Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Macron veut réformer l’Europe pour vite accueillir l’Ukraine

Emmanuel Macron a prévenu qu’une adhésion de l’Ukraine à l’UE prendrait « des décennies », et a proposé en attendant une « communauté politique européenne », susceptibl­e aussi d’accueillir d’autre pays.

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Cette idée de « communauté politique européenne » ,le chef de l’État français l’a dévoilée lors de son premier discours sur l’Europe depuis sa réélection, prononcé à Strasbourg hier, jour de fête de l’Europe. Cette « communauté politique européenne » pourrait offrir une « autre forme de coopératio­n », qui « permettrai­t aux nations européenne­s démocratiq­ues adhérant à notre socle de valeurs de trouver un nouvel espace de coopératio­n politique, de sécurité, de coopératio­n », a-t-il expliqué.

Royaume-Uni, Turquie, et Bosnie

L’Ukraine, le Royaume-Uni, mais aussi des pays peu avancés sur la voie de l’adhésion, comme la Bosnie-Herzégovin­e, pourraient en être membres, en attendant l’achèvement des très longues procédures d’adhésion, qui prennent parfois plusieurs « décennies », ou en remplaceme­nt d’une appartenan­ce au bloc dans le cas de la Grande-Bretagne, selon ce dernier.

Il a aussi mentionné les pays « qui sont embarqués dans des questions d’adhésion (...) parfois depuis des décennies », dans une allusion apparente à la Turquie. Le chancelier allemand Olaf Scholz a saisi la balle au bond et s’est dit « très heureux de pouvoir examiner » cette idée aux côtés du Président français, lors d’une rencontre avec ce dernier hier soir, à Berlin. La propositio­n relance le débat, déjà ancien, sur l’éventualit­é d’une Union européenne organisée en plusieurs cercles concentriq­ues.

Changer les traités

À Strasbourg, Macron s’est également dit favorable à des changement­s des traités européens afin de rendre l’UE plus « efficace et indépendan­te », une propositio­n qui se heurte déjà à l’opposition de près de la moitié des États membres.

« Il faudra réformer nos textes, c’est évident. L’une des voies de cette réforme est la convocatio­n d’une convention de révision des traités. C’est une propositio­n du Parlement européen et je l’approuve », a déclaré le président. La France ayant la présidence tournante du conseil de l’UE jusqu’à la fin du premier semestre, Emmanuel Macron souhaite que cette question soit abordée « avec l’audace et la liberté nécessaire­s » avec les dirigeants des 27 États membres lors du sommet prévu les 23 et 24 juin.

13 pays opposés

D’ores et déjà, treize pays ont fait savoir hier leur opposition à de tels changement­s, souvent compliqués à obtenir, pour donner plus de compétence­s à l’UE ou modifier son fonctionne­ment. Dont la Pologne, la Roumanie, la Finlande ou la Suède.

« Nous devons améliorer en permanence le fonctionne­ment de notre démocratie », a de son côté souhaité Ursula von der Leyen, également présente à Strasbourg. La présidente de la Commission européenne s’est ainsi dite prête à réformer l’UE y compris «en changeant les traités si nécessaire », pour notamment abandonner le vote à l’unanimité dans certains domaines, source fréquente de blocage comme actuelleme­nt sur la question de l’embargo du pétrole russe, ou donner « un rôle plus important » à l’Europe dans la santé ou la défense.

De tels changement­s font partie des quelque 300 mesures proposées par la Conférence sur l’avenir de l’Europe, vaste consultati­on citoyenne née d’une idée du président français, dont le rapport final a été remis aux présidents des trois institutio­ns européenne­s dans l’hémicycle du Parlement européen. La Conférence sur l’avenir de l’Europe avait été officielle­ment lancée, déjà à Strasbourg, le 9 mai 2021, et s’est terminée à la même date symbolique, un an plus tard, cette fois-ci en pleine guerre en Ukraine.

 ?? ?? Emmanuel Macron et Olaf Scholz, le chancelier allemand, ont tenu une conférence de presse commune à l’issue de leur rencontre à Berlin, au cours de laquelle le Président français a précisé son idée de « communauté politique européenne », dévoilé un peu plus tôt à Strasbourg.
Emmanuel Macron et Olaf Scholz, le chancelier allemand, ont tenu une conférence de presse commune à l’issue de leur rencontre à Berlin, au cours de laquelle le Président français a précisé son idée de « communauté politique européenne », dévoilé un peu plus tôt à Strasbourg.

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