Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Jean Daret : le peintre
À partir du 15 juin et jusqu’au 29 septembre, le musée Granet d’Aix-en-Provence consacre une rétrospective dédiée à Jean Daret. Surnommé « le peintre du roi », l’artiste a passé la moitié de sa vie en Provence, essaimant ses peintures religieuses – mais p
On ne sait pas pourquoi le peintre bruxellois est arrivé à Aix-en-Provence au milieu des années 1630 et « beaucoup de questions restent encore sans réponse. C’est ce qui rend le XVIIe siècle si intéressant, admet Jane MacAvock, commissaire scientifique de l’exposition.
Ce qui est sûr, c’est qu’on retrouve ses oeuvres un peu partout en Provence. Dans le Var, d’Aups à Varages et de Pignans à SaintJulien-le-Montagnier, le peintre a étendu sa palette dans les églises, mais aussi auprès de collectionneurs privés.
En mettant en lumière ses oeuvres, le musée Granet fait entrer celui qu’on surnommait « le peintre du roi » – il est remarqué par Louis XIV grâce à ses peintures au château de Vincennes et au fameux escalier en trompe-l’oeil de l’hôtel de Châteaurenard – dans le patrimoine local.
Un coup de coeur
« Quand le musée Granet m’a appelée pour préparer l’exposition, j’ai tout de suite accepté, confie Jane MacAvock. Il faut dire que le peintre n’a plus beaucoup de secret pour elle, même si « cette histoire entre Jean Daret et moi n’a pas de fin », avoue-t-elle au regard des nombreuses découvertes qu’elle fait encore aujourd’hui.
En 1995, « j’étais en licence à l’époque », Jane MacAvock a un coup de coeur pour les dessins de Jean Daret – dont une partie sera aussi exposée à Aix-en-Provence. Commence alors un tête-à-tête pendant près de vingt ans, où elle se passionne pour l’artiste flamand. Et en 2018 « tout d’un coup, on est plusieurs à parler de Daret, à regarder et à trouver son travail passionnant », raconte-t-elle, enthousiaste de faire sortir son chouchou du cercle très fermé des spécialistes.
Préparer une exposition, c’est forcément renoncer
Si la perspective d’une exposition est stimulante, la préparer est un exercice plus difficile qu’il n’y paraît et est vite devenu un petit casse-tête pour Jane MacAvock. «La petite exposition du départ s’est transformée en une véritable rétrospective », regroupant près de 80 oeuvres. Très connu à Aix-en-Provence, le peintre a répondu à de nombreuses commandes d’églises et de particuliers, notamment Pierre Maurel de Pontevès. Une sélection s’imposait. « Il faut respecter les exigences. Le budget d’abord : pas de tableaux dans les retables (construction verticale portant un décor peint ou sculpté placée sur l’autel, Ndlr) car ça coûte cher de les démonter ; pas de tableaux trop éloignés non plus, il y a des oeuvres importantes aux États-Unis et en Russie. Il y a aussi des exigences de format et de taille. »
Un crève-coeur pour la spécialiste, notamment pour L’Autoportrait. « C’est un regret, mais c’est vraiment hors de notre contrôle, puisque le tableau se trouve au musée de L’Ermitage, à Saint-Pétersbourg (Russie) . Je ne l’ai jamais vu », déplore-t-elle.
Cependant, l’inventaire sur le territoire a permis de faire découvrir aux mairies des trésors insoupçonnés nichés dans le choeur des églises, le plus souvent. « On ne savait pas qu’on avait deux oeuvres d’une telle importance. Elles étaient même dans le clocher avant de rejoindre, il y a des années déjà, le choeur de l’église, raconte Guy Partage, le maire de Varages. On nous a dit que ces deux tableaux faisaient partie d’une collection
de treize peintures commandées pour une chapelle d’Aix-en-Provence. »
Des oeuvres, plus ou moins bien conservées qui ont subi les affres du temps.
Une dizaine d’oeuvres en restauration
« Quand on soutient un projet, on le soutient en cherchant des financements pour aider les municipalités, a présenté Christophe Favrelle, de la Fondation du patrimoine. On organise des collectes pour les opérations de
restaurations. On en a cinq dans le Var : Saint-Martin-de-Pallières, Pontevès, Aups, Saint-Julien-le-Montagnier et Pignans. Cela représente une dizaine d’oeuvres ».
Une façon de montrer aussi que l’art « intéresse les particuliers » et l’occasion de « faire connaître le patrimoine local ».