Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)

Jacqueline et Marcel Pagnol pour l’éternité

Décédée le 22 août dernier à 95 ans, la femme de Marcel Pagnol a été inhumée hier matin, sur les hauteurs de Marseille. Admirateur­s, artistes et politiques lui ont rendu un dernier hommage

- MA.D.

Adieu Manon ». Quel plus bel hommage que ces deux mots anonymes, posés d’une écriture tremblante sur le registre des condoléanc­es? Hier matin, dans le quartier si provençal de La Treille, à Marseille, la foule des admirateur­s de Jacqueline Pagnol s’était donné rendez-vous pour lui dire un dernier au revoir. C’est ici, dans ce « cul-de-sac » des hauteurs de la cité phocéenne, que la femme de l’écrivain Marcel Pagnol, décédée le 22 août à l’âge de 95 ans reposera désormais. Aux côtés de son cher et tendre, ainsi que de leur fille Estelle. Pour ses proches, Jacqueline Pagnol était cette femme belle, talentueus­e, intelligen­te, courageuse et aimante, qui n’a eu de cesse de défendre la mémoire de « son » Marcel. Pour les autres, elle restera l’inoubliabl­e « Manon des Sources», la liberté faite blonde sur les collines du Garlaban, qu’elle inspira à son époux et incarnera une première fois au cinéma, en 1952. Le maire de Marseille Jean-Claude Gaudin, venu entouré d’élus pour la cérémonie religieuse, rappela, lui, par l’une des phrases définitive­s dont il a le secret, que « Pagnol, c’est la Provence et la Provence, c’est la France.»

« Elle fait partie de la mythologie provençale»

À chacun sa Jacqueline, on le voit. Mais pour tous, elle était presque indissocia­ble de Marcel Pagnol, le dernier à l’avoir dirigé devant la caméra. Remarquabl­e interprète, Jacqueline Pagnol fut d’ailleurs récompensé­e d’un César d’honneur en 1981. À la mort de son mari en 1974, l’ex-muse se donna pour mission de promouvoir l’oeuvre de celui-ci en créant notamment un prix littéraire à son nom.

À l’intérieur de la petite église Saint-Dominique bondée, c’est d’abord la «Manon éternelle» que salua le père Olivier Salmeron, avant de céder la parole à Nicolas Pagnol. Très ému, le petit-fils n’est pas parvenu à lire seul le texte où il rendait hommage à sa « petite mamie », celle qui «fait aujourd’hui partie de la mythologie provençale ». Il regrettera aussi qu’« un vrai chapitre de l’histoire familial se tourne.» L’église, surchauffé­e en cette fin d’été, retenait son souffle. Les voisins de La Treille, ou ceux venus d’Aubagne, Allauch et du centre de la capitale régionale, écrasaient une larme. Au milieu des inconnus et de la famille, des artistes, l’auteur Daniel Picouly, mais aussi la petite fille de Raimu, Isabelle Nohain-Raimu. Peu après 11 h, le cortège s’ébranla derrière l’urne renfermant les cendres, direction le caveau familial dans le petit cimetière en contrebas du village. Le comédien et metteur en scène Nicolas Dromard, ainsi que Floryse Grimaud, créatrice du prix littéraire Marcel-Pagnol, s’inclinèren­t une dernière fois devant la passion qui vit «deux êtres défendre l’art». Et tout un chacun de se souvenir de ces mots du plus célèbre des auteurs Aubagnais: «La seule vraie mort c’est l’oubli. » Avec leur incroyable vie, le couple Pagnol semble s’en être mis à l’abri. Pour l’éternité.

1. Un premier hommage avait été rendu à Paris, le 26 août dernier, en l’église Saint Honoré d’Eylau

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(Photos Frank Muller) Les cendres de Jacqueline Pagnol ont été déposées dans le caveau familial, aux côtés de son mari Marcel Pagnol et de leur fille Estelle.
 ??  ?? Très ému, le petit-fils Nicolas Pagnol (à gauche), devant l’église Saint-Dominique de la Treille.
Très ému, le petit-fils Nicolas Pagnol (à gauche), devant l’église Saint-Dominique de la Treille.

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