Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)

Les dessous d’un gros coup

Comment le président du Gym, Jean-Pierre Rivère, s’y est pris pour accrocher Super Mario...

- F. P. ET W. H.

Le président de Ligue 1 le plus médiatisé du moment, avec le mercato éclatant du Gym, est aussi un homme comme les autres. Et un homme pressé, surtout. Hier, après la conférence de presse de Belhanda et Balotelli, Jean-Pierre Rivère a fait un stop rapide par le McDo de Nice-Lingostièr­e.

Double-cheese et nuggets

«Coca maxi ou normal?», a demandé le serveur, après le double-cheese et les nuggets. «Maxi», a souri le président. JPR pouvait bien se le permettre, en pensant à son dernier coup (énormissim­e) sur le marché des transferts. «Merci pour tout ce que vous faites, monsieur le président»: ce cri (du coeur) vient de l’employé en cuisine, derrière le comptoir, dont la mine réjouie exprime le sentiment de milliers de supporters. « Merci à vous», répond Rivère. « Notez bien que tout ce qui arrive au club est un travail collectif», nous répétera plusieurs fois Jean-Pierre Rivère tout au long de l’interview. « Toutes les décisions de recrutemen­t se prennent en équipe, avec le coach, le DG, la cellule de scouting, moi-même… Ceci est l’une de nos forces». À peine assis à table, le téléphone de J.P. Rivère sonne, une nouvelle fois. L’appel entrant ? Hatem Ben Arfa. «Président, je vous appelle, je tenais à vous féliciter pour votre recrutemen­t », dit HBA. « Parmi les présidents de France, vous êtes celui qui a les plus grosses ‘‘cojones’’. Bravo». Et Rivère de rétorquer. «Hatem, si on a pu réaliser Balotelli, c’est aussi en partie grâce à toi et aux autres joueurs. Ce que vous avez réalisé avec le Gym a marqué les esprits ». Et cette question, qui nous bouscule, en boucle: président, Balotelli à Nice, comment cela est-il devenu possible, racontez-nous? Si Jean-Pierre Rivère ne lit pas tous les journaux, il entend ce qui se dit. Le début discret du mercato niçois et les commentair­es qui l’ont accompagné n’étaient guère engageants. «L’arrivée des nouveaux actionnair­es est un élément important, précise Jean-Pierre Rivère. Le problème, quand vous avez un nouvel actionnair­e, les prix, autour de vous, ne font qu’augmenter. Même pour des joueurs moyens ». Les négociatio­ns, avec Dante, le 1er gros poisson dans les filets, furent ainsi menées dans la plus grande discrétion. «Après, il nous fallait un attaquant».

L’appel de Bodmer

Jean-Pierre Rivère connaissai­t depuis quelque temps Mino Raiola, l’agent de Zlatan, Pogba et Balotelli, entre autres. « Il nous a proposé beaucoup de joueurs. On n’était pas emballé». Dans un coin de la tête du président niçois, le profil était bien ciblé, même si, a priori, peu réaliste. « Le super joueur ayant besoin de se relancer». Pas besoin de faire un dessin. Le mieux, c’est un sms envoyé par Rivère à Raiola: « Et Balotelli, c’est possible?». Parfois, il suffit d’y croire. «Les premiers jours, je n’ai même pas eu de réponse», glisse le président. Qui insiste, donc. Première réponse de l’agent. « Non, c’est impossible». Rivère rappelle. Et lui demande d’au moins en parler à son joueur. «Un soir, je reçois un appel de Mathieu Bodmer. Président, vous êtes sur la piste Balotelli?». Un signe que Balotelli, via des amis communs de Bodmer, s’était déjà renseigné sur le cas OGC Nice. Il n’en faut pas plus à JP Rivère pour reprendre son clavier. Finalement, Raiola accède. La première rencontre Balotelli-Rivère aura lieu au domicile du président niçois. Les dispositio­ns ont été prises pour la discrétion. Mais dans le petit hall de l’aviation d’affaire de l’aéroport de Nice, la star a déjà été reconnue et les premiers clichés des fans fusent. Bref, la rumeur Balotelli ne va pas tarder à prendre de l’épaisseur. Au domicile du président du Gym, Raiola présente son poulain, en commençant par exposer ses défauts. Mais la discussion entre le président niçois et Super Mario se passe bien. Très bien, même. «On a passé un très bon moment ensemble. Je suis quelqu’un qui marche à l’instinct», dit JP Rivère.

« Je veux venir »

Visiblemen­t,Balotellia­ussi.Lesdeux hommes parlent de football, de joie de jouer, du plaisir du collectif, du Gym, un club familial. Le feeling est excellent. « À la fin, je dis à Mario, je voudrais que tu viennes à Nice».Ilmerépond: « C’est très bien, car je veux venir à Nice». Le lendemain, Balotelli est présenté à Lucien Favre, le coach, une étape décisive. « Mon discours a été franc, je lui ai dit qu’il faudrait qu’il gagne sa place», a précisé hier le coach helvète. Balotelli acquiesce. La suite ? Forcément, un peu plus compliquée. «La réalité des chiffres», comme dit Jean-Pierre Rivère. « Les discussion­s avec Liverpool ont été les plus longues». Le dénouement ? Le 31 août, en fin d’après-midi. La veille, Jean-Michel Aulas (qui a démenti) aurait tenté de couper l’herbe sous le pied du Gym. Avec surenchère, mais sans succès. «Dans sa tête, Balotelli avait déjà fait son choix». Les chiffres, la durée du contrat, les clauses, les primes versées, sur ce point, JP Rivère ne livrera rien. En conférence de presse, il a indiqué que le chiffre de 4,5 millions d’euros de salaire annuel pour Super Mario au Gym ne correspond pas à la réalité. Mais que le joueur a signé à Nice sans indemnité de transfert. Pour un attaquant qui valait 27 millions il y a deux ans, le fait est remarquabl­e. Dans le foot, tout peut tomber ou rebondir si vite. En attendant, Balotelli est à Nice. Son maillot, rouge et noir, comme à Milan, est celui du Gym. L’image est faramineus­e. «On est heureux de donner du bonheur à nos supporters. C’est essentiel. Et l’on croit à l’efficacité de Mario. C’est pour cela qu’on l’a pris». « On sait que l’on est un effectif en constructi­on, précise le président. Cela prendra plusieurs mois pour arriver à plein régime. On a une grande confiance dans le coach. On est très heureux de donner ce bonheur à nos supporters. Il faut qu’ils prennent conscience que cela va prendre un peu de temps avant que tout se mette en place. Aujourd’hui, ce dont on a le plus besoin, c’est la ferveur populaire, afin de nous accompagne­r dans le développem­ent du club. Et nous savons qu’à Nice ce 12e homme est essentiel».

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 ?? (Photo Cyril Dodergny) ?? Super Mario en rouge et noir. Un songe devenu réalité, avec Jean-Pierre Rivère (président) et Lucien Favre (entraîneur).
(Photo Cyril Dodergny) Super Mario en rouge et noir. Un songe devenu réalité, avec Jean-Pierre Rivère (président) et Lucien Favre (entraîneur).

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