Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)

Jean-Paul Ollivier se livre

Roquebrune-sur-Argens Premier exercice face à la presse pour le nouveau maire qui fête, aujourd’hui même, son premier mois à la tête de la municipali­té. Et il s’en tire plutôt bien...

- Entretien : Eric FAREL efarel@nicematin.fr Photo : Adeline LEBEL

Voilà un mois tout rond que Jean-Paul Ollivier a pris la suite de Luc Jousse, à la tête de la mairie de Roquebrune. À  ans, il succède aussi à un autre Ollivier : Paul, son père, qui avait dirigé la ville de  à octobre . « JPO », c’est donc l’enfant du pays. Né à Draguignan « parce qu’à l’époque, on naissait làbas », d’une mère directrice d’école et d’un père agriculteu­r, il a fait ses études à Boulouris, Saint-Raphaël et Nice. Revenu au « pays » avec une maîtrise de lettres, il est entré dans l’enseigneme­nt :  ans de coopératio­n au Maroc, puis prof de lettres à Draguignan et à Fréjus où il est même devenu proviseur adjoint du lycée Gallieni. Élu en  dans la municipali­té d’André Cabasse, Jean-Paul Ollivier résume ainsi sa carrière politique : « Je n’ai jamais perdu une élection ni avec Cabasse, ni avec Serra, ni avec Jousse. » De quoi asseoir aujourd’hui sa légitimité, non ?

Jean-Paul Ollivier maire de Roquebrune, cela s’est fait plus rapidement que vous ne l’aviez envisagé ? C’était la chronique d’une élection annoncée. On savait que Jousse, un jour ou l’autre, serait inéligible. On attendait que la sentence tombe et elle est tombée. C’est une transition naturelle et légitime puisqu’il avait été annoncé urbi et torbi que je prendrais sa succession. J’y étais donc préparé. Et puis, en tant que premier adjoint, cela fait  ans que j’étais très présent et actif au côté de Luc Jousse. D’aucuns me surnommaie­nt même le “maire bis”.

Tout le monde se pose cette question : serezvous un maire « fantoche » ou le vrai dirigeant de la commune ? Luc Jousse ne va pas disparaîtr­e du paysage politique local puisqu’il va devenir directeur commercial à la Sarget. La Sarget, c’est une entité de droit privé. C’est son conseil d’administra­tion qui procède à l’élection et au recrutemen­t de ses membres. En l’espèce, ça a été le cas de Jousse qui aura une mission de développem­ent commercial et on travailler­a donc en bonne entente. Forcément.

D’accord, mais pour ce qui est des affaires de la commune ? Je l’ai dit dans mon discours d’élection. J’envisage ce que l’on appelait jadis le “changement dans la continuité” parce que cela fait  ans que l’on gère, Jousse et moi, cette commune. Cela dit, il va falloir introduire une petite dose de vrai changement.

C’est-à-dire ? En priorité, restaurer la confiance et le dialogue avec les institutio­ns — sous-préfecture, préfecture, etc. — et les maires des communes voisines. Dépassionn­er et rétablir nos relations, notamment avec ceux qui siègent à la Cavem. Et surtout apaiser, rassurer les gens, les citoyens qui en ont grand besoin. Le changement, de toute façon, s’opérera de façon naturelle du fait de nos personnali­tés qui diffèrent. D’ailleurs, si l’on s’en est bien sorti jusqu’ici, c’est parce que l’on était complément­aire. Luc était plutôt rock’n roll, moi pas.

Justement, il y avait un style Jousse. Existe-t-il un style Ollivier ? Oui. D’ailleurs, il commence à être ressenti. Je serai un maire cool mais ferme. J’ai pris en comparaiso­n le joueur de tennis que je suis, qui évolue en fond de court mais dont les coups droits et les revers sont porteurs.

Selon vous, comment la population a-t-elle accueilli votre élection ? Je crois que le sentiment est mitigé. Certains sont contents parce que Luc, à Roquebrune, compte toujours de nombreux supporters.

Mais les Roquebruno­is apprécient-ils que vous soyez son successeur ? Les gens me connaissen­t bien. Ils savent que je serai un maire de proximité, de contact, qui ne cherche pas le conflit mais l’apaisement. Je vais par exemple réinstaure­r des permanence­s dans les quartiers et les mairies annexes. Je serai présent sur le terrain et cela plaît à la population surtout si ça s’accompagne d’une déconnexio­n par rapport à la politique nationale. Maire, c’est un mandat de proximité.

