Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)

Aimar, le jaune lui va si bien

Le Hyérois Lucien Aimar a été fêté comme il se doit dans sa ville natale, hier à l’âge de 75 ans, pour sa victoire sur le Tour de France 1966. Il revient pour nous sur ce sacre

- AURÉLIEN RUESTERHOL­Z

La défaite, personne n’aime ça. Pour son premier Tour, Lucien Aimar reçoit la confiance du directeur sportif, Raphaël Geminiani. «En 1965, il avait de grands espoirs en moi et m’avait propulsé leader de l’équipe Ford, en l’absence d’Anquetil. Malheureus­ement, je suis resté en croix au sommet de l’Aubisque avec 27 autres coureurs. Donc je suis parti la queue entre les jambes.» On prend les mêmes, et on recommence. Jacques Anquetil en plus. Le héros hyérois raconte. «L’année d’après, je suis revenu. Et chose extraordin­aire, Geminiani est toujours confiant en ma réussite. Je lui dois beaucoup. Ça s’est passé un jour de retour d’Italie, avec Jean Milesi, Jacques Anquetil, Jean Stablinski et Raphaël et moi. Il dit à Anquetil : “on met Lucien Aimar comme leader”. Anquetil ne l’a pas très bien pris. J’étais néo-pro, j’avais en face de moi un coureur exceptionn­el et on voulait qu’il devienne mon équipier. Ils ont fait un pacte. Jusqu’au pied des Pyrénées, il devait marquer le Tour de son empreinte.» Anquetil n’y arrivera pas. Daniel Pautrat, journalist­e sur le Tour, détaille le contexte. « En 1966, c’était le summum de la rivalité en Jacques Anquetil et Raymond Poulidor. Anquetil n’était pas bien, il souffrait d’un début de pneumonie et savait qu’il ne pouvait pas gagner ce Tour.» Nous sommes sur le Tour de France, un soir de juillet 1966. Le 7 précisémen­t.

Geminiani à Lucien : «Petit con!»

À l’issue de la 16e étape entre Le Bourg-d’Oisans et Briançon, Lucien Aimar pointe à la deuxième place au général. Le Hyérois est prêt à abdiquer. À garder cette place jusqu’au bout. Et ne pas lutter pour le maillot jaune... Pas du tout du goût de son mentor, son directeur sportif Raphaël Geminiani se souvient Lucien Aimar. « Le soir, je dis à Geminiani, que je vouvoyais : “Je suis content d’être deuxième. Si je peux rester deuxième jusqu’à Paris, je suis le plus heureux des hommes.” Il me dit : “Petit con ! En face de toi, tu as Anquetil, Jimenez, Stablinski, tu crois qu’ils courent pour la deuxième place ! ? Si tu veux courir pour cette place, tu changes de trottoir, en face il y a Poulidor qui sera content de te recevoir.” Ça m’a donné le courage de me battre et j’ai pris le maillot le lendemain. Le Tour se joue sur 23 jours, c’est long.» Le minot hyérois le garde jusqu’à Paris. Un exploit retentissa­nt. La légende Aimar est en marche.

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(Photo Collection Violet) Lucien Aimar sur le Tour de France  qu’il remporte, à l’âge de  ans.
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(Photos Laurent Martinat) Lucien Aimar.

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