Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Chênes truffiers : conseils d’experts à la foire de Brignoles
Sur un petit stand, bien vert, ils donnent les principes de base de la plantation pour avoir toutes les chances de récolter la Tuber Melanosporum ou la Tuber Aestivum dans le jardin.
Pour la truffe noire et la truffe d’été, le sud-est est une terre de prédilection. Mais dans le Var, il est un secteur qu’elles n’apprécient pas. « Sauf exception, il faut éviter de planter dans les Maures car le sol est acide et granitique », explique Pierre Maccotta, installé à Villecroze. Le précieux champignon préfère les sols calcaires. Une terre à vigne lui convient parfaitement et ce n’est pas pour rien que des viticulteurs se lancent dans cette culture.
Pierre Maccotta est le relais varois de la société Agri-Truffe, basée à Saint-Maixant en Gironde. Durant la foire de Brignoles, elle propose ses plants d’arbres et arbustes mycorhizés, suivant un procédé mis au point par l’Inrae et dont elle a la licence.
Le brûlé, c’est bon signe !
Il est possible de ne planter qu’un seul arbre dans le jardin. Avec un bon entretien, il produira. Mais c’est encore mieux d’en prévoir 4 ou 5, pour composer un bosquet. Certes, il faut alors un plus grand jardin, explique Pierre Rouch, de la société Agri-Truffe, qui propose ses services de la plantation à la récolte.
En attendant de leur rendre visite sur place d’ici le dimanche 15 mai, voici la marche à suivre que suggèrent les deux spécialistes.
1 Bien choisir l’emplacement pour cultiver
C’est la première étape et elle est primordiale, surtout pour ceux qui veulent cultiver à grande échelle. L’idéal c’est de demander une analyse de sol, auprès d’un laboratoire spécialisé, même si c’est parfois un peu cher. Le PH doit être voisin de 8. À ceux qui souhaitent simplement tenter leur chance, et planter un ou deux arbres pour le fun, Pierre Rouch donne une astuce plus économique : verser de l’acide chlorhydrique dilué à 10 % - en prenant toutes les précautions d’emploi sur le sol. S’il y a effervescence c’est que la terre est favorable à la truffe. Elle aime les sols calcaires, aérés, drainants et avec une bonne activité biologique. C’est-à-dire habités de vers de terre et fréquentés par les insectes.
2 Comment réussir à choisir le plant
Il y a le choix sur le stand de la foire de Brignoles. Même si le charme, le noisetier et le tilleul font partie des variétés utilisées, il faut préférer dans le Sud les chênes verts et chênes pubescents, ou éventuellement les cistes. Ces derniers supportent mieux la sécheresse. Les plants sont déjà mycorhizés, cela facilite la production. La patience est de mise malgré tout.
Il faut aussi choisir entre la truffe noire ou Tuber Melanosporum et la truffe d’été ou Tuber Aestivum. « Avant on donnait la truffe d’été aux cochons, explique Pierre Maccotta, qui cultive 2,5 hectares de truffière. Elle revient au goût du jour. Les chefs la cuisinent de plus en plus. Elle a l’avantage de nécessiter moins d’irrigation. Elle pousse en hiver pour être récoltée au printemps et au début de l’été. À l’inverse, la truffe noire pousse en été et se récolte en hiver. »
Compter 18,50 euros pour des plants mycorhizés avec la Tuber Melanosporum et 15,60 euros pour ceux associés à la Tuber Aestivum.
3 Tout savoir sur la plantation en elle-même
Ouf ! La taille du trou n’est pas énorme. Elle est de l’ordre de 20 à 30 cm de profondeur et 50 à 80 cm de diamètre. La distance entre chaque plant est de 4 à 6 mètres. « Il faut faire comme pour un arbre fruitier », précise Pierre Rouch. Dès la plantation, de préférence en novembre-décembre, il faut prévoir l’arrosage, car si les chênes préfèrent la sécheresse à l’excès d’eau, tout est relatif. Il ne faut pas plus de trois ou quatre semaines de sécheresse en l’absence de canicule. Or le changement climatique prolonge de plus en plus ces périodes sans pluie. Les derniers mois l’ont montré. L’arrosage maintiendra une fraîcheur nécessaire au pied de l’arbre.
4 L’entretien et la formation du brûlé
Aération et luminosité. Il faut toujours avoir cela en tête. Les arbres et buissons sont taillés en forme de cône inversé, pour maintenir les deux. « Il ne faut pas les laisser grandir trop haut, à hauteur d’homme cela suffit. Le pied a besoin d’être ensoleillé » conseille Pierre Rouch. Les drageons doivent être supprimés. La formation du brûlé est le signe que sous terre tout se passe bien, qu’il y a symbiose entre
l’arbre et le champignon. Il est le résultat de l’action herbicide provoquée par la truffe. C’est pour cette raison qu’il ne faut rien planter dessous ou à proximité. Le brûlé est plus ou moins régulier, au pied et autour de l’arbre, mais il peut aussi être déporté. Sa progression est de 10 à 25 cm par an.
5 Les derniers conseils à l’heure de la récolte
Enfin, c’est l’heure tant attendue de cueillir le précieux champignon. Dans les grandes truffières, le chien se charge du cavage, certains utilisent encore un porc. Pour quelques arbres, l’amateur devra s’en remettre à la mouche, de couleur rouge, avec des taches sombres sur les ailes. Elle se pose là où se trouve la truffe et pond. Pierre Maccotta est venu avec sa chienne Lol, un berger de Crau noir et blanc, à l’odorant très fin. Son sport favori c’est le cavage. Les deux en font des démonstrations durant toute la foire. La suite se passe aux fourneaux, avec une bonne brouillade par exemple ! Classique mais délicieux.
Savoir +
Renseignements Agri-Truffe : 06 09 36 89 37. ou par mail, pierre.rouch@agritruffe.eu