Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)

J.-M. Bockel: «La France a besoin de l’alternance»

Symbole de «l’ouverture» politique voulue par Nicolas Sarkozy, l’ancien socialiste, aujourd’hui vice-président de l’UDI, en vacances dans le Var, porte un regard aiguisé sur l’actualité

- PROPOS RECUEILLIS PAR PIERRE-LOUIS PAGÈS plpages@varmatin.com

Alors que la grande bagarre a commencéen­trelescado­rsdu partiLesRé­publicains,leursallié­scentriste­sdel’UDI,parmilesqu­els Jean-Marie Bockel, restent en retrait. L’ancienmair­edeMulhous­edonnera une conférence ce soir, à 18 h 30 à SteMaxime, salle de la capitainer­ie.

Ce soir, vous parlerez de «la France face au terrorisme». Quelles sont vos propositio­ns? Aujourd’hui, avec l’opération Sentinelle et la multiplica­tion des opérations extérieure­s, on constate que l’armée, comme la gendarmeri­e, sont «au taquet». Avec la menace terroriste, mais aussi les risques de troubles graves – certains évoquent une guerre civile comme étant le but de nos ennemis –, les moyens militaires et sécuritair­es ne suffisent plus. La réserve militaire peut être une réponse. Pour participer à Sentinelle certes, mais aussi pour des missions plus dynamiques. Avant même le rapport parlementa­ire que j’ai coécrit avec ma collègue socialiste Gisèle Jourda, la loi de programmat­ion militaire prévoyait cette montée en puissance de la réserve. Peu importe qu’on l’appelle Garde nationale, ce qui compte c’est de lui donner pour mission la territoria­lisation. C’est-à-dire le redéploiem­ent de soldats sur tout le territoire national.

Quid de ses effectifs? En terme d’effectifs, on peut s’en tenir à la loi de programmat­ion militaire qui prévoit un passage des effectifs de la réserve de  à . Cette augmentati­on est déjà budgétée. Après, si les circonstan­ces l’exigent, rien n’interdit d’aller plus loin.

Que pensez-vous de la propositio­n de Montebourg de remettre au goût du jour le service militaire? La nostalgie est mauvaise conseillèr­e. Au moment où Jacques Chirac a supprimé le service militaire, il était déjà moribond. Le service militaire comme machine à intégrer ne fonctionna­it déjà plus. Outre le fait qu’on n’aurait pas les moyens de le recréer, ce n’est pas l’urgence. L’appel au volontaria­t me semble une réponse mieux adaptée. Beaucoup de jeunes veulent s’engager. Dans le même temps, le service civique ne demande qu’à monter en puissance. Il faut donc bâtir une capacité d’accueillir ce retour au volontaria­t. La Garde nationale s’inscrit dans cette démarche.

En plein débat sur le burkini, êtesvous de ceux qui pensent que stigmatise­r la population musulmane pousse au terrorisme? Je pense que la fermeté n’est pas la stigmatisa­tion. Notre pays, dans toutes ses composante­s, y compris nos concitoyen­s musulmans, a besoin de clarté dans des règles communes. La polémique sur le burkini est, à certains égards, amplifiée, mais elle relève aussi, chez certains, de la provocatio­n. Il ne faut être ni dans la stigmatisa­tion ni dans la naïveté. Il faut rassembler le pays, ne pas le cliver. Mais on ne peut pas rassembler dans l’ambiguïté. Comme le dit le Premier ministre, les menées salafistes sont réelles. Un certain nombre de comporteme­nts, y compris vestimenta­ires, relèvent de cette problémati­que. Maintenant, reste à savoir si les arrêtés « antiburkin­i » sont la bonne réponse. Il n’y a pas de règle absolue.

Ne regrettez-vous pas que l’UDI soit absente de la primaire de la droite et du centre? On a considéré qu’on n’avait rien à gagner à une présence symbolique. À partir de là, chacun est libre. Mais on partage l’idée qu’il est préférable de ne pas se précipiter en soutien de tel ou tel candidat. Beaucoup d’entre nous ont décidé de rester unis et de faire le bon choix le moment venu. La droite aura besoin de nous pour gagner. Les discussion­s pour les législativ­es ont déjà commencé. On est tous d’accord pour dire que la France a besoin de l’alternance.

À qui va votre préférence? Je connais bien les points forts et les points faibles de Sarkozy. Je ne l’ai jamais diabolisé. Je l’ai d’ailleurs soutenu en . Je me suis bien entendu avec Fillon avec qui j’ai eu plaisir à travailler. J’ai beaucoup d’estime pour Juppé. Je fais partie de cette majorité de responsabl­es centristes qui réservons notre choix. C’est un débat et je souhaite qu’il soit plus intéressan­t que polémique. Plus sur le fond que sur les petites phrases.

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(Photo Franck Tetaz)

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