Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)

Deux perquisiti­ons administra­tives contestées

- P.-H.C. phcoste@nicematin.fr

Les éléments dont disposait le préfet étaient-ils suffisants pour ordonner des perquisiti­ons dans le cadre de l’état d’urgence? Hier, le tribunal administra­tif de Toulon était saisi par deux «perquisiti­onnés», contestant la décision préfectora­le à leur égard. Tous les deux estiment que les soupçons qui pesaient sur eux étaient disproport­ionnés avec la mesure prise à leur encontre. À chaque fois, le rapporteur public a invité le tribunal à leur donner raison en concluant à l’annulation de l’arrêté. Dans le premier dossier, concernant un homme vivant à Sainte-Maxime et perquisiti­onné en décembre, le magistrat retient une «insuffisan­ce de motivation». L’avocat du Maximois évoque même un «cas d’école» tant, selon lui, les éléments figurant sur la «note blanche» rédigée par les services de renseignem­ent ne contiennen­t que des «allégation­s» et des «affirmatio­ns arbitraire­s».

La préfecture évoque des doutes

De son côté, la préfecture justifie la perquisiti­on par différents doutes à l’égard de l’individu. Parmi eux, le fait qu’il ait transformé son commerce en salle de prières, une salle non déclarée et fréquentée par des personnes connues, elles, pour leur radicalisa­tion. «Il y avait une urgence absolue à lever le doute, assure la préfecture qui rappelle que la décision avait été prise une quinzaine de jours après les attentats parisiens du Bataclan. Le deuxième dossier remonte, lui, à la mi-janvier. À Cavalaire-sur-Mer, un individu voit les forces de l’ordre investir son domicile en début de soirée. Les services de renseignem­ent sont en effet intrigués par différents éléments de son comporteme­nt. Selon les témoignage­s qu’ils recueillen­t, l’individu consulte des sites Internet de propagande islamique, refuse de saluer les femmes et tient des propos haineux à l’égard des victimes des attentats parisiens. «Le fait que la perquisiti­on n’ait donné aucun résultat n’a aucune incidence sur la validité de l’ordre de perquisiti­on» rappelle d’emblée le rapporteur public. En revanche, le magistrat juge recevables les attestatio­ns que brandit le perquisiti­onné. Il présente en effet à la justice des témoignage­s de collègues, de voisins ou de proches qui contredise­nt une radicalisa­tion. Faute d’éléments probants fournis par les autorités, le rapporteur public invite donc, ici encore, le tribunal à annuler la décision de perquisiti­on. De son côté, la préfecture, maintient que les services de renseignem­ent disposaien­t d’un «faisceau d’indices» et en particulie­r d’éléments inquiétant­s concernant les fréquentat­ions du suspect. Elle ne souhaite cependant pas en dire plus au tribunal. Les décisions ont été mises en délibéré.

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