Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)
Trump flatte puis critique les Mexicains
Donald Trump tentait, hier, de consolider sa stature d’homme d’Etat, au lendemain de sa rencontre avec le président mexicain, mais la virulence de son discours contre les immigrés clandestins tranchait avec sa volonté d’élargir sa base électorale. S’agit-il d’une habile stratégie politique: d’un côté gagner ses galons de diplomate, tout en s’assurant la fidélité des conservateurs? Ou Donald Trump a-t-il flanché sous la pression de la droite de la droite et renoncé à modérer sa position sur l’immigration? Son discours de mercredi à Phoenix, en tout cas, restera comme celui de la dénonciation des 11 millions de clandestins, accusés de voler les emplois des Américains et d’être, pour certains, de dangereux criminels. Le candidat républicain à la Maison-Blanche ne s’est pas engagé à expulser manu militari la totalité des sans-papiers, reconnaissant peutêtre le défi logistique qu’une telle opération représenterait. « La priorité sera de renvoyer les criminels et les délinquants, ainsi que les visiteurs ayant dépassé leur durée de visa et ceux qui touchent des prestations sociales », a-t-il annoncé, promettant des moyens supplémentaires à la police et aux frontières. Mais il a exclu toute possibilité de régularisation, alors qu’il avait brièvement évoqué une telle option la semaine dernière. Concrètement, cela signifierait la prolongation du statu quo pour ces personnes, en majorité mexicaines, qui attendent depuis des années voire des décennies de sortir de l’ombre. Une majorité d’Américains est pourtant favorable à une réforme migratoire. Quelque 77 % des électeurs sont favorables à une forme de régularisation des clandestins, selon un sondage Fox News paru hier. En juillet 2015, ils étaient 64 %. Il y a quatre ans, c’était seulement une moitié.
Qui paiera le mur ?
Il a remercié le président mexicain, Enrique Peña Nieto, de l’avoir reçu la veille à Mexico. « Nous pouvons travailler ensemble pour accomplir de grandes choses, pour nos deux pays », a-t-il dit, répétant que son but était de conserver « emplois et richesse dans notre hémisphère ». Le seul hic de ce voyage éclair a concerné la facture du mur que le candidat promet depuis l’an dernier de construire à la frontière, financé par le Mexique. Mais le président mexicain a affirmé qu’il avait bien averti Donald Trump, en privé, que son pays ne verserait pas un centime.