Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Le retour de la force

On la tient cette affiche entre les triples champions d’Europe ! Invaincus depuis trois mois, les Saracens ont balayé Gloucester en quart, mais que valent-ils vraiment ? On a regardé leur match.

-

Samedi soir, le tant espéré choc des triples vainqueurs de la Champions Cup aura bien lieu. Toulon (sacré en 2013, 2014, 2015) et les Saracens (en 2016, 2017, 2019) ont régné tour à tour sur le continent, avant de connaître une décrue pour l’un, et un accident industriel pour l’autre. Souvenez-vous. En novembre 2019, le club anglais est condamné pour dépassemen­t du salary cap à 35 points de pénalité (réévalué plus tard à 105 points !) et à une amende de 5 millions de livres. Relégués en deuxième division, les Sarries parviennen­t à conserver une majorité de joueurs cadres, écrasent la concurrenc­e et remontent fissa en Premiershi­p. Cette saison, si les bannis ont un peu traîné jusqu’à la mi-championna­t, depuis mi-février ils n’ont plus connu la défaite. Bilan : neuf victoires consécutiv­es, une place en demi-finale de Premiershi­p déjà sécurisée et une qualificat­ion pour les demies de Challenge Cup. Alors, les Saracens seraient-ils déjà redevenus les terreurs du rugby anglais ? Pour en savoir plus, nous avons regardé leur quart de finale sur le terrain de Gloucester remporté haut la main (44-15). Que vaut réellement cette équipe ? On décrypte.

◗ Un score en trompe-l’oeil

À voir le score fleuve signé par les Sarries dans le Gloucester­shire, on pourrait penser que le RCT n’a aucune chance. D’autant que les Toulonnais ont paru émoussés et ont dû batailler 80 minutes durant sur un terrain gras et face à un adversaire coriace. Pour autant, à bien y regarder de plus près, les Saracens n’ont pas survolé les débats. En témoignent les statistiqu­es de possession, de passes, les ballons joués à la main, les défenseurs battus ou les pénalités concédées, partagées à part quasiment égales entre les deux équipes. La différence s’est plutôt faite sur le réalisme froid des Sarries et les largesses des Cherry & White qui ont carrément baissé pavillon en deuxième période.

◗ Une colonne vertébrale en acier trempé

Sur ce quart de finale, les Saracens n’ont pas proposé de grandes envolées. Si l’ailier Rodimi Segun s’est montré le plus remuant en attaque, l’arrière Alex Goode n’avance plus, alors que les internatio­naux Elliot Daly et Sean Maitland ont été discrets. Car dans ce match, les ex-champions d’Europe ont davantage opté pour un rugby de destructio­n massive. Pour cela, il s’appuie sur une colonne vertébrale de feu, un axe du mal 2-4-8-10-12 qui concasse tout sur son passage. On parle ici du talonneur Jamie George, du 2e ligne Maro Itoje, du 3e ligne centre Billy Vunipola, du demi d’ouverture Owen Farrell et du centre gallois Nick Tompkins. Quand tout ce beau monde se met à enclencher la marche avant, ça fait très mal. C’est bien simple, les cinq essais ont été marqués grâce au travail du quintette : passe à plat de Farrell, départ de Vunipola derrière sa mêlée conclu par Itoje, deux pénaltouch­es de George concrétisé­es par Itoje puis Tompkins en force soutenu par... Itoje. Et enfin, une montée en pointe du décathloni­en Itoje qui a permis l’essai en contre de Taylor. Recalé du XV de la Rose, Billy Vunipola est lui toujours aussi influent balle en main (21 ballons joués, 88 mètres gagnés, 6 défenseurs battus). Aucun autre n’a fait mieux. Le staff et les joueurs du RCT sont donc prévenus. Il leur faudra absolument réduire le rayonnemen­t de ses garçons influents pour espérer faire tomber le wolfpack.

 ?? (Photo Press Associatio­n Images) ?? Le deuxième ligne internatio­nal Maro Itodje a réalisé une performanc­e XXL en quart de finale face à Gloucester. Mais il n’a pas été le seul...
(Photo Press Associatio­n Images) Le deuxième ligne internatio­nal Maro Itodje a réalisé une performanc­e XXL en quart de finale face à Gloucester. Mais il n’a pas été le seul...

Newspapers in French

Newspapers from France