Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Un petit joint au parloir : merci papa !

- SA. S.

Le moins que l’on puisse dire c’est que David a un grand sens de la famille. Nous sommes en juin 2021. Son jeune fils, Enzo, purge une peine de 3 ans de prison à Draguignan et déprime sec derrière ses barreaux. Chevaleres­que, David profite alors d’un tête à tête entre hommes au parloir pour lui proposer un petit voyage de zénitude absolue. Il remet au fiston une belle boulette de résine de cannabis. 26 grammes de douceur dans ce monde de brutes. Une partie s’envolera en fumée entre les lèvres d’Enzo. Le reste finira caché dans un endroit de son corps que la décence nous interdit de nommer ici...

Vols, violences stupéfiant­s...

Mais les gardiens n’auront aucun mal à identifier l’odeur d’herbe fraîchemen­t résinée. Enzo ruminera 20 jours au quartier disciplina­ire.

Sorti mercredi de ses geôles pour répondre de ce moment d’égarement devant le tribunal de Draguignan, Enzo présente ses excuses et implore la clémence des juges : « On m’a déjà enlevé 40 jours de grâce ! ». Puis il écoute en fronçant les sourcils la longue litanie des mentions sur son casier judiciaire.

Sept condamnati­ons du haut de ses 21 ans dont les trois premières devant le tribunal pour enfants. Vols, violences, stupéfiant­s... autant de cheveux blancs pour David que d’idées noires pour l’enfant terrible. Le président, Jean-Louis Galopin, lit les déclaratio­ns du père, traduit également devant la justice mais absent à l’audience. « Il dit qu’il voulait vous faire plaisir, qu’il ne vous sentait pas bien du tout ». Peu bavard, Enzo opine, lui qui voyageait dans l’espace à coup d’une dizaine de joints par jour, l’atterrissa­ge dans l’univers carcéral fut brutal.

« Le père a un rapport à l’autorité parentale très particulie­r ! » ironise la procureure, Débora Collombier, «ilamis son fils en danger ». L’avocate de David, Me Fanny Pierre, y voit plutôt les ressorts de la culpabilit­é paternelle : « David a été victime d’une agression et son fils l’a défendu, ce qui lui vaut ces longues années de détention ». La procureure déplore la résistance d’Enzo à la fouille après le parloir. Son avocate, Me Cathy Guittard s’insurge : « Ils s’étaient mis à huit pour le mettre tout nu et le fouiller un doigt dans les fesses, c’était musclé et humiliant ! ». Alors que le parquet réclame une peine de quatre mois ferme pour le père et le double pour le fils, les avocates plaident d’une même voix pour une sentence plus douce : « L’employeur d’Enzo l’attend depuis deux ans, c’est un gros travailleu­r, il a commis une mauvaise action mais ce n’est pas si grave ! ».

Le tribunal a opté au final pour quatre mois de prison pour le père comme le fils. L’occasion de se refaire un petit tête à tête, mais sans boulette.

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