Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Un thérapeute jugé à Toulon pour atteinte sexuelle

Un auxiliaire de santé est poursuivi en justice pour avoir entretenu une relation ambiguë avec une jeune patiente dans un institut spécialisé. Il conteste avoir eu « des gestes déplacés ».

- ERIC MARMOTTANS

Un psychomotr­icien a dû s’expliquer ce mercredi devant le tribunal correction­nel de Toulon sur la nature de la relation qu’il a entretenue avec une jeune patiente dans un institut médico-éducatif (IME) varois. Depuis, le trentenair­e n’exerce plus en IME.

Le soignant, âgé de 27 ans à l’époque des faits, conteste s’être rendu coupable « d’atteinte sexuelle commise par une personne abusant de l’autorité de sa fonction ». Un délit pour lequel le parquet a requis une peine d’un an de prison avec sursis. Le tribunal rendra son délibéré le 1er juin.

« Ce n’était pas de l’amour »

La mère de la victime présumée, alors âgée de 15 ans, avait déposé plainte, le 31 décembre 2018, après avoir découvert des échanges de SMS « à caractère amoureux » entre le thérapeute et l’adolescent­e, fragile sur le plan psychologi­que.

Des milliers de messages, la plupart ponctués d’émoticônes représenta­nt un coeur, ont été extraits de leurs téléphones portables. « Ma Louloute », « Moi aussi je t’aime », « Moi je parie que t’es pas chiche de me faire un bisou (...) mais tu sais où, sinon c’est pas du jeu », a notamment écrit le prévenu.

« Je reconnais avoir dépassé le cadre profession­nel, mais ce n’était pas de l’amour, c’était un sentiment d’affection. Je n’ai jamais eu de geste déplacé », a déclaré le prévenu à la barre du tribunal présidé par le juge Philippe Plantard. À l’inverse, son ancienne patiente, désormais majeure, a maintenu que l’homme l’aurait embrassée sur la bouche à plusieurs occasions. « Quand on était en séance, il s’approchait de moi pour m’embrasser rapidement. »

La jeune femme a également relaté des tapes sur les fesses et, une seule fois, « des bisous sur le ventre » : « Il a enlevé mon pull et je me suis retrouvée en soutien-gorge devant lui. »

Et l’ex-ado en proie à des troubles psychologi­ques d’évoquer une relation consentie… « inconsciem­ment ». « Je suis quelqu’un de très sensible, je m’attache très vite aux personnes, j’ai besoin que l’on mette des limites… » « Ce n’est pas tant le comporteme­nt de la plaignante, mineure de 15 ans, que vous que vous avez à analyser, que celui du prévenu jugé à raison de sa qualité [profession­nelle] », a recadré Me Pascal Zecchini, l’avocat de la jeune femme et de sa mère.

« Une méthodolog­ie critiquabl­e »

Le procureur Jean-Baptiste Sirvente a blâmé « une relation asymétriqu­e entre un psychomotr­icien et une patiente en situation de vulnérabil­ité ».

En défense, Me Renaud Gaire a plaidé « une méthodolog­ie critiquabl­e » qui aurait eu des résultats « là où les autres ont échoué ». « Grâce à cette thérapie, [l’adolescent­e] ne se tapait plus la tête contre les murs… »

« Il y a une grande maladresse dans l’interventi­on thérapeuti­que de mon client mais il n’y a pas d’intention perverse », a-t-il insisté, expertise psychiatri­que à l’appui. 04 93 08 11 79

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(Photo doc L. B.) Le soignant soupçonné d’atteinte sexuelle exerce désormais en milieu hospitalie­r.
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