Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)

Elément passionnel pour le crime conjugal de Trans

Incapable d’expliquer son geste meurtrier, Frédéric Ferraton a été condamné hier à douze ans de réclusion criminelle par la cour d’assises du Var. L’avocat général avait requis dix-huit ans

- G. D.

Déclaré coupable du viol et de la tentative de meurtre de son épouse, le 19 août 2014 à Trans-en-Provence, Frédéric Ferraton, 58 ans, a été condamné hier par la cour d’assises du Var à douze ans de réclusion criminelle. Une peine assortie d’un suivi sociojudic­iaire de dix ans (le maximum), avec l’obligation de s’astreindre à des soins psychologi­ques.

Accusé amnésique

On attendait avec une certaine impatience l’interrogat­oire de Frédéric Ferraton, sur les faits qui lui étaient reprochés, et dont il n’avait jusqu’à hier après-midi pas pipé mot. À savoir le viol de son épouse, suivi d’une tentative d’égorgement à coups de cutter. Le viol? «Il s’agissait d’une relation consentie.» La tentative de meurtre ? « Je ne sais pas quoi vous dire. J’avais la tête brûlante. J’ai manqué de discerneme­nt. Je ne comprends pas ce qui s’est passé. Mais j’assume pleinement.» La cour est restée sur sa faim. Et les questions posées par le président, l’avocat général et les avocates des parties civiles n’ont pas davantage éclairé les débats.

Aveu à son avocat

C’est Me Dupond-Moretti qui a crevé l’abcès, en poussant son client à répondre à des questions claires. Vous avez sauvagemen­t agressé votre femme? « Oui. C’est moi qui ai porté les coups de cutter.» Votre histoire de légitime défense, c’est le monde à l’envers? «Oui.» De quoi vous souvenez-vous sur le passage à l’acte? «Ça s’est passé tellement vite. Il y avait cette poussée de fièvre, j’avais soif, j’étais trouble. Je n’ai que des fragments.»

La partie civile craint la récidive

Faute d’aveux francs et massifs de l’accusé, Me Janine Bonaggiunt­a a souligné que Maryline Dubar n’avait à l’évidence pas pu inventer ce qu’elle avait subi. Pour sa consoeur Me Nathalie Tomasini, c’était «une tragédie en cinq actes» qui s’était déroulée le soir du 19 août 2014 dans cette villa de Trans-en-Provence. Quant à Frédéric Ferraton, elle pensait avoir cerné le personnage: «Un homme qui ne va pas supporter que sa femme le quitte, et surtout de devoir partager le patrimoine. » L’une et l’autre ont cité les conclusion­s d’un expert psychiatre, selon lequel le risque de récidive de ces violences n’était pas exclu.

Le fruit de la passion

Face aux réquisitio­ns de dixhuit ans de réclusion de l’avocat général Michael Darras, Me Eric Dupond-Moretti a plaidé sur le thème du crime passionnel. «Un crime qui n’existe pas dans notre code pénal, mais qui existe en Suisse, avec des conséquenc­es sur le maximum des peines encourues. « Par opposition, un crime passionnel n’est pas un crime crapuleux ou un crime gratuit. Il est synonyme de débordemen­t émotionnel. Et dans une affaire comme celle-ci, il y a encore 15 ans, on était en dessous de dix ans pour la peine.» Le verdict a montré qu’il a su toucher la corde sensible parmi les jurés.

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(Croquis d’audience Rémi Kerfridin) Après les plaidoirie­s des parties civiles, l’avocat général Michael Darras a demandé une peine de dix-huit ans.

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