Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Disparitio­n de Sylvain Ravat : « Trop de mises en scène »

Sylvain Ravat n’a plus donné signe de vie depuis le 18 décembre 2023. Maxime, le fils de sa compagne, qui a organisé des fouilles autour du lac, témoigne.

- PEGGY POLETTO

Mais où est donc Sylvain Ravat ? Depuis près de cinq mois – le 18 décembre 2023 –, l’homme de 47 ans, père de trois enfants, s’est volatilisé (nos éditions précédente­s). Si une enquête pour disparitio­n inquiétant­e est toujours en cours, l’homme est introuvabl­e.

Maxime Pedretti, le fils de Sabrina, la compagne depuis plus de dix ans du disparu, ne ménage pas ses efforts pour obtenir des réponses. Il a rapidement mis en place des battues autour du lac pour trouver des pistes, y compris le 24 décembre 2023.

Sa déterminat­ion, il la justifie aisément. « Le compagnon de ma mère a subitement disparu. Elle ne sait rien. Elle le vit très mal. Je veux tout faire pour retrouver Sylvain que je connais depuis tout petit », commente le jeune homme, père de famille qui vit et travaille à Fréjus. Le lundi 18 décembre, « j’appelle ma mère et elle me dit : “Sylvain a disparu !” Je la rejoins à La Motte et on fait un tour près de la rivière et du lac où il aimait aller avec son chien ». Il était près de 22 heures quand ils cessent leurs recherches. Rapidement, le véhicule de Sylvain, une Audi grise, laissé sur les lieux de la disparitio­n est remis à sa compagne. «Il n’a pas été fouillé ! Le portefeuil­le de

Sylvain était au milieu du siège arrière ». Malgré tout, les gendarmes se sont rendus sur place avec une équipe cynophile. « Le chien a reniflé de la voiture jusqu’à la rive du lac. C’est là que seront découverts des effets personnels, dont l’emballage du paddle ».

Que s’est-il passé les moments précédant la disparitio­n? « Le 17 décembre, Sylvain est allé faire des courses de Noël avec ma mère,

poursuit Maxime. Il est parti du travail aux Arcs à 13 heures. Il a pris sa voiture et il est venu au Decathlon de Fréjus où il a acheté le paddle en espèces. On a retrouvé le ticket d’achat dans son portefeuil­le ».

Sylvain Ravat se rend ensuite à Trans-en-Provence. « Il a fait un dépôt d’espèces de 120 euros sur son compte. La dernière trace que l’on a de lui, c’est quand il est monté à l’Intermarch­é d’Aups pour acheter le balai quiluia servi de pagaie et une bouteille de whisky ».

Ces achats sont effectués entre 15 h 30 et 17 heures, selon Maxime Pedretti. Il assure, contrairem­ent à ce qui a pu être affirmé, que les caméras de vidéosurve­illance du Decathlon de Fréjus et de l’Intermarch­é d’Aups ont bien été visionnées par les gendarmes. « On voit Sylvain dans l’Intermarch­é. Il n’est pas resté

deux minutes dans le magasin».

Le paddle retrouvé par des amis

Face au lac, peu sont convaincus que Sylvain Ravat soit parvenus à faire la traversée (environ 2 km) sur un paddle avec un balai pour rejoindre l’autre rive, dans les Alpes-de-HauteProve­nce. Sabrina est pourtant persuadée que c’était l’objectif de son compagnon : faire la traversée. « Nous en parlions toutes les années d’aller sur la petite plage face au camping ». Les enquêteurs ne s’y rendent pas à ce moment-là. Maxime, lui, indique qu’il y

avait un fort vent ce jour-là. « J’ai passé un appel à des amis qui ont un petit bateau de pêche. Ils ont tiré un trait droit pour aller sur l’autre rive et une fois débarqués, ils ont retrouvé le paddle. Il ne s’est pas envolé seul et coincé dans les branches. C’est intentionn­el. Il était dans le sens du départ, posé droit, avec une branche dessus» , affirme-t-il.

Quant au balai qui aurait servi de pagaie, il va être repéré lors de la battue citoyenne du 24 décembre. « Il était à droite du paddle, à 1,5 km, posé sur une restanque à deux/trois mètres de l’eau, précise le jeune homme. Il a bien servi de rame, car il était un peu tordu. On a appelé les gendarmes du 04 [le départemen­t], ils nous ont dit de prendre une photo et de le récupérer. Voilà ».

«Ilyatropde mises en scène »

Maxime Pedretti relève des incohérenc­es. «Il y a trop de mises en scène. Une personne qui veut se suicider ne cache pas son portefeuil­le sur la banquette arrière, à l’emplacemen­t de l’accoudoir central. Dans le portefeuil­le, il n’y a ni carte bleue, ni permis de conduire » .Etle beau-fils conteste un éventuel état dépressif ou suicidaire : « Sylvain est spécial quand on ne le connaît pas, c’est tout. C’est surtout un bonpère».

Avait-il des difficulté­s avec l’alcool ? « C’est un bon vivant. Si on fait un apéro, il va consommer certes un peu plus que les autres, mais pas de là à consommer tous les jours ».

Si quelqu’un l’attendait de l’autre côté du lac ? Le jeune Varois n’écarte pas cette thèse. « On peut imaginer qu’il a laissé des indices derrière lui pour brouiller les pistes. Quelqu’un l’a peutêtre récupéré du côté des Alpes-de-Haute-Provence. Vu le peu de diffusion de sa disparitio­n, je doute qu’il soit reconnu. S’il avait voulu se donner la mort, ce serait une mise en scène digne d’un Oscar. Quand on veut se noyer, on ne part pas avec ses papiers d’identité ou son téléphone qui n’a pas été retrouvé... »

Ce serait une mise en scène digne d’un Oscar. ”

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(Photo DR) La disparitio­n de Sylvain Ravat suscite beaucoup nd d’interrogat­ions.

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