Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)
Les agresseurs d’un jeune scaphandrier varois devant les assises de Nice
Clément Cosma, 28 ans, 1,90 m, est un co losse aux pieds d’argile. L’impressionnante cicatrice sur son cuir chevelu est l’un des stigmates visibles de son agression, le 21 décembre 2013, dans un snack du Vieux-Nice. Deux jeunes Tchétchènes éméchés l’ont sauvagement frappé, notamment d’un coup de couteau sur la tempe. Le cerveau a été touché. Clément ne peut plus exercer son métier de scaphandrier qu’il aimait tant. Il a des difficultés d’élocution, ne peut plus lire, est contraint chaque jour à des exercices de rééducation à l’hôpital. Depuis hier, le jeune homme subit une nouvelle épreuve en faisant face à ses deux agresseurs présumés. Dans le box des accusés, il y a Khamazat Souleymanov, 22 ans, un amateur de sport de combat dont le polo gris met en valeur la carrure. Il est l’auteur présumé du coup de couteau qui a fait basculer le destin de Clément. En langue russe, l’accusé, jugé pour violences aggravées ayant provoqué une infirmité permanente, évoque du bout des lèvres un geste de défense: « Je me rappelle avoir reçu un coup de couteau à la cuisse mais je ne me souviens pas du visage de la personne. » [J’ai eu très peur, j’ai voulu me protéger », précise-t-il au fil des questions.]
L’envie d’en découdre
Plus effacé que son compatriote, la tête basse, Shamil Vakhabov, 21 ans, 1,5 g d’alcool par litre de sang le soir du drame, n’est guère plus loquace au sujet du déroulement des faits : « Moi personne ne m’a agressé et je n’ai agressé personne », s’empresse-t-il d’affirmer. Son avocat, Me Eric Scalabrin, qui veut marquer sa différence avec Me Merouane Brahimi, défenseur de Souleymanov, insiste : « O n est bien d’accord. On n’est pas dans le cadre d’une légitime défense? ». Cette thèse n’a jamais été évoquée lors de l’instruction. Elle est infirmée par l’ensemble des témoins entendus par la Brigade criminelle de la Sûreté départementale. Elle est, en plus, mise à mal par un incident survenu une demi-heure plus tôt. Cette nuit-là, les deux jeunes sportifs avaient manifestement envie d’en découdre, sous l’effet conjugué de la bière et du whisky. Martin, un kiné de 22 ans, explique à la barre qu’il a, lui aussi subi, des violences de la part de Souleymanov : coup de tête, couteau pointé sur son front. Des provocations devant une discothèque, quelques minutes avant l’agression de Clément. L’avocat général Clotilde Galy s’étonne, à l’adresse de Souleymanov: « Vous achetez de l’alcool, vous cherchez à aller en discothèque. Avec quel argent ? » « Je touchais 340 euros par mois comme demandeur d’asile », répond le jeune homme. Au fond de la salle, une partie du public gronde, aussitôt rappelée à l’ordre par Patrick Veron, le président des assises. Les débats doivent s’achever demain mercredi.