Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Waterloo, morne plaine
Éric Zemmour a hésité avant de replonger. Comme si les marques de la gifle reçue le 10 avril rosissaient encore ses joues. Il a finalement choisi de se lancer sur le territoire où il a obtenu l’un de ses meilleurs scores à la présidentielle. Cela suffira-t-il à propulser le leader de Reconquête ! à l’Assemblée nationale ? Rien n'est moins sûr. Si l'extrême droite s'enracine dans ces cantons, c'est d'abord au bénéfice du Rassemblement national. Au soir du premier tour, la candidate frontiste avait totalisé 32,2 % des votes contre « seulement » 14,7 % pour le « Z ». L'ancienne star de CNews parie, sans doute, sur sa notoriété pour faire basculer l'élection. Mais il aura maille à partir avec des concurrents solidement implantés : la députée sortante Sereine Mauborgne (Renaissance) et son adversaire malheureux de 2017, Philippe Lottiaux (RN), directeur général des services à la mairie de Fréjus. Au demeurant, Zemmour n'avait pas vraiment le choix. Son parti est à la peine dans les sondages. Selon le dernier baromètre Opionway pour
Les Échos, il n'obtiendrait que 5 % des suffrages au niveau national – en deçà des 7,07 points arrachés le 10 avril.
Les projections en nombre de sièges au Palais Bourbon ne lui promettent qu'un ou deux élus, contre plusieurs dizaines pour les « frères ennemis » du Rassemblement national. Le fait de descendre lui-même dans l'arène le remet en pleine lumière. Il peut espérer que cette exposition médiatique profitera aux 555 candidats qui vont porter ses couleurs. Mais cette stratégie peut se révéler à double tranchant.
S'il est élu, Éric Zemmour retrouvera une tribune qui lui permettra de continuer à exister sur la scène politique. S'il est battu, cet admirateur de Napoléon devra remiser ses rêves de grandeur, tombant à Waterloo sans avoir jamais vu se lever le soleil d'Austerlitz.
« Le fait de descendre dans l’arène remet Éric Zemmour en pleine lumière. Mais cette stratégie peut se révéler à double tranchant. »