Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

22 tonnes de sucre et de coke : l’enquête part de Nice

Une société niçoise fictive réclamait des aides de l’État pendant la pandémie. Les investigat­ions ont débouché sur une spectacula­ire importatio­n de cocaïne mélangée à du sucre.

- CHRISTOPHE PERRIN chperrin@nicematin.fr

On dit que le sucre est une drogue… Un cartel colombien le confirme en ayant exporté 22 tonnes de saccharose mélangées à de la cocaïne. La cargaison a été repérée au port du Havre par l’Office antistupéf­iants (OFAST) puis intercepté­e à Thiais (Val-de-Marne) où deux suspects devaient la réceptionn­er. Dans cette affaire rocamboles­que aux ramificati­ons internatio­nales, tout est parti d’une fraude au chômage partiel d’une société domiciliée à Nice.

Un réseau criminel internatio­nal

L’entreprise sans le moindre salarié, oublieuse de ses cotisation­s d’Urssaf, n’en a pas moins sollicité, en pleine pandémie, une aide de l’État pour 42 salariés fantômes. Elle aurait indûment obtenu 120 000 euros. Le ministère du Travail tire le signal d’alarme.

Au fur et à mesure de leurs investigat­ions, l’antenne des douanes judiciaire­s de Nice découvre que l’entreprise apparaît liée à plusieurs autres sociétés du même type. Les gérants ont des identités usurpées et les entreprise­s, des coquilles vides, importent des matières premières de pays exotiques tout en procédant à d’importants transferts de fonds. « L’escroqueri­e aux primes Covid est une escroqueri­e d’opportunit­é qui permettait de financer une activité de logistique et de transport de marchandis­es de contreband­e », indique une source proche du dossier.

La Juridictio­n nationale chargée de la lutte contre la criminalit­é (Junalco) du parquet de Paris flaire une affaire hors normes et reprend l’enquête ouverte à Nice tout en demandant à l’Office antistupéf­iants, à la police judiciaire de Nice et aux douanes de poursuivre les investigat­ions.

Entre-temps, un renseignem­ent de l’agence fédérale américaine de lutte contre la drogue (la DEA) les conforte : les enquêteurs sont sur la piste d’un réseau criminel internatio­nal très sophistiqu­é où escrocs de haut vol et trafiquant­s de drogue sont associés. La brigade de recherche et d’investigat­ion de Nice (BRI) se concentre sur quatre Azuréens qu’elle surveille 24 heures sur 24 pendant des mois.

Cinq Azuréens arrêtés

Pendant ce temps, 600 kg de cocaïne sont saisis dans un port colombien puis 12 tonnes de tabac de contreband­e en Belgique. L’arrivée au Havre d’un cargo en provenance de Colombie donne le top départ, le 5 mai, d’un coup de filet en France, en Espagne et aux Emirats Arabes Unis avec, à la manoeuvre, trois juges d’instructio­n parisiens.

Dans les Alpes-Maritimes et à Marseille, quatre personnes sont interpellé­es par la brigade des stups niçoise. L’un de leurs complices, un Cannois qui s’était déjà illustré dans l’escroqueri­e à la taxe carbone, est arrêté à Dubaï.

Dix autres suspects sont appréhendé­s. Difficile de déterminer, pour l’instant, la quantité de cocaïne mélangée à la cargaison de sucre. Selon les premières estimation­s, c’est entre 300 et 800 kg que des chimistes de l’organisati­on criminelle devaient extraire de 900 sacs de sucre.

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(Photo d’illustrati­on L. M.) Une grande quantité de cocaïne mélangée à une cargaison de 900 sacs de sucre, a été saisie.

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