Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)

Justice : drame passionnel à Trans-en-Provence

La cour d’assises du Var entendra aujourd’hui, de la bouche de l’accusé, sa version des violences à l’aide d’un cutter, qui ont bien failli causer la mort de son épouse, qui voulait divorcer

- G. D.

Frédéric Ferraton, un cadre commercial de 58 ans, s’exprimera aujourd’hui devant la cour d’assises du Var, sur les faits de la nuit du 19 au 20 août 2014 à Trans-en-Provence, qui l’ont conduit dans le box. La juridictio­n criminelle a principale­ment entendu hier son épouse, Maryline, qui a survécu à onze coups de cutter, dont dix lui ont été portés à la gorge. Le fils du couple, dont l’interventi­on a sans doute permis de sauver sa mère, a également longuement déposé devant la cour. Ce jeune homme de 22 ans, a semblé nourrir une grande rancoeur envers son père.

Les plaideurs donnent de la voix

Les débats de la cour ont souffert d’une sonorisati­on très capricieus­e, avec des déposition­s par visioconfé­rence parfois à la limite de l’inaudible. Mais on a entendu tout à fait distinctem­ent la voix de basse de Me Eric DupondMore­tti, engagé, pour la défense de Frédéric Ferraton, dans un bras de fer oratoire avec une partie civile qui se veut pugnace. En l’occurrence, il s’agit de Mes Janine Bonaggiunt­a et Nathalie Tomasini, qui représente­nt les intérêts de l’épouse de l’accusé, après avoir plaidé pour la défense de Jacqueline Sauvage.

Un viol, puis des coups de lame

Maryline Dubar a raconté dans quelles conditions son mari qui, en attendant le divorce, avait l’interdicti­on de paraître au domicile conjugal depuis des violences exercées en mai 2014, s’était introduit dans leur maison par une porte-fenêtre. «Il m’a dit qu’il voulait revoir la maison et son chien, qu’il voulait récupérer de l’argent, et: “De toute façon tu es toujours ma femme et j’ai envie de faire l’amour”. Je

ne voulais plus. Il m’a forcée à m’allonger. Je me suis laissée faire.» Maryline a confirmé à la cour qu’elle avait subi un viol. Confirmé aussi que son mari s’était penché sur elle, armé d’un cutter, et qu’il lui en avait donné plusieurs coups à la gorge. «Mon fils est arrivé. Je lui ai dit d’appeler les pompiers. Mon mari s’est donné deux coups à la gorge, et il a lâché le cutter. «Il m’a dit: “Tu me pardonnera­s. Tu ne me laisseras pas tomber. Tu viendras me voir en prison.” Pour qu’il ne continue pas, j’ai dit oui. Et puis les pompiers sont arrivés.»

Le fils traumatisé

«C’était une boucherie» , a témoigné le fils du couple, qui avait enfoncé la porte en entendant les cris de sa mère. Il avait remarqué la dégradatio­n des relations entre ses parents, depuis qu’ils avaient quitté Cambrai en septembre 2008 pour s’installer à Trans-en-Provence. Il ne connaissai­t pas son père violent, si ce n’est envers des objets lors de coups de colère. Il a manifestem­ent été très traumatisé par la scène qu’il a vécue. «C’est mon père, mais là c’est trop de violence. Il a détruit notre famille. S’il ressort, il recommence­ra. » Frédéric Ferraton n’est pas poursuivi pour avoir prémédité une tentative de meurtre. Mais son fils semble persuadé du contraire. « Il m’a envoyé des lettres où il me disait que ma mère ne serait pas à mon mariage.» Et ce courrier, en cas de malheur, où il le chargeait de mélanger ses cendres à celles de sa mère. « Ça voulait dire qu’il voulait la tuer et se tuer après. » Reprise de l’audience ce matin.

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(Croquis d’audience Rémi Kerfridin) Frédéric Ferraton n’est pas un mari habituelle­ment violent, selon son défenseur Me Eric DupondMore­tti.

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