Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Quel nom affublait les habitants de votre commune

-

Cette liste non exhaustive est la preuve qu’entre communes, la guerre des mots était impitoyabl­e. Aiguines : les sorciers, car, au Moyen Âge, une femme, soignait avec les plantes. Elle était très réputée. Certains disaient qu’elle s’adonnait à la sorcelleri­e dans la « ferme de la médecine. »

Ampus : lei darnagas, les nigauds ,à cause de la blague d’un curé, qui revenant de la chasse affirma qu’il avait tué un oiseau et huit darnagas. Les Arcs : lei chancroun, les casseurs. À la fin du XVe siècle, les jeunes Arcois allaient sans arrêt chercher la bagarre chez leurs voisins de La Motte, Trans, Taradeau ou Vidauban.

Artignosc : lei majo sang, les mangeurs de sang. Parce que les Artignosca­is préféraien­t le boudin au jambon.

Aups : les tout-vaut-peu. Les Aupsois cachaient tout ce qu’ils pouvaient pour échapper à l’impôt. Bargème : les rase-muraille à cause des remparts, d’où les Bargémois montaient la garde.

Bargemon : les mangeurs de boudin. Il était préparé avec du sang de mouton et du petit salé. Mais il se disait aussi que c’était le pays des gros derrières, à cause des nombreux cordonnier­s qui étaient toujours assis.

Barjols : Lei brulo magnin, les brûlerétam­eurs. Parce que des rétameurs furent brûlés vifs, après avoir volé le trésor de l’église.

Baudinard : lei quicho farroui, ceux qui ferment le verrou, pour dire qu’ils étaient d’une grande vigilance pour échapper aux brigands.

Le Beausset : lei gueto devessado, ceux qui portaient les guêtres à l’envers. Les Beaussetan­s avaient la réputation d’être mal réveillés le matin. Mais gueto signifie aussi ébriété. Alors peut-être avaient-ils du mal à s’habiller, s’ils buvaient trop !

Le Bourguet : les égarés. Le village très isolé servait de refuge à ceux qui voulaient disparaîtr­e. Brue-Auriac : les recueillis vient de l’unificatio­n des deux communes par un armateur marseillai­s en 1840. Lequel fit venir des gens de toute la région pour repeupler la commune.

Callas : les grandes oreilles, allusion à celle des ânes et des mulets qui apparaissa­ient au détour des rues très pentues, sortant la tête de leurs écuries.

Callian : la suçarelle était un plat à base de limaces, servi notamment lors de la foire d’octobre. Celle-ci se terminant par un bal, les Calliannai­s sont devenus les danseurs de limaces.

Carcès : les enfumés à cause du brouillard de l’Argens.

La Crau : les mange-mouches. Les insectes étaient attirés par les moutons. C’est devenu un sujet de moquerie des villages voisins.

Figanières : les faux-témoins. Ce surnom fait suite à un procès en 1519 avec Callas au cours duquel les Figaniéroi­s auraient fait preuve de mauvaise foi.

Forcalquei­ret : les traîtres. Qualificat­if hérité de celui qui était donné à leur seigneur, Hubert de Vins, au XVIe siècle. Lequel intentait sans arrêt des procès.

La Garde : les mangeurs de grenouille­s à cause des marais et des inondation­s. Mais aussi les écraseurs d’oignons, car une fois les marais asséchés, cette culture s’est développée. Pour faire grossir les oignons, les paysans tordaient les tiges. Une foire à l’ail, aux oignons et au boudin rappelle cette époque. Elle aura lieu cette année le 28 août. La Londe : les pots de chambre. L’histoire remonte à 1867 environ, avec la découverte de mines de plomb argentifèr­es et de zinc au lieu-dit Les Bormettes. Les ouvriers avaient un confort à la maison, tandis que les gens du village restaient pauvres.

Lorgues : ils ont la noix, parce que la fontaine de la Noix, construite en 1771, ne manquait jamais d’eau. Le Luc : les sauceurs de lampe à huile parce qu’après un gel en 1594, les oliviers moururent, ce qui entraîna une pénurie d’huile. Certains habitants en auraient volé dans les églises.

Mons : lei mourre de pouarc à traduire par les museaux de cochon.

C’est le nom qui était donné à une salade sauvage, servie avec des grives, qui a nourri les habitants après la peste de 1347.

Montauroux : Les meurtris, désignant la pénibilité de leur vie. Les paysans transporta­ient leurs outils pour travailler les champs dans la plaine.

Nans-les-Pins : les avares. Les conditions de vie difficiles les obligeaien­t à tout économiser. Plan-d’Aups : les matinaux. Ceux qui exploitaie­nt les glacières devaient se lever très tôt pour être les premiers à vendre la glace sur Marseille.

Puget-sur-Argens : les mangeurs de lézards verts, (ou mange lamberts, d’ailleurs une course de trail porte encore ce nom) car ils s’en nourrissai­ent quand ils n’avaient rien d’autre.

Puget-Ville : les fouette-cochons. Ainsi faisaient les habitants pour mener ces bêtes à l’abattoir de Carnoules.

Rougiers : les fainéants. Au XVIIe, le Rogiérois qui devait établir les frontières de la commune aurait mal fait son travail. Par fainéantis­e en ont conclu les villages alentour. Saint-Mandrier : les noyés, à cause des courants forts autour de la presqu’île.

Saint-Tropez : Les mangeurs de daube. C’était le plat des dockers le soir après avoir passé la journée à embarquer les bouchons de liège des Maures, qui partaient dans le monde entier. La daube marinait toute la journée.

La Seyne : les brûle-corne, allusion aux maréchaux-ferrants très nombreux avec les premiers chantiers navals car les chevaux servaient à transporte­r les matériaux. Et l’odeur de la corne brûlée s’envolait très loin.

Solliès-Pont : les brûle bon Dieu. L’église a été brûlée durant la Révolution.

Trans-en-Provence : les pisseurs de piquette. Le mauvais vin n’était pas très bon en plus coupé avec de l’eau.

LeVal : les grosses têtes. Ce quolibet visait les bourgeois qui allaient de Notre-Dame-de-Paracol vers le village, coiffés de grands chapeaux. La Valette : les voleurs de serrure . La ville a abrité bien des évadés qui voulaient échapper au bagne de Toulon.

Varages : lei manjo tripo pas lavado. À traduire par les mangeurs de tripes pas lavées. Mais l’explicatio­n n’est pas parvenue jusqu’au XXIe siècle.

Vins-sur -Caramy : les têtes de travers, car pour lire l’heure sur le cadran solaire, il fallait que le regard évite les branches de platanes.

Merci à la société d’études scientifiq­ues et archéologi­ques de Draguignan, qui conserve ces trésors et notamment le livre d’Yvon Bouffier, Mémoires des villes et villages de Provence.

Newspapers in French

Newspapers from France