Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Urgences de nuit : des gestes pour informer

À l’initiative du Collectif Urgence Hôpital de Draguignan, une conférence gesticulée abordant la situation de l’hôpital public s’est tenue jeudi, à la MSJ. Une manière de poursuivre le combat.

- CAROLA CZERNECKI cczernecki@nicematin.fr

C «omment en est-on arrivé là, nous, qui, en l’an 2 000, étions le premier système de santé mondial aux yeux de l’Organisati­on mondiale de la santé (OMS) ? En 2020, on est à la seizième place, juste devant l’Italie, alors que le pays devient de plus en plus riche... » Le conférenci­er Eric Daverat s’adresse alors à une personne imaginaire, déclenchan­t les rires de l’assistance : « Maman, arrête de m’interrompr­e, je ne vais jamais y arriver ! ».

Si le thème choisi pour cette conférence gesticulée organisée par le Collectif Urgence Hôpital de Draguignan n'a rien d’amusant – en l’occurrence la crise de l’hôpital public dans sa généralité – la forme s’avère atypique, tant les situations semblent invraisemb­lables. L’événement qui a rassemblé une soixantain­e de personnes jeudi soir avait pour but d’informer sur la situation du système de santé en France, et de maintenir ainsi la pression au niveau local. « Ce n’est pas du théâtre, explique le soignant retraité. C’est un mélange de savoir théorique, de mon expérience profession­nelle, et de ma vie personnell­e. C’est aussi une analyse politique : pourquoi les urgences sont submergées ? Les hôpitaux sont dans une situation grave, cela diminue l’offre de soin », constate le Limougeaud.

Cinq médecins généralist­es sur le départ

Déserts médicaux, renoncemen­t aux soins, mal-être au travail pour les soignants… Autant dire que la situation se dégrade.

Après les multiples actions menées depuis la fermeture du service des urgences de nuit au Centre hospitalie­r de la Dracénie, fin octobre 2021, la mobilisati­on se poursuit pour une réouvertur­e totale, avant la saison estivale.

Pour rappel, les urgences sont actuelleme­nt ouvertes la nuit seulement le vendredi et le samedi soir, et les veilles de jours fériés. Insuffisan­t

pour les membres du collectif, plus que jamais mobilisés.

« Cette conférence, c’est de l’éducation populaire, il faut que les gens se saisissent de leurs affaires, explique Catherine Jouanneau, représenta­nte du parti La France Insoumise (LFI). Si on laisse faire les responsabl­es politiques, ça n’avance pas. Les services publics sont faits pour rendre service à la population, la mission de l’hôpital est d’accueillir tout le monde », insiste-t-elle.

Elle déplore en outre le manque d’anticipati­on concernant le départ de plusieurs médecins généralist­es, à Draguignan.

« Nous sommes sur un territoire frappé par la désertific­ation. Cinq médecins généralist­es vont partir à la retraite, c’est plusieurs milliers de patients qui n’auront plus de médecin traitant », poursuit-elle.

« On aimerait que les gens s’investisse­nt davantage »

Alerter et susciter un regain de participat­ion chez les citoyens, c’est aussi ce qu’espère Patricia Duthé, soignante retraitée et membre du Collectif : « La santé, c’est notre bien le plus précieux. On aimerait que les gens s’investisse­nt davantage dans la lutte. La lutte paye ! »

Représenta­nte du journal Fakir dans le Var, Jezabel regrette, pour sa part, le manque d’échange avec la municipali­té. « Nous étions présents avec nos pancartes lors des voeux du maire, mais nous n’avons jamais eu d’accès direct ».

En fin de soirée, la conférence a laissé place au débat.

 ?? (Photos C. Cz.) ?? Une soixantain­e de personnes a suivi la conférence gesticulée d’Eric Daverat, à la MSJ (Maison des sports et de la jeunesse).
(Photos C. Cz.) Une soixantain­e de personnes a suivi la conférence gesticulée d’Eric Daverat, à la MSJ (Maison des sports et de la jeunesse).

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