Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)
Capitale de la plaisance
Au Yachting Festival de Cannes, il y a ceux qui, pendant six jours, sont en pleine lumière comme les chantiers, constructeurs, brokers, équipementiers et motoristes, et il y a ceux qu’on ne voit habituellement pas, qu’ils travaillent avant l’ouverture du salon ou qu’ils aient des dons de caméléon pour ne pas gêner la clientèle. Nous vous emmenons à la rencontre de trois de ces hommes, sans qui le salon ne serait pas tout à fait le même, trois passionnés de la mer qui ont jeté l’ancre de leur entreprise ici sur la Côté d’Azur entre Monaco et Saint-Tropez.
Profession: plongeur
Jean-Claude Abot est plongeur professionnel. La spécialité de son entreprise Pro Dive Marina (Mougins), ce sont les travaux sous marins: le carénage à flot, le démontage des hélices, le relevage d’ancre, l’expertise… Pendant le Yachting Festival, c’est Port Canto, l’espace dédié aux brokers et leurs yachts de plus de 22 mètres, Avec deux autres plongeurs et un marin, il coordonne la mise en place des bateaux lors de leur arrivée. Sa mission : sécuriser l’amarrage. Pas une mince affaire vu la taille des bateaux. « Au fond, à la fin du salon, avec toutes ces ancres, ça peut vite devenir un sac de nouilles », sourit-il. Mais on sait faire, ça fait dix ans que j’ai un contrat avec le Yachting et je travaille toute l’année avec le port de Cannes.» Plongeur professionnel depuis 1976, les fonds du bassin n’ont plus de secret pour lui. Il sait exactement quel type de bateau, avec quel tirant d’eau, peut se placer en toute sécurité. « C’est un métier de passion, On passe des heures dans l’eau le plus souvent froide, sans visibilité, à travailler au toucher. L’hiver, c’est pour les gros travaux, l’été pour le service au profit des plaisanciers. Le milieu du nautisme, c’est une famille.»
Transporteur de passagers
À l’autre bout du salon, au quai Saint-Pierre, Eric Arizzi ne le contredira pas. Lui aussi travaille de longue date avec le Yachting Festival : «Plus de seize ans, précise-til. C’est une vraie manne économique pour nous.» Trans Côte d’Azur, la compagnie maritime de navigation spécialiste des croisières, excursions, affrètements et navettes qu’il dirige à Cannes est chargée d’acheminer les visiteurs du salon d’un bout à l’autre du port. « Sept minutes de traversée, deux navettes non-stop tous les quarts d’heures, une centaine de passagers à chaque départ le week-end, une cinquantaine les autres jours. Nous fournissons aussi les deux pontons en aluminium homologués pour accoster en toute sécurité. Pour nous, c’est un rebond énorme. Avec la rentrée scolaire, le tourisme marque un coup d’arrêt et là où notre activité devrait s’essouffler, le Yachting nous permet de continuer à travailler. Les retombées sont tangibles et clairement quantifiables: les exposants et visiteurs font aussi des excursions avec nous autour du salon ou nous louent un bateau, septembre est même devenu un excellent mois pour nos affaires.»
Au nom de notre santé
Des retombées directes, Wilfried Point, le p.-d.g. d’Ecotank à Mouans-Sartoux en a également. Toute l’année sur les ports du littoral, le bouche à oreilles fait sa publicité. Mais le Yachting lui permet d’amplifier le message écologique associé à son activité. Pour le Breton installé sur la Côte méditerranéenne, c’est un moment crucial: « Nous sommes spécialisés dans la récupération des eaux souillées, usées, des polluants solides et liquides. Celles et ceux qui ont longtemps été rejetés en mer ou directement dans les ports et qui s’avèrent nocifs pour l’écosystème et notre santé. Nous travaillons avec le Yachting depuis deux ans et nous partageons cette même volonté d’améliorer la qualité des eaux dans les ports.»
De Monaco à Saint-Tropez à l’année, Ecotank, ses 31 salariés, onze bateaux, deux camions hydrocureurs et cinq véhicules d’intervention récupèrent 3,5 millions de litres d’eaux usées. « Ce n’est que 12 % des eaux rejetées. Il faut encore faire évoluer les mentalités, martèle le Breton. Ca avance bien, les ports ont une politique dynamique en la matière, Cannes et la CCI ont même été l’un des premiers acteurs, à Port Canto d’abord puis au Vieux Port à montrer un intérêt sensible au sujet, mais il faut aller plus loin.» Pour convaincre tous les acteurs, du méga yacht au plus petit, au Yachting, Wilfried Point allie le geste professionnel à la parole.