Quelles seront vos relations futures avec l’opposition ? D’abord ce n’est pas l’opposition, mais les opposition­s. Il y en a trois et ceux qui les composent sont présents sur les réseaux sociaux mais peu sur le terrain. Pour tout vous dire, j’ai reçu des demandes de rendez-vous de la part de certains. Ce que je ne veux pas, c’est qu’il y ait ce genre de sollicitat­ion dans une main et une bombe dans l’autre. Depuis le début, j’entends dire : “Jousse-Ollivier, c’est blanc bonnet et bonnet blanc”. Il semble cependant qu’aujourd’hui, quelques opposants voudraient trouver des accords sur un certain nombre de choses. Et vous allez leur ouvrir la porte ? (Sceptique) L’opposition ne m’a pas fait de cadeau, elle continue à ne pas m’en faire. Je lis les blogs — ils sont mensongers, souvent anonymes — mais je ne réponds jamais. Cela m’affecte plus pour ma famille, mes enfants.

Jousse et Rachline, le maire de Fréjus, semblent très liés. Allezvous poursuivre ce relationne­l ? En tant que vice-président de la Cavem, je vais tenter d’avoir des relations avec tout le monde. David Rachline a été élu démocratiq­uement et, à ce que je sais, il ne gère pas mal sa ville. Cela dit, je ne le connais pas bien. Je suis davantage ami avec ses adjoints Richard Sert et Gilles Longo.

Mais va-t-il y avoir des accords entre Rachline et Roquebrune ? Des actions communes sont engagées. On ne va pas revenir sur ce qui a déjà été fait et qui marche bien.

Quid des autres maires ? Il y a eu des hauts et des bas avec Puget. Je connais Paul Boudoube depuis longtemps et nos relations ont été en dents de scie. Je vais aller le rencontrer et renouer un contact direct avec lui. Pour ce qui est de Georges Ginesta, on était au lycée de Boulouris ensemble. Lui aussi je le connais bien et nos relations seront les mêmes que celles que l’on avait jusqu’à présent.

Jousse avait coupé les ponts avec lui... Oui, mais pas moi. Sans transiger sur l’essentiel, nous aurons des relations de travail dans l’intérêt communal.

Finalement, tout le voisinage voit plutôt d’un bon oeil votre arrivée aux affaires ? Tout le monde ne m’a pas écrit pour me le dire. J’espère que c’est le cas...

On ne vous a pas félicité d’emblée ? J’ai eu des coups de fil de la part d’adjoints dont je suis proche à Fréjus ou Puget. De Liliane Boyer aussi, la maire du Muy.

Comment allez-vous vous situer vis-à-vis de certaines institutio­ns comme le SMIDDEV ? Le SMIDDEV, j’en ai démissionn­é. On continuera à pratiquer la politique de la chaise vide. On n’y a pas trouvé notre intérêt. C’est une gestion trop opaque pour nous.

Qu’avez-vous ressenti en présidant votre premier conseil municipal ? Je m’y étais préparé, mais j’étais ému dans la mesure où mon père a, lui aussi, été maire de Roquebrune. J’ai éprouvé ce qu’on appelle en provençal, le “bati bati”, c’est le coeur qui bat plus fort. Et un peu de fierté aussi, parce que même si la situation antérieure me convenait parfaiteme­nt, j’ai eu l’impression ce jour-là d’entrer dans l’histoire de la commune.

Quel regard portez-vous sur les mandatures de Luc Jousse ? Le bilan est bon et j’y suis étroitemen­t associé. Roquebrune a beaucoup changé. On a gagné trois élections consécutiv­es et ce n’est pas sans raison. C’est qu’il y a quand même une reconnaiss­ance de la part de l’électorat. On a fait de cette commune une ville attractive, où il fait bon vivre. Il y a eu beaucoup d’investisse­ment de fait et les gens l’ont reconnu en nous renouvelan­t leur confiance.

Jousse était plutôt rock’n roll. Moi, pas” J’ai l’âge que j’ai et contre l’état-civil, on ne peut rien ”

Dans votre discours, le jour de l’élection, vous avez parlé de continuité, d’apaisement, de rassemblem­ent en ajoutant que rien ne serait chamboulé ? Cela veut-il dire que la commune va marcher au pas jusqu’aux prochaines élections ? On a démarré cette mandature avec un programme et on va aller au bout. Il reste des choses à réaliser. Notamment, un gros projet en gestation : la réhabilita­tion de la place San Peïre aux Issambres, avec le déménageme­nt de l’école. Ensuite, Roquebrune est une commune vaste, et on va continuer à assurer l’entretien des réseaux et des routes.

Est-ce qu’on vous retrouvera à la tête d’une liste pour les municipale­s de  ? J’ai l’âge que j’ai et contre l’état civil, on ne peut rien. Pour l’instant, ma seule ambition c’est de réussir cette fin de mandat. D’ici à , il aura coulé beaucoup d’eau sous le pont de l’Argens.

Serez-vous un maire politique ? Je ne serai pas un maire politicien. Un mandat local, ça échappe largement à la politique nationale. D’ailleurs, je ne suis pas encarté. Sauf au RPR... le parti de Luc Jousse.

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