Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)
TOP JOURNÉE, TOULOUSE - TOULON : DIMANCHE, H , STADE E. WALLON) Septembre rouge
Bien qu’ulcéré par la situation, Mourad Boudjellal qui n’a pas encore lâché l’affaire, devrait attendre début octobre avant de prendre de vraies décisions
Ici, tout est différent et tout est toujours possible. Même le pire ! Le pire aujourd’hui serait que Mourad quitte le navire en pleine tempête et l’abandonne à sa dérive actuelle pour aller voir ailleurs s’il peut retrouver une vie un peu plus normale et surtout du plaisir... Plusieurs fois déjà, le président Boudjellal a menacé de se retirer, sans qu’on le prenne vraiment au sérieux. Encore trop accroché à son « bébé ». Accroc tout simplement à l’adrénaline des matches ou à la fonction qui l’a propulsé sur le devant de la scène médiatique comme la « B.D. » n’y était jamais parvenue... Samedi encore, à l’issue d’une prestation aussi indigne qu’inquiétante, il a aussi dégainé cette possibilité : «On arrive aux limites de ma patience. Je vais peut-être me virer moi-même parce que ça commence à me gonfler sérieusement ce stress, tout ça...». Cette possibilité existe vraiment. Et il n’en faudrait certainement pas beaucoup plus pour qu’elle s’impose dans l’esprit d’un patron qui peut lui aussi avoir des coups de «moins bien». Mais elle ne paraît pas encore d’actualité même si dimanche Mourad nous a précisé avoir récemment reçu et décliné une offre intéressante de rachat du club par des investisseurs américains. Car le président a beau être énervé, il n’a pas franchement envie de foutre en l’air son formidable travail de dix ans. D’autres solutions devraient donc être privilégiées avant son départ éventuel...
L’erreur originelle
Première décision, prise dimanche dans l’urgence, le contrat de Grant Doorey, spécialiste de la défense venu en renfort pour une mission de 5 semaines, ne sera pas renouvelé. Deuxième décision, cinq joueurs n’auront pas droit à leur prime d’éthique du mois d’août (Chiocci, Chilachava, Saulo, Taofifenua et Bastareaud) au prétexte qu’ils n’ont pas assez travaillé cet été... Enfin, troisième décision : jusqu’à ce qu’elle se réhabilite à ses yeux, l’équipe voyagera en bus... Ces « mesurettes » sont évidemment symboliques. La vraie question taraudant le président concernant son manager Diego Dominguez qu’il se refuse encore à virer après seulement trois journées « pour ne pas entrer dans le Guiness book » mais au sujet duquel il s’interroge clairement quand il demande : «Il est où notre jeu ? C’est juste catastrophique ! Peut-être que je me suis trompé, dans le recrutement, dans le choix des hommes, du staff .... J’espère que non. On va voir. ». Dans l’intimité du vestiaire et selon Midi Olympique, Mourad aurait même posé la question de confiance aux joueurs : «Dites-moi si vous voulez que je vire les coaches ? ». Au-delà de Diego Dominguez à qui il peut encore accorder quelques excuses, le fonctionnement minimaliste du duo Delmas - Dal Maso pose aussi question après la faible prestation des avants varois contre Brive. L’erreur originelle aura peut-être été de les forcer à cohabiter. Professionnel ou pas, le rugby reste une histoire d’hommes et exige encore de l’amour. Ces deux-là se tolèrent mais ne s’aiment pas vraiment... Et à force de diluer les responsabilités, plus personne ne se sent vraiment responsable ! À ce stade de sa réflexion, le boss n’écarte aucune piste d’amélioration. Si Jacques Delmas paraît le plus en danger, tous les protagonistes de cette mauvaise farce sont exposés à son courroux. Mais quoiqu’il sorte finalement de son audit interne cette semaine, le président est un peu coincé par les contraintes immédiates du calendrier (deux déplacements à Toulouse et au Racing puis réception de Clermont et Montpellier).
« On a quatre matches pour s’en sortir »
Ces quatre chocs de Top 14 qui aujourd’hui semblent perdus d’avance pour le RCT compte tenu du niveau de jeu affiché par les différents protagonistes, seront autant de chances pour le groupe et le staff actuel de relever, et peutêtre de sauver, leur tête. Mais ils permettront aussi d’éclairer vraiment la situation. En cas de nouveaux échecs à répétition, Boudjellal prendra-t-il encore le risque de patienter jusqu’à la mi-novembre (pour attendre Fabien Galthié) au risque d’échouer aussi en coupe d’Europe (réception des Saracens le 15 octobre et déplacement à Sale le 21). Il n’a pas l’air parti pour ça et d’autres noms susceptibles de remplacer Dominguez ont déjà circulé : «On a quatre matches pour s’en sortir...» a-t-il ainsi répété samedi soir, avant que Diego, lui, ne réaffirme sa confiance dans la capacité du groupe à relever le défi.