Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)
Les Varois maîtres des anneaux
En un peu plus de dix ans, l’Olympique Hyères TPM est devenu le club de handitennis de table le plus important de France. Il enverra six joueurs au Brésil et vise entre une et cinq médailles
Tout a débuté en octobre 2004, à la demande de l’ancien maire de Hyères, Léopold Ritondale. Et avec Stéphane Messi en homme providentiel. Le pongiste, tout juste auréolé de son titre de champion olympique à Athènes (2004), se retrouve du jour au lendemain sans club après une bisbille avec Michel Rodriguez, alors président du feu TT hyérois handisport. « Le maire ne voulait pas perdre un champion olympique, raconte aujourd’hui Thierry Garofalo. Il m’a alors demandé de créer un nouveau club sur la commune. » L’Olympique Hyères TPM est né, avec le fort en gueule Thierry Garofalo aux commandes.
Des titres en pagaille
Sur son nom et son sérieux, le club prend très vite de l’ampleur. Les meilleurs handipongistes rejoignent l’OHTPM, n’hésitant pas à prendre leurs licences handisports dans le Var même s’ils habitent à l’autre bout de la France. « Le club a connu du succès car Thierry est l’une des rares personnes qui se bat pour le handisport, avoue aujourd’hui Stéphane Messi.
Il n’hésite pas à interpeller les instances. Il se bouge. » Dès lors, l’Olympique handi Hyères TPM cumule les titres nationaux, européens, mondiaux et... olympiques. Les licenciés hyérois ont ainsi décroché neuf breloques, dont deux en or entre Pékin (2008) et Londres (2012). Un total qui devrait s’alourdir à Rio, où le club envoie six de ses athlètes (voir encadré) .« Je pense qu’on peut
aller jusqu’à cinq médailles, prédit le président. Je serai dégoûté si on ne ramène aucune médaille d’or. » Ce qui avait été le cas à Londres (deux médailles d’argent et deux de bronze). Et qui pourrait bien se reproduire au Brésil, à en croire son joueur Stéphane Messi. « Le handisport perd en considération d’année en année, souligne-t-il. Nos moyens financiers et humains baissent quand ceux d’autres pays européens,
comme l’Angleterre ou l’Allemagne, augmentent. Le sport n’est pas une priorité en France. Alors le handisport... C’est paradoxal pour un pays qui souhaite décrocher les Jeux en 2024 ! »
Des détails qui dérangent
Ainsi, aux rayons des petits détails qui dérangent, Stéphane Messi a noté, pêlemêle, une dotation moindre en vêtements Lacoste par rapport à la délégation valide ou l’absence de versement d’une prime par la Fédération handisport contrairement aux anciennes olympiades... « J’ai plein d’autres exemples, continue le pongiste, qui a refusé de participer cet été, sur ses frais, aux stages de l’équipe nationale. 12 500 Samsung S7 ont été distribués à Rio lors des Jeux pour les valides. Mais il n’y en aura pas pour les paralympiques. Au niveau local, les athlètes varois n’ont reçu aucune aide du département. Kevin Dourbecker, qui est licencié à l’OHTPM mais habite dans l’Essonne, a reçu 2 000 euros de son département. Tant mieux pour lui. Tant pis pour les Varois... » Des situations qui hérissent le poil de Thierry Garofalo. « À Rio, pour les paralympiques, on demande aux athlètes d’apporter leur propre lessive ! Et des cadenas pour protéger leurs affaires car le service de surveillance qui oeuvrait pour les valides ne sera plus en place. C’est bien la preuve qu’on considère le handisport comme de la sousmerde ! » « Ça va être horrible », prédit, plus sobrement, Stéphane Messi. La magie des Jeux devra réaliser un sacré tour pour sortir le handisport français de l’ornière...