Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Festival « Entrelivres » : quand la littérature brave l’averse
L’ouverture de la 6e édition du festival culturel « Entrelivres » n’a pas attiré les foules comme espéré. Une grisaille éclaircie, hier après-midi, par l’arrivée du mangaka Hachin.
L’adjointe déléguée à la culture, Françoise Maurice, était d’humeur inspirée. Pour acter l’ouverture de la 6e édition du festival « Entrelivres », elle n’a pas hésité à reprendre une citation de l’immense figure littéraire qu’est Jean-Paul Sartre : « Un livre n’est rien qu’un petit tas de feuilles sèches, ou alors, une grande forme en mouvement : la lecture. » En l’occurrence, hier, ces
« feuilles sèches » sentaient fort l’humidité. Les organisateurs n’ont eu d’autre choix que de composer avec un temps maussade, s’activant au rythme du clapotis de la pluie sur les toiles de tente en plastique blanc, installées sur les allées d’Azemar.
« Il est typique des Provençaux de rester chez soi lorsqu’il pleut, ou qu’il vente », relève-t-on entre les bouquins empilés soigneusement par les libraires de « Lo Païs » et « Papiers collés ». Fait vérifié à mesure que la matinée avance. Mis à part « une vague » de visiteurs à 10 heures, les têtes se font rares.
Des oiseaux de papier
Chut ! Sous l’une des tentes, « les écritures se croisent » malgré tout. Au coeur de cartes en papier, grues du Japon et rossignols déploient leurs ailes façon « pop-up ». « Créer de telles figures en trois dimensions est plus difficile qu’il n’y paraît, souligne Frédérique Bringand, agente à la Médiathèque départementale du Var (MDV). Des ingénieurs s’y frottent parfois pour trouver de nouvelles techniques. » Sans froid aux yeux, de courageux enfants créent leur propre animal en cellulose, s’inspirant des créations de l’ouvrage La mathématique des oiseaux (éditions Hélium), de Valérian Henry.
Ici, le brouhaha de la pluie est couvert par les chants digitaux des volatiles
: « Documentaires scientifiques, histoire de l’art, linguistique et questions de société, égraine Christelle Sivazlian, responsable de l’action culturelle de
MDV, l’exposition interactive inédite intitulée “Observons les oiseaux” permet de facilement créer des “ponts” entre les disciplines. »
À deux pas, le papier poursuit son aventure. Quelques petits suivent avec attention, agrippés à leur chaise bleue, une drôle d’histoire où il est question de grenouille et d’oeufs. Les décors dessinés à la main défilent, s’inspirant du très japonais Kamishibai : « Sorte de théâtre ambulant, qu’utilisaient originairement des conteurs de rue pour raconter des histoires », informe le site éducatif Kamilala.
Inoxydable manga
Énième preuve que le Pays du soleil levant a bel et bien sa place lors des événements culturels, la venue du mangaka Hachin a fait salle pleine en début d’après-midi. Grande feuille et crayon en main, chacun s’est essayé à s’approcher ne serait-ce qu’un peu du talent
de l’auteur de Skilled Fast (éditions Nouvel Hydre).
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« Une famille est à table, un des deux enfants ne veut pas manger ses légumes. »
Voici l’histoire de base, notée sur un tableau. Sourire inépuisable, l’artiste s’est amusé à cocréer la suite du manga avec son public : scénario, story-board (2),
crayonné, encrage, remplissage et touches finales. « Qui souhaite faire dire à sa mère : mange et tais-toi ? », proposet-il, notant au passage d’autres potentielles scénarios. Car, à Entrelivres, il n’y a de limite que l’imagination. 1. Se rapprocher de la médiathèque de son secteur pour s’informer sur l’exposition « Observons les oiseaux, ou comment devenir un ornithologue en herbe ».
2. Suite de dessins correspondant chacun à un plan et permettant (lors de la préparation d’un film) de visualiser le découpage d’une scène.