Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Rénovée, la tour de l’Horloge n’est plus menacée

En rénovation pendant huit mois, l’emblème de Draguignan a été inauguré hier. L’édifice est de nouveau accessible au public, et ne menace plus de s’écrouler en cas de séisme. Explicatio­ns.

- ANAÏS GRAND agrand@nicematin.fr

Richard Strambio peut désormais dormir sur ses deux oreilles. Le maire de Draguignan, qui garde toujours la clef de la tour de l’Horloge dans sa poche, n’aura pas besoin d’accourir en catastroph­e si la terre venait à trembler ou que le vent venait à trop souffler. L’édifice emblématiq­ue de la commune ne bougera pas d’un iota. Car la tour, vieille de 1661, a été rénovée. Au total, huit mois de travaux ont été nécessaire­s à sa consolidat­ion. L’inaugurati­on a eu lieu hier, au théâtre de verdure.

Pas les bons matériaux, ni la bonne hauteur

« Nous savions que la tour était en bonne santé statique, mais nous n’avions aucune donnée en cas de séisme », indique Jade Morelli, architecte du patrimoine et maître d’oeuvre. Les découverte­s ont été nombreuses : « Nous avons démarré le chantier en se disant que le fer forgé du campanile était très abîmé à ses pieds. En fait, il n’en était rien. » Ce qui n’était, en revanche, pas le cas des tirants (tiges métallique­s ceinturant l’ouvrage pour garantir sa stabilité). En enlevant les joints des pierres, les équipes s’aperçoiven­t que certaines clés en fer forgé partent avec un peu trop de facilité. «Au coeur, c’était du bois de constructi­on. Et pas de l’acier ! On a donc tout changé par de l’acier. » Les parties visibles, de l’extérieur, sont aujourd’hui décorative­s.

Autre surprise et pas des moindres, le dernier tirant qui n’était pas… à la bonne hauteur. Et pour cause, la base des voûtes ne correspond­ait pas à l’architectu­re actuelle du bâti. « Il y avait la naissance des anciennes voûtes en ogives, alors que la voûte actuelle est plutôt classique », décrit l’architecte. Celles-ci ont donc été retirées afin de réajuster la hauteur de l’ouvrage. « Désormais, on peut être serein pour au moins cent ans ! »

Autre lot de surprises

Trois entreprise­s sont intervenue­s pour remettre en éclat la mythique tour dracénoise. A-Corros pour la serrurerie et la ferronneri­e, Bourgeois pour la couverture et Les compagnons de Castellane côté maçonnerie. Guillaume Debret, compagnon, a arpenté les marches irrégulièr­es pendant cinq mois pour remplacer une trentaine de pierres détériorée­s. « Elles étaient toutes situées à l’extérieur, sur la façade. Quatre d’entre elles avaient des corniches. On aurait encore pu changer le double. Mais le budget ne

l’a pas permis », regrette le spécialist­e dans la taille. Les opérations ont coûté 414 170 euros. Une partie a été subvention­née par l’État, au titre de la Direction régionale des affaires culturelle (Drac) et la Région, au titre des Contrats régionaux d’équilibre territoria­l.

Reste que Guillaume Debret est parti du chantier des étoiles plein les yeux. « On a découvert trois ou quatre trous de balle, qui datent de la guerre, en haut de la sphère ! A priori, les balles étaient de calibre 12,7 mm. Les fissures autour ont été réparées mais elles, on les a laissées.

» Tout comme les initiales de tous les compagnons qui ont travaillé sur le chantier ont été inscrites et cachées dans l’édifice. Histoire que la tour continue de conserver les traces du passé.

 ?? (Photos Alain Brun-Jacob) ?? Les tirants et une trentaine de pierres de la tour de l’Horloge ont été rénovés entre juillet 2023 et février 2024. Le campanile est, lui, en très bon état.
(Photos Alain Brun-Jacob) Les tirants et une trentaine de pierres de la tour de l’Horloge ont été rénovés entre juillet 2023 et février 2024. Le campanile est, lui, en très bon état.

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