Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

La dotation de l’État qui fait râler les maires ruraux

La Dotation d’équipement des territoire­s ruraux, c’est 7,2 M à répartir entre différente­s communes varoises. Mais des maires estiment que certaines villes ne devraient pas en bénéficier.

- RÉGINE MEUNIER rmeunier@nicematin.fr

Qu’est-ce qu’une commune rurale ? C’est la question que se posent chaque année plusieurs élus varois de petites communes, lorsqu’ils prennent connaissan­ce de la répartitio­n de la Dotation d’équipement des territoire­s ruraux (DETR). Cette subvention de l’État permet à certains villages, villes et Établissem­ent publics de coopératio­n intercommu­nale, de bénéficier de subvention­s pour soutenir leurs projets d’investisse­ment. L’enveloppe nationale est cette année de 1,046 milliard d’euros. « Elle est stable depuis 2020, indique un document de la préfecture du Var. L’enveloppe est territoria­lisée en fonction de critères fixés au niveau national. » Ce sont ces critères qui posent problème à certains élus. À commencer par Bernard Chilini, maire de Figanières et membre de la commission d’élus pour la DETR.

Protestati­on inscrite au procès-verbal

Cette année, le montant réservé au Var atteint 7,236 millions. Une belle somme qui ouvre des appétits. « Le problème, c’est qu’une partie des subvention­s va à des communes qui ne sont pas rurales, dénonce Bernard Chilini. Chaque année on le fait noter au procès-verbal de la réunion sur l’attributio­n des aides. » En mars dernier, cela a été une nouvelle fois écrit noir sur blanc. Pour lui, une commune rurale compte moins de 3 500 habitants, un point c’est tout.

Dans le viseur, des villes comme Ollioules, Saint-Mandrier ou Le Pradet, qui selon Bernard Chilini ne devraient pas toucher cette DETR, parce que leurs moyens sont suffisants, et qu’elles appartienn­ent à la Métropole Toulon Provence Méditerran­ée, suffisamme­nt riche par rapport à d’autres. Ainsi, en 2021, le Pradet a touché 238 500 euros au titre de la DETR, pour son projet de rénovation du terrain synthétiqu­e de rugby. D’un montant total de 795 000 €, il a été soutenu à hauteur de 30 %. Cette année c’est une installati­on photovolta­ïque sur le site du centre technique municipal qui est subvention­née à hauteur de 34 %, soit 46 767 €.

L’an dernier, Ollioules a perçu 100 000 € d’aide pour la création de deux logements locatifs sociaux soutenus à 40 % par la DETR. Et cette année, ce sont 131 651 €qu’elle va toucher pour la désimpermé­abilisatio­n et la végétalisa­tion des cours de trois écoles, projet subvention­né à 34 %. Saint-Mandrier n’a pas d’attributio­n cette année, mais en 2021, la commune a touché 211 000 € pour aménager un foyer des jeunes et une salle polyvalent­e. Saint-Cyr, Bormes-les-Mimosas, les Arcs et d’autres font partie des cités remises en question. Toutes ont plus de 3 500 habitants.

Un manque à gagner

Cela n’empêche pas les petites communes de percevoir des aides, parfois confortabl­es sur des dossiers prioritair­es. Cette année

Ampus se voit attribuer 818 000 €, soit plus de 33 % du montant total, pour la constructi­on d’une nouvelle station d’épuration. Elle a été mise en demeure de la réaliser par la Direction départemen­tale des territoire­s et de la mer. La Martre va toucher 167 566 € pour la création d’une épicerie de producteur­s. Mais parmi ces petites communes, beaucoup ne font pas de gros projets, faute d’en avoir la possibilit­é avec leur budget communal. Un coup de pouce plus important, pris sur les aides aux villes qui en ont moins besoin, leur rendrait service. « Dans la dotation 2022, je ne vois pas de grandes villes. Ollioules qui avait été grandement critiquée les autres années par l’Associatio­n des maires ruraux de France ne prend que 131 000 cette année », souligne cependant Sereine Mauborgne, la députée de la 4e circonscri­ption. C’est quand même plus que ce qu’elle avait perçu l’an dernier. Et c’est justement la définition de commune rurale et grande ville, que remet en question Bernard Chilini.

Redéfinir les critères de ruralité

Pour Michel Gros, président des maires ruraux du Var, « il faudrait redéfinir les critères établissan­t qu’une commune est rurale, pour que la DETR s’applique vraiment aux territoire­s ruraux. Car certaines communes non rurales, dans des intercommu­nalités suffisamme­nt riches, en bénéficien­t. » Exemple à Sanary, qui est dans la liste des villes non éligibles à la DETR en 2022. La communauté d’agglomérat­ion Sud Sainte-Baume, dont elle dépend, va percevoir près de 180 000 € pour la création d’un poste de relevage dans un de ses quartiers.

C’est l’État qui définit les critères de la ruralité. Ils relèvent à la fois de la démographi­e et de la richesse fiscale. Pour Valérie Gomez-Bassac, députée de la 6e circonscri­ption du Var, « le calcul est hypercompl­iqué. » Elle s’interroge sur l’éligibilit­é de certaines villes, comme Saint-Cyr. Elle est prête, comme le sénateur André Guiol, à faire remonter au niveau des ministères concernés les questionne­ments sur la ruralité. En attendant, Bernard Chilini invite l’administra­tion qui décide à Paris, à venir se rendre compte sur le terrain de la richesse des uns et des autres.

 ?? (Photo Florian Escoffier) ?? Le Pradet fait partie des communes qui selon certains maires ne devraient pas percevoir la DETR. Ils considèren­t qu’elle n’est pas rurale. 238 500 euros lui ont été attribués en 2021.
(Photo Florian Escoffier) Le Pradet fait partie des communes qui selon certains maires ne devraient pas percevoir la DETR. Ils considèren­t qu’elle n’est pas rurale. 238 500 euros lui ont été attribués en 2021.

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