Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Quand le street-art donne des couleurs au handicap
Dix-huit enfants en situation de handicap se sont essayés aux techniques de pochage et de peinture de rue. L’occasion pour eux de développer leur créativité et de se sentir valorisés.
V «oir leurs sourires, c’est la plus belle des récompenses... ! » Mardi dernier, les 18 enfants de l’accueil de jour dracénois, rattaché à l’Institut médico-éducatif (IME) Sylvabelle de La Croix-Valmer, laissaient libre cours à leur imagination.
Valorisation et considération
Pour la première fois, l’établissement accueillait un artiste de street-art, Alexandre Plaut, alias « Sufyr ». Autodidacte, l’artiste implanté à Brignoles s’est forgé une petite réputation dans le milieu en vogue, exposant ses oeuvres à l’international. Spécialisé dans les portraits, Sufyr vit de son art en l’exposant dans des galeries dédiées. Mais son domaine, c’est le streetart. « Le pur et dur, celui qui se pratique dans la rue », sourit-il. Le tout, sur différents supports : des murs, évidemment, mais aussi des briques, des ardoises, des objets détournés... « Tout ce qui sort du cadre de la toile. » Sensibilisé aux enfants en situation de handicap par son parcours personnel, l’artiste a tenu à partager son art avec eux, dans un projet de création de fresque au sein de la structure.
« Ici, nous accueillons des enfants de 6 à 15 ans, précise Pauline, éducatrice spécialisée et coordinatrice de l’accueil de jour.
Avec des profils atypiques. Certains sont complètement sortis du système scolaire. Il est donc particulièrement important pour eux que l’on puisse générer des interactions sociales. Que ce soit via de l’équithérapie, de la musicothérapie, ou l’atelier d’aujourd’hui. »
Mais plus important encore, avec ce type de projet, « on vient à leur rencontre... Ils se sentent considérés, valorisés. »
D’autant que ces enfants ne s’expriment pas tous verbalement.
« D’où l’importance de leur laisser la possibilité de dire ce qu’ils ont à dire avec ce processus créatif. Le tout en couleurs. »
Réalisation d’une fresque
Alors Sufyr s’en donne à coeur joie. « J’aime voir ce qu’ils sont capables de faire ; observer comment ils appréhendent la peinture. » Car pour ce premier atelier, l’artiste y va à tâtons, cerne les enfants dans un premier temps, jauge ce qu’ils sont capables de réaliser ou non. «À terme, l’idée est qu’ils réalisent leur propre fresque. Et on voit clairement qu’ils en ont envie ! »,
s’exclame-t-il. Si tenir un simple pinceau est parfois difficile pour eux, l’artiste s’adapte et leur propose, par exemple, des tampons. C’était le cas d’Angèle. « Je voudrais le coeur ! » lance-t-elle enthousiaste, en pointant du doigt le dessin qu’il lui faudra pocher. Avant de s’exercer avec entrain. « Tamponne doucement ! », tempère son éducatrice. Concentretoi, tu as le temps... »
Clairement fière de son travail, Angèle conclura ainsi : « C’est la meilleure journée que j’ai passée ici ! » Rien que ça.