Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Christophe Cortes : « Devenir maire, c’est un destin »

À la suite de la démission de Christian David, Christophe Cortes, ex-premier adjoint, est devenu maire de Carnoules. Un rôle pas forcément souhaité au départ, clairement assumé désormais.

- PROPOS RECUEILLIS PAR ROMAIN ALCARAZ ralcaraz@nicematin.fr

Qui aurait pu prédire un tel parcours ? Pas lui, assurément. Christophe Cortes, proviseur du collège La Navarre à La Crau, est devenu maire de Carnoules il y a quelques jours, à la suite de la démission de Christian David, élu en 2020, dont il était premier adjoint. Un parcours express pour l’homme de 42 ans, marié et père de deux enfants, qui n’avait pas mis un pied en politique avant les années Covid, et qui désormais endosse le costume de premier magistrat avec déterminat­ion et envie. Comment aborder cette fin de mandat, avec quelles ambitions pour l’avenir, dans quel état d’esprit ? Christophe Cortes nous répond.

Vous êtes né à Narbonne. Comment êtes-vous arrivé dans le Var ?

Par amour ! J’ai suivi mon épouse, et je suis arrivé il y a 20 ans. D’abord à Toulon, où j’ai été professeur d’histoiregé­ographie. Je me suis installé à Carnoules en 2013. En 2018, on m’a demandé de prendre la tête de l’établissem­ent La Navarre, à La Crau, ce que j’ai accepté.

Puis, en 2020, vous apparaisse­z sur la liste de Christian David, maire sortant de Carnoules.

Christian David m’a sollicité. J’étais investi dans le tissu associatif du village, viceprésid­ent du club de judo par exemple, mais aussi avec les archives municipale­s. J’écrivais une rubrique dans le bulletin de la ville, Carnoules dans le passé.

Pourquoi avoir accepté de vous lancer en politique ?

J’ai toujours été investi localement. À 18 ans, j’ai créé une Maison des jeunes et de la culture (MJC) dans mon village de l’Aude. Je n’avais pas de projet particulie­r, ça s’est fait comme ça. Mais c’est vrai que mon père et mon grand-père avant lui avaient été élus. Comme on me l’a dit, je suis tombé dans la marmite républicai­ne quand j’étais petit !

N’empêche, passer de personne impliquée dans le tissu associatif à premier adjoint, il y a un sacré grand pas...

Quand Christian David m’a invité à figurer sur sa liste, je pensais être conseiller municipal. Il m’a fait comprendre que je devais prendre mes responsabi­lités, et je me suis retrouvé premier adjoint. Je ne l’ai pas subi, j’y ai beaucoup réfléchi, c’est un engagement qui a des

répercussi­ons profession­nelles, familiales.

Puis Christian David démissionn­e.

En septembre 2023, il m’a annoncé sa décision de se mettre en retrait. Avant d’accepter de me porter candidat à sa succession, j’ai demandé un temps de réflexion. Je voulais le soutien de tous les élus. Je l’ai obtenu. J’ai également souhaité la validation des membres de l’associatio­n Carnoules au coeur, 200 personnes proches de l’équipe municipale. C’était un préalable. Je l’ai obtenu aussi.

Vous voilà maire de Carnoules, sans vraiment l’avoir souhaité.

Devenir maire, c’est un destin je crois. Parfois, il faut savoir se laisser guider. Des portes se sont ouvertes, j’y suis allé.

Christian David a démissionn­é en raison notamment d’un

constat : le maire perd peu à peu ses compétence­s. Ça vous a fait douter ?

Ça ne m’a pas refroidi. Christian David a peut-être fait le tour de la question, il voit des limites que je ne vois pas forcément. Je ne suis pas de première candeur, jesaisles difficulté­s, mais ça ne m’empêche pas d’avoir envie de me mettre au service des

Carnoulais.

Vous êtes élu par le conseil municipal à la suite d’un vote unanime auquel vous n’avez pas participé. Et en 2026 ?

Je serai tête de liste de notre équipe. Je n’assure pas juste l’intérim. Quand Christian David m’a demandé si j’étais prêt à prendre sa suite, ce n’était pas pour les deux prochaines années, mais bien à plus long

terme.

L’ombre de Christian David plane sur le mandat en cours. Il reste d’ailleurs conseiller municipal. Est-ce confortabl­e ?

Il n’y a qu’un seul maire à Carnoules, c’est moi. Avoir Christian en adjoint, c’est une chance, mais il n’y a pas de rapport de filiation entre nous. Je n’ai pas voulu être là, mais maintenant que j’y suis, j’assume et je vais mettre toutes mes compétence­s au service de la collectivi­té.

Qu’est-ce qui vous différenci­e de l’ancien maire ?

Christian David a posé les bases de Carnoules. Il a structuré la commune. Maintenant, notre ambition, c’est de nous occuper des devants de porte. Le quotidien des habitants. Je suis au contact des gens, sur le terrain. Mon engagement, c’est que les Carnoulais se sentent bien ici. Nous irions sur ces thématique­s qui renforcent la proximité.

Lesquelles ?

Déjà, nous devons finir le programme pour lequel nous avons été élus. L’espace santé n° 2, l’espace sport-nature. La végétalisa­tion de la commune, la voirie. Nous allons aussi lancer un marché pour augmenter le nombre de caméra de vidéoprote­ction aux écoles, à la gare. Nous avons quatre points majeurs : l’environnem­ent, la sécurité, le cadre de vie et le vivreensem­ble. Une autre volonté forte : la maîtrise de l’habitat, la défense de nos agriculteu­rs.

Je serai tête de liste en 2026”

Je n’ai pas voulu être là, mais j’y suis, j’assume”

Carnoules est aussi membre de la communauté de communes Coeur du Var. Christian David va d’ailleurs y conserver sa délégation, sur le numérique. Et vous, quelle est votre vision de la collectivi­té communauta­ire ?

J’étais déjà élu communauta­ire. En tant que maire, forcément, ma voix va porter différemme­nt désormais. J’en profiterai pour défendre la place de Carnoules.

Pour revenir à Carnoules, quels sont les dossiers qui vont vous occuper ces prochains mois ?

Outre le riche programme d’animations qui se prépare, nous nous penchons sur toutes les améliorati­ons de vie que nous pouvons apporter. Parc pour enfant, parcours santé. Il faut écouter la population, garder cet esprit de grand village. La volonté de transparen­ce s’exprime aussi par la consultati­on des habitants que nous souhaitons plus régulière, notamment avec la nomination de référents de quartiers. Ça donne du sens à la politique.

Un message pour les Carnoulais ?

C’est tous ensemble que nous pouvons faire gagner Carnoules.

 ?? (Photo Gilbert Rinaudo) ?? Christophe Cortes est chevalier des palmes académique­s, titre honorifiqu­e de l’Éducation nationale. Son étiquette politique ? « Mon parti, c’est Carnoules. »
(Photo Gilbert Rinaudo) Christophe Cortes est chevalier des palmes académique­s, titre honorifiqu­e de l’Éducation nationale. Son étiquette politique ? « Mon parti, c’est Carnoules. »

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