Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)
J.-M. Bockel: «La France a besoin de l’alternance»
Symbole de «l’ouverture» politique voulue par Nicolas Sarkozy, l’ancien socialiste, aujourd’hui vice-président de l’UDI, en vacances dans le Var, porte un regard aiguisé sur l’actualité
Alors que la grande bagarre a commencéentrelescadorsdu partiLesRépublicains,leursalliéscentristesdel’UDI,parmilesquels Jean-Marie Bockel, restent en retrait. L’ancienmairedeMulhousedonnera une conférence ce soir, à 18 h 30 à SteMaxime, salle de la capitainerie.
Ce soir, vous parlerez de «la France face au terrorisme». Quelles sont vos propositions? Aujourd’hui, avec l’opération Sentinelle et la multiplication des opérations extérieures, on constate que l’armée, comme la gendarmerie, sont «au taquet». Avec la menace terroriste, mais aussi les risques de troubles graves – certains évoquent une guerre civile comme étant le but de nos ennemis –, les moyens militaires et sécuritaires ne suffisent plus. La réserve militaire peut être une réponse. Pour participer à Sentinelle certes, mais aussi pour des missions plus dynamiques. Avant même le rapport parlementaire que j’ai coécrit avec ma collègue socialiste Gisèle Jourda, la loi de programmation militaire prévoyait cette montée en puissance de la réserve. Peu importe qu’on l’appelle Garde nationale, ce qui compte c’est de lui donner pour mission la territorialisation. C’est-à-dire le redéploiement de soldats sur tout le territoire national.
Quid de ses effectifs? En terme d’effectifs, on peut s’en tenir à la loi de programmation militaire qui prévoit un passage des effectifs de la réserve de à . Cette augmentation est déjà budgétée. Après, si les circonstances l’exigent, rien n’interdit d’aller plus loin.
Que pensez-vous de la proposition de Montebourg de remettre au goût du jour le service militaire? La nostalgie est mauvaise conseillère. Au moment où Jacques Chirac a supprimé le service militaire, il était déjà moribond. Le service militaire comme machine à intégrer ne fonctionnait déjà plus. Outre le fait qu’on n’aurait pas les moyens de le recréer, ce n’est pas l’urgence. L’appel au volontariat me semble une réponse mieux adaptée. Beaucoup de jeunes veulent s’engager. Dans le même temps, le service civique ne demande qu’à monter en puissance. Il faut donc bâtir une capacité d’accueillir ce retour au volontariat. La Garde nationale s’inscrit dans cette démarche.
En plein débat sur le burkini, êtesvous de ceux qui pensent que stigmatiser la population musulmane pousse au terrorisme? Je pense que la fermeté n’est pas la stigmatisation. Notre pays, dans toutes ses composantes, y compris nos concitoyens musulmans, a besoin de clarté dans des règles communes. La polémique sur le burkini est, à certains égards, amplifiée, mais elle relève aussi, chez certains, de la provocation. Il ne faut être ni dans la stigmatisation ni dans la naïveté. Il faut rassembler le pays, ne pas le cliver. Mais on ne peut pas rassembler dans l’ambiguïté. Comme le dit le Premier ministre, les menées salafistes sont réelles. Un certain nombre de comportements, y compris vestimentaires, relèvent de cette problématique. Maintenant, reste à savoir si les arrêtés « antiburkini » sont la bonne réponse. Il n’y a pas de règle absolue.
Ne regrettez-vous pas que l’UDI soit absente de la primaire de la droite et du centre? On a considéré qu’on n’avait rien à gagner à une présence symbolique. À partir de là, chacun est libre. Mais on partage l’idée qu’il est préférable de ne pas se précipiter en soutien de tel ou tel candidat. Beaucoup d’entre nous ont décidé de rester unis et de faire le bon choix le moment venu. La droite aura besoin de nous pour gagner. Les discussions pour les législatives ont déjà commencé. On est tous d’accord pour dire que la France a besoin de l’alternance.
À qui va votre préférence? Je connais bien les points forts et les points faibles de Sarkozy. Je ne l’ai jamais diabolisé. Je l’ai d’ailleurs soutenu en . Je me suis bien entendu avec Fillon avec qui j’ai eu plaisir à travailler. J’ai beaucoup d’estime pour Juppé. Je fais partie de cette majorité de responsables centristes qui réservons notre choix. C’est un débat et je souhaite qu’il soit plus intéressant que polémique. Plus sur le fond que sur les petites phrases.