Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)

La situation à Vintimille en questions

- NICOLAS HASSON-FAURÉ nhasson@nicematin.fr

Pourquoi Vintimille est au centre de la question des migrants ?

Dernière ville italienne avant la frontière française, Vintimille est un point de passage presque obligé pour les migrants qui veulent passer en France. Une majorité d’entre eux ne veut pas rester là, l’Hexagone est une étape avant la Grande-Bretagne ou l’Allemagne.

Où vivent les migrants de la ville ?

Depuis le 9 juillet, une majorité de migrants vit dans un centre géré par la Croix-Rouge italienne, au parc Roja. Dans cette zone industriel­le située à quelques kilomètres du centre de Vintimille, les migrants reçoivent des soins, une aide juridique, un repas, un lit, de l’eau chaude...Avant, beaucoup vivaient dans l’église Sant’Antonio, à la sortie de Vintimille. Depuis l’ouverture du centre, seules les familles vivent là. D’autres vivent en dehors de ces deux endroits, en ville.

Quel est le contexte, sur place ?

Ces derniers mois, la situation s’est tendue à Vintimille. Point d’orgue de cette montée en pression : le weekend du 5 août dernier. Le vendredi, quelque 200 migrants franchisse­nt la frontière à Menton. Une majorité d’entre-eux est ensuite interpellé­e. Le lendemain, des policiers italiens se heurtent aux « No Borders», des militants alternatif­s, aux abords du parc Roja. Un policier, Diego Turra, décède d’un infarctus pendant l’interventi­on. Le dimanche, les « No Borders » organisent une manifestat­ion en ville, dans un contexte plutôt tendu - la grande braderie est organisée ce jour-là. Depuis, la situation s’est « beaucoup détendue», relève un observateu­r avisé de la ville.

Quelles évolutions du nombre de migrants ?

Difficile de donner une estimation du nombre de migrants à Vintimille. A la mi-août, quelque 600 migrants vivaient au centre du parc Roja, selon la Croix-Rouge. Pour une capacité d’accueil de 360 personnes. Ils seraient moins de 400, aujourd’hui, selon plusieurs sources. Mais du côté de l’église Sant’Antonio, Dino Durando, de Caritas, constate l’inverse : depuis jeudi dernier, il note une augmentati­on du nombre de personnes à l’église. Une centaine de personnes vivraient là, aujourd’hui. Selon lui, « le nombre de migrants n’a pas tellement changé. On n’est plus au millier de personnes d’il y a un mois ou deux mais ils sont toujours beaucoup». Un constat partagé par plusieurs autres sources dans les milieux associatif­s.

Quelles sont les politiques mises en place par l’Italie ?

Le 8 août, le chef de la police italienne, Franco Gabrielli, se déplace dans la ville frontalièr­e. « Le seul moyen de décongesti­onner la situation à Vintimille est d’emmener les migrants ailleurs », lâche-t-il. Les transferts de migrants en dehors de la ville, qui s’étaient arrêtés avec l’ouverture du centre, reprennent. Une cinquantai­ne d’entre-eux quitte Vintimille pour Tarente, dans les Pouilles, et son Centre d’identifica­tion et d’expulsion (CIE). Là, les migrants choisissen­t de demander l’asile en Italie ou de quitter le pays. Depuis, ces évacuation­s continuent. Chaque jour, une cinquantai­ne de migrants quittent Vintimille pour des centres d’accueil ou des CIE du reste du pays. Et fin août, 48 Soudanais sont expulsés en direction de Khartoum, la capitale du pays, suite à la signature d’un mémorandum entre les autorités italiennes et soudanaise­s. Le président du pays Omar el-Béchir, est notamment recherché pour crimes de guerre, crimes contre l’humanité et génocide.

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