Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)
Dans le Var, des massifs sous haute surveillance
Tous les massifs du département sont en situation de sécheresse « forte »ou« très forte». Même le plateau de Canjuers, jusque-là épargné par ce niveau d’alerte, vient de basculer, s’inquiète Vincent Petit. Depuis le «PC forêt» de la Direction départementale des territoires et de la mer (DDTM) à Draguignan, ce technicien spécialisé supervise un dispositif de prévention des incendies qui vient compléter chaque jour celui des sapeurs-pompiers: une petite armée mobile de plus de quarante 4x4 porteurs d’eau. Ces équipes de sapeurs forestiers du Département pilotées par des agents de l’Office national des forêts (ONF) sont réparties sur une carte du Var découpée en une dizaine de secteurs, dont six sont considérés comme plus sensibles. De quoi intervenir en moins de dix minutes sur «un feu naissant ».
Une végétation asséchée
Cette sécheresse persistante est évidemment un facteur aggravant. «Regardez, on dirait de la paille», fait remarquer Guillaume Dubois, sapeur forestier, en froissant une poignée d’herbes sur les hauteurs du Beausset. « Il faudrait qu’il pleuve pendant trois ou quatre jours. » À la moindre fumée signalée ou détectée, lui et son binôme Cyril Huin se précipitent. «Nous sommes les yeux des pompiers, il y a beaucoup d’appels à vérifier», témoigne Hervé Maître (ONF), responsable des équipes postées dans les massifs de l’ouest-Var. Les barbecues qui s’allument ou le four d’un camion à pizzas qui démarre constituent autant de fausses alertes récentes. Dans les cas avérés, les 600 litres d’eau contenus dans les 4x4 jaunes sérigraphiés « préfecture du Var » peuvent suffire à limiter les zones brûlées à quelques mètres carrés. En tout cas à éviter une propagation avant de passer le relais aux pompiers qui ne tardent jamais à débouler avec de gros moyens.
Le fléau de l’inconscience
«On a beaucoup de jets de mégot, déplore Hervé Maître qui s’est livré à une petite étude empirique sur les routes varoises: sur dix fumeurs, j’en ai compté huit qui ont jeté leur mégot par la fenêtre. » L’incivisme, cet agent assermenté (habilité à constater les infractions) l’observe aussi quand il s’agit de faire régner une réglementation, certes évolutive: « Un ingénieur de Météo France prépare des prévisions chaque jour avec un code couleur qui va du jaune – on rappelle les consignes –,à l’orange – on déconseille les accès aux massifs –, au rouge et au noir – la présence dans les massifs est alors interdite dans les deux cas», rappelle Kévin Mazoyer, directeur de cabinet du préfet. « L’enjeu, c’est de faire connaître ce dispositif, on passe par le plus de vecteurs possibles.» Site web (1), réseaux sociaux, traduction en plusieurs langues… Sur le terrain, «les patrouilles sont là pour faire respecter les règles.» Retour sur les hauteurs du Beausset, classées en orange depuis hier: «On fait de la prévention auprès du public rencontré, on leur explique les risques qu’ils prennent, confirme Hervé Maître . Généralement les touristes le prennent bien, mais certains locaux sont plus récalcitrants, ils nous expliquent qu’ils connaissent les lieux, que ça ne brûle jamais, etc.» Dans la majorité des cas, les personnes obtempèrent. En revanche, l’agent de l’ONF constate encore des entorses à l’obligation de débroussaillement, aux règles d’emploi d’outils pyrogènes, ou à l’interdiction de brûlage de déchets verts quand il ne s’agit pas des restes fumants d’une rave-party.
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