Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Raphaël MONDE NOUVEAU

Un troisième enfant et un dixième album, arrivés récemment, une tournée des festivals avec une date aux Nuits du Sud de Vence le 5 juillet : tout roule pour lui.

- JIMMY BOURSICOT jboursicot@nicematin.fr

Trois ans après « Haute fidélité », Raphaël Haroche revient avec les dix morceaux de son dixième album, « Une autre vie » (Play Two). Entouré d’une nouvelle équipe de producteur­s (Pierrick Devin, qui a collaboré avec Clara Luciani, Nekfeu ou Phoenix ainsi que Sage, autre homme de l’ombre de deux Clara, Luciani et Ysé, ainsi que Louis-Gabriel Gonzalez, guitariste de Lomepal), l’artiste de 48 ans, récemment devenu papa pour la troisième fois, a souhaité rafraîchir son paysage sonore. Parfois très pop, parfois plus aventureux, à l’image de Christophe, dandy disparu en 2020 dont il était proche, celui qui est aussi écrivain, avec un Goncourt de la nouvelle décroché en 2017 pour « Retourner à la mer », va là où l’envie le mène, jamais trop lesté par le grand succès de son album « Caravane », vendu à 1,8 million d’exemplaire­s, il y a près de vingt ans.

L’une de vos nouvelles chansons s’intitule ‘‘Nostalgia’’. Quel est votre rapport au temps qui passe ?

Oh, c’est un sujet de philo, ça ! Je dirais que j’ai été heureux à beaucoup d’époques de ma vie, presque toutes. Mais je n’aimerais pas du tout revivre à une période précise. Retourner en enfance, par exemple, ça ne m’intéresser­ait pas. J’ai des souvenirs magnifique­s, qui m’inspirent souvent. Mais j’aime aussi beaucoup l’âge que j’ai. J’ai des enfants, c’est marrant d’être avec eux, et je peux faire mon métier. Donc, ça va.

Cette ‘‘autre vie’’ qui donne son nom à l’album, elle prend quelle forme pour vous ?

Il y a la vie réelle, sur laquelle j’ai assez peu de contrôle, et quelque chose en parallèle dont j’ai vraiment besoin. Pouvoir me réfugier dans les livres, dans la musique, c’est essentiel. C’est merveilleu­x de pouvoir entrer dans le monde de tous ces artistes, pouvoir accéder à leurs pensées, à leurs émotions.

La chanson ‘‘Une autre vie’’, elle, évoque ce que vous ressentez quand vous voyez votre épouse, l’actrice Mélanie Thierry, à l’écran...

Moi, j’ai une vie dans la musique ou la littératur­e. Mais pour les comédiens, c’est encore plus multiple, plus vertigineu­x. En tant que spectateur­s, on est souvent troublés par ces personnage­s. On m’a demandé si je ressentais de la jalousie, ce n’est pas ça.

L’idée de cette chanson m’est sans doute venue quand j’ai composé la bande originale de ‘‘Soudains seuls’’, dans lequel Mélanie jouait [drame de Thomas Bidegain sorti en 2023, avec Gilles Lellouche, ndlr]. Ce n’était pas comme si j’entrais dans une salle pour regarder un

nd film, j’ai vu chaque scène un nombre incalculab­le de fois en travaillan­t.

Sur le précédent disque, vous aviez invité Pomme, Clara Luciani et Arthur Teboul. Cette fois, sur ‘‘L’Oiseau invisible’’, on entend Aliocha, votre fils de 9 ans. Heureuse collaborat­ion ?

C’était un petit moment délicieux. On était à la maison, je lui ai demandé de chanter, ça n’a duré que cinq minutes. C’était très facile à mettre en place, il était content et il a été très pro.

Cette chanson parle du bonheur, assez insaisissa­ble...

J’ai tendance à penser que le bonheur est du temps volé au malheur. Il y a tellement de gens qui souffrent, qui sont malades ou dans la merde... Mon principe, c’est un peu que tant que ça ne va pas très mal, je trouve que ça va très bien. Le plus important, c’est d’avoir de l’humour et d’essayer d’être léger.

Il y a deux ans avec ‘‘Bande magnétique’’, vous avez basculé dans une autre forme de spectacle, plus théâtrale. Comment abordez-vous les lives plus classiques qui arrivent cet été ?

Ce sont deux énergies différente­s, qui se complètent. Répéter deux-trois semaines puis partir dans les festivals en tour bus, c’est un rythme que j’adore. Avec le guitariste Julien Omé, on aime aller courir le matin, sur la plage ou dans la forêt. Et le soir, on essaye de tout donner, en se rappelant que certaines personnes ont parcouru 300 km ou fait des efforts pour se payer un billet. L’année prochaine, je reviendrai avec un autre spectacle, une création hybride. L’offre est telle que je me dis que la formule du groupe de rock a quand même pris un coup dans l’aile. Les gens ont peut-être envie de choses plus étonnantes.

Raphaël en concert le 5 juillet aux Nuits du Sud, à Vence (avec Fatoumata Diawara).

De 22 à 32 euros. Rens. nuitsdusud.com

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