout quand on conjugue ça aux gelées tardives. »
Pour rappel, l’année dernière, les agriculteurs ont été obligés de réduire leur consommation d’eau en pratiquant le goutte-à-goutte, uniquement le matin. Un procédé le plus économe et efficace.
Pour des anciens, l’histoire n’est qu’un éternel recommencement.
« Pendant les années 89, 90, 91, on n’a pas eu une goutte d’eau pendant trois ans. Même les vignes avaient brûlé à cause de la chaleur, se souvient Marcellino Massa. L’Issole et l’Argens qui ont toujours de l’eau étaient à sec. Les gamins faisaient du vélo sous les ponts. Et à l’époque, on se posait déjà ces questions… » (Photo DR)
d’Inter-fourrage, l’entreprise varoise spécialisée dans la vente de foin et située aux Arcs. Car il faut bien sûr de l’eau pour que le foin pousse.
Mais ça va venir, il a bien plu donc nous pensons que ça va pousser. C’est vrai qu’on a un petit peu moins de foin que d’habitude. Mais ce n’est pas catastrophique. En revanche il faut qu’il continue à pleuvoir sinon ça va le devenir...»
Quelles mesures de prévention mettre en oeuvre pour atténuer l’impact de la sécheresse ?
« On ne peut rien faire, tranche Jacques Courron.
Stocker de l’eau ? Pour faire une retenue collinaire, il y a des permis de construire, d’autorisation de travaux difficiles voire impossibles à obtenir. Pour faire des citernes, c’est pareil. Pour des raisons environnementales. La quasitotalité du département est en zone protégée, site classé ou parc national. Les réglementations sont draconiennes. On se heurte à de la paperasse française ».