Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)
Le pays bascule dans la violence
La réélection d’Ali Bongo, contestée par son rival Jean Ping, a déjà provoqué trois morts dans de violents affrontements. Plus de mille arrestations opérées
Pris à partie par la communauté internationale et l’opposition, le président gabonais Ali Bongo affichait, hier, sa fermeté, rejetant la responsabilité des violences qui ont fait trois morts après l’annonce de sa réélection sur des « groupuscules formés à la destruction », le gouvernement annonçant un millier d’interpellations. « La démocratie s’accorde mal des succès autoproclamés, des groupuscules formés à la destruction. La démocratie s’accommode mal de la prise d’assaut d’un parlement et de la télévision nationale », a déclaré Ali Bongo Ondimba lors d’une brève allocution au palais présidentiel. « Les élections ont rendu leur verdict [...] Qui a perdu ? Un groupuscule dont le seul projet était de prendre le pouvoir pour se servir du Gabon et non servir le Gabon », a encore accusé le fils et successeur d’Omar Bongo, en visant Jean Ping, son principal rival à la présidentielle, qui était parvenu à rallier d’autres candidats importants de l’opposition. L’annonce de sa réélection mercredi en fin de journée par la commission électorale a déclenché une nuit d’émeutes meurtrières et de pillages à Libreville et dans d’autres villes du pays. Le centre de la capitale était quadrillé, hier, par les forces de l’ordre, notamment aux abords de l’Assemblée nationale, incendiée mercredi, et du QG de M. Ping, pris d’assaut dans la nuit par les forces de l’ordre à la recherche de « criminels ». Les grands axes étaient dévastés, bordés de bâtiments incendiés et jonchés de restes de barricades. Près de l’Assemblée, la police a tiré en fin de matinée des lacrymogènes pour empêcher tout attroupement. Des pillages étaient toujours en cours à la mi-journée dans des quartiers populaires de la capitale, selon la police. Mais les centres névralgiques du pouvoir étaient sécurisés par un imposant dispositif. Les communications internet ne fonctionnaient pas depuis mercredi soir. « Sur Libreville, il y a entre 600 et 800 interpellations, et 200 à 300 sur le reste du pays », a annoncé le ministre de l’Intérieur, Pacôme Moubelet-Boubeya. Il a également déploré « la mort de trois personnes ». Par la voix de son président François Hollande, la France, ancienne puissance coloniale, a appelé « toutes les parties à la retenue et à l’apaisement, ce qui suppose un processus garantissant la transparence sur les résultats du scrutin ».