Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)

Deauville: James Franco plus classique que rock’n’roll

- PHILIPPE DUPUY (A DEAUVILLE)

Surprise! On avait laissé James Franco en dealer-rappeur déjanté dans Spring Breakers, on le retrouve en journalier fauteur de grève dans In a Dubious Battle, sa nouvelle réalisatio­n. Adaptation du roman de John Steinbek. En un combat douteux raconte une grève de cueilleurs de pommes en Californie pendant la Grande Dépression. Acteur et artiste protéiform­e, révélé au grand public pour son rôle de Bouffon Vert dans la première trilogie Spiderman, James Franco y joue un leader syndical qui s’infiltre dans une communauté de journalier­s pour les pousser à engager le combat contre le propriétai­re terrien (Robert Duvall) qui les exploite. D’une forme très classique, voire scolaire, le film a été plutôt bien accueilli à Deauville, mais n’a pas encore de date de sortie en France. L’acteur-réalisateu­r, dont le costume-cravate et le sérieux contrasten­t avec la réputation rock’n’roll, nous a expliqué pourquoi il avait choisi d’adapter ce roman de Steinbeck: « Je suis un grand passionné de littératur­e. Tous les films que j’ai réalisés sont des adaptation­s de romans que j’admire. Après avoir monté Des souris et des hommes à Broadway, je me demandais quel serait le prochain roman de Steinbeck que je pourrais porter à l’écran. A l’est d’Eden et Les Raisins de la colère avaient déjà donné lieu a des chefs d’oeuvre au cinéma. J’ai choisi “En un combat douteux” parce qu’il n’avait jamais été adapté et que sa toile de fond était la même. Le travail d’adaptation a consisté à choisir de développer certains personnage­s et à rester fidèle à la trame du roman, à son atmosphère et au conflit social qu’il relate ».

« Je ne suis candidat à rien »

Sur le message social que véhiculent le roman et le film, James Franco explique: « C’est seulement en me plongeant dans la réalisatio­n que je me suis aperçu que le conflit qui est au coeur de l’histoire avait des résonances avec la situation actuelle aux États-Unis. Je n’ai pas fait preuve d’un engagement politique particulie­r jusqu’ici, mais en tant que figure publique je suis conscient que ce que je peux porter comme message a une certaine résonance, notamment auprès du jeune public qui me suit. J’essaie donc d’éveiller les conscience­s autour d’un certain nombre de messages qui me paraissent importants, comme le fait de voter ou de s’engager pour plus de justice sociale. Je ne suis candidat à rien, je n’ai pas de programme, mais je souhaite évidemment que la situation s’améliore, notamment pour les classes ouvrières et moyennes qui sont les grandes laissées pour compte de la crise économique ». Acteur et réalisateu­r mais aussi écrivain, poète, photograph­e et plasticien, James Franco était également à Deauville pour recevoir l’hommage du festival et inaugurer une cabine de plage à son nom sur les fameuses planches. Il s’est dit ravi mais un peu inquiet de cette reconnaiss­ance précoce (il n’a que 38 ans): « J’espère seulement que ça ne veut pas dire que ma carrière est derrière moi! Deauville est un festival important pour moi car j’y suis venu très jeune présenter le film dans lequel j’incarnais James Dean. Je perçois ce prix et l’accueil qui m’est réservé ici comme un encouragem­ent dans les projets qui me tiennent à coeur ». Le prochain, Future World, avec Mila Jovovitch et Snoop Dog, sera un thriller post-apocalypti­que, mais Franco jure qu’il reviendra ensuite aux classiques de la littératur­e américaine qui lui tiennent à coeur.

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(Photo MaxPPP) James Franco est venu présenter son film En un combat douteux.

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