Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)

Les agresseurs d’un jeune scaphandri­er varois devant les assises de Nice

- CHRISTOPHE PERRIN

Clément Cosma, 28 ans, 1,90 m, est un co losse aux pieds d’argile. L’impression­nante cicatrice sur son cuir chevelu est l’un des stigmates visibles de son agression, le 21 décembre 2013, dans un snack du Vieux-Nice. Deux jeunes Tchétchène­s éméchés l’ont sauvagemen­t frappé, notamment d’un coup de couteau sur la tempe. Le cerveau a été touché. Clément ne peut plus exercer son métier de scaphandri­er qu’il aimait tant. Il a des difficulté­s d’élocution, ne peut plus lire, est contraint chaque jour à des exercices de rééducatio­n à l’hôpital. Depuis hier, le jeune homme subit une nouvelle épreuve en faisant face à ses deux agresseurs présumés. Dans le box des accusés, il y a Khamazat Souleymano­v, 22 ans, un amateur de sport de combat dont le polo gris met en valeur la carrure. Il est l’auteur présumé du coup de couteau qui a fait basculer le destin de Clément. En langue russe, l’accusé, jugé pour violences aggravées ayant provoqué une infirmité permanente, évoque du bout des lèvres un geste de défense: « Je me rappelle avoir reçu un coup de couteau à la cuisse mais je ne me souviens pas du visage de la personne. » [J’ai eu très peur, j’ai voulu me protéger », précise-t-il au fil des questions.]

L’envie d’en découdre

Plus effacé que son compatriot­e, la tête basse, Shamil Vakhabov, 21 ans, 1,5 g d’alcool par litre de sang le soir du drame, n’est guère plus loquace au sujet du déroulemen­t des faits : « Moi personne ne m’a agressé et je n’ai agressé personne », s’empresse-t-il d’affirmer. Son avocat, Me Eric Scalabrin, qui veut marquer sa différence avec Me Merouane Brahimi, défenseur de Souleymano­v, insiste : « O n est bien d’accord. On n’est pas dans le cadre d’une légitime défense? ». Cette thèse n’a jamais été évoquée lors de l’instructio­n. Elle est infirmée par l’ensemble des témoins entendus par la Brigade criminelle de la Sûreté départemen­tale. Elle est, en plus, mise à mal par un incident survenu une demi-heure plus tôt. Cette nuit-là, les deux jeunes sportifs avaient manifestem­ent envie d’en découdre, sous l’effet conjugué de la bière et du whisky. Martin, un kiné de 22 ans, explique à la barre qu’il a, lui aussi subi, des violences de la part de Souleymano­v : coup de tête, couteau pointé sur son front. Des provocatio­ns devant une discothèqu­e, quelques minutes avant l’agression de Clément. L’avocat général Clotilde Galy s’étonne, à l’adresse de Souleymano­v: « Vous achetez de l’alcool, vous cherchez à aller en discothèqu­e. Avec quel argent ? » « Je touchais 340 euros par mois comme demandeur d’asile », répond le jeune homme. Au fond de la salle, une partie du public gronde, aussitôt rappelée à l’ordre par Patrick Veron, le président des assises. Les débats doivent s’achever demain mercredi.

Newspapers in French

Newspapers from France