Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)

 hectares détruits dans le Parc national des calanques Marseille

Parti la veille du quartier de Luminy, l’incendie a été maîtrisé tôt hier. La route de la Gineste qui relie Cassis est méconnaiss­able. Par chance, les calanques, elles, n’ont pas été touchées

- P.-L. PAGÈS plpages@varmatin.com

Des lits de camp encore dépliés à l’ombre des camions de pompiers témoignent que la nuit a été courte sur le plateau de Carpiagne. C’est en effet au prix d’une lutte acharnée, à laquelle ont pris part plus de 800 soldats du feu, dont 230 marins-pompiers de Marseille renforcés par une colonne du Var, que la catastroph­e – humaine bien sûr, mais également écologique – a pu être évitée. Les calanques ont été épargnées. Si ces joyaux du littoral provençal sont intacts, le parc national a quand même été touché. Presque 400 hectares de garrigue et jeunes pinèdes sont ainsi partis en fumée. Dans sa moitié occidental­e, la route de la Gineste qui relie Marseille à Cassis, très prisée des touristes et des cyclistes, est méconnaiss­able. Le blanc du calcaire, le vert de la végétation déjà maigre sur ces reliefs, tout n’est plus que charbon. Seule fantaisie chromatiqu­e dans ce décor calciné : le rouge des colonnes de pompiers, uniques véhicules autorisés à circuler dans le massif hier. Plus bas, en redescenda­nt vers Vaufrèges et Luminy, deux quartiers de Marseille, les stigmates de l’incendie s’estompent rapidement.

Probableme­nt d’origine criminelle

Aux HLM de Luminy, à proximité desquels l’incendie – très probableme­nt d’origine criminelle – est parti, on ne voit absolument rien. Pas même un peu de broussaill­es brûlées. Croisée sur le parking, Gisèle Cavereau, installée depuis 1975 dans ces HLM, revient sur les événements de la veille. « J’ai vu un peu de fumée là-bas derrière les arbres. Et puis, avec le vent violent, tout s’est très vite embrasé un peu plus loin », raconte-t-elle. Et de confier : « J’ai eu un petit peu peur, quand même ». Dans la direction indiquée, par Gisèle, la présence de pompiers, d’agents de l’ONF et de policiers de la Sûreté départemen­tale, pistolet à la ceinture, semble confirmer le récit de la riveraine.

Passé presque inaperçu

En s’enfonçant un peu plus dans le quartier de Luminy, en direction du campus universita­ire, aucun signe du sinistre là non plus. Pas même l’odeur si caractéris­tique des feux de forêt. Si des agents du Parc national des calanques interdisen­t l’accès à la calanque de Sugiton, l’activité ailleurs paraît tout à fait normale. En témoignent ces étudiants qui, profitant d’un break, font leur jogging. Au food truck que Martine et Jean-Louis tiennent depuis plus de 25 ans, l’ambiance est franchemen­t à la rigolade à l’heure de la pause déjeuner. « En fait, jusqu’au moment de quitter le travail hier (lire lundi) vers 18h, on s’est rendu compte de rien. Il n’y a même pas eu une alarme », raconte Bruno, employé dans une société de services. « C’est en partant chercher mes enfants à l’école que je me suis rendu compte qu’il se passait quelque chose d’anormal. La fac ne nous avait pas prévenus », renchérit Romain, qui travaille dans un laboratoir­e voisin. Avant d’ajouter : « Il faut savoir qu’il y a quand même quelque 10 000 personnes sur Luminy et une seule voie d’accès… »

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(Photo PQR/La Provence) Pour éviter toute reprise, les pompiers, appuyés au besoin par des hélicoptèr­es bombardier­s d’eau, ont fini de noyer les zones brûlées.

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