Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)
-Juillet: audition sous tension de la patronne de l’IGPN
Marie-France Moneger-Guyomarc’h a dû répondre aux questions des membres de la commission des Lois. De quoi raviver les tensions politiques
Le dispositif de sécurisation de ce tragique 14Juillet à Nice était-il adapté? Alors que l’on pensait la polémique sur les effectifs de police mobilisés ce soir-là enterrée par le rapport de l’inspection générale de la police nationale, la question était de nouveau posée hier, à l’Assemblée nationale. La patronne de l’IGPN, MarieFrance Moneger-Guyomarc’h, a été auditionnée durant près de deux heures par les membres de la commission des Lois. C’est elle qui, dès le 27 juillet, avait affirmé que le dispositif de la Prom’ Party « n’était pas sous-dimensionné ». Mais, alors que Bernard Cazeneuve lui demandait d’enquêter, fin juillet deux députés réclamaient de leur côté l’ouverture d’une information parlementaire.
Questions orientées
Parmi eux Eric Ciotti. D’où cette audition hier qui, pour le député azuréen, a fait « très clairement apparaître le sousdimensionnement des effectifs mobilisés pour le 14 juillet à Nice. Effectifs dont les autorités locales avaient d’ailleurs réclamé qu’ils puissent être renforcés par une unité de force mobile. Mais elle avait été affectée à Avignon où le président de la République était en déplacement. Un choix qui apparaît particulièrement inopportun », souligne l’élu azuréen au risque de relancer la polémique. Il n’est pas le seul. Au travers de questions, parfois orientées, les membres de la commission ont une nouvelle fois tenté de se renvoyer la responsabilité de ce terrible événement. Ainsi le socialiste Pascal Popelin n’a pas manqué de rappeler que si toutes les demandes de renfort ne pouvaient plus être honorées c’était sans doute aussi parce que « quinze unités de forces mobiles avaient été supprimées sous le précédent quinquennat ». Marie-France Moneger-Guyomarc’h a précisé qu’il n’y en avait que cinq pour tout le Sud de la France et le préfet de zone avait bien dû « faire des choix ». Marseille et Toulouse en raison de violences urbaines l’année précédente. Montpellier pour le passage du tour de France. Carcassonne pour l’embrasement de la cité où étaient attendues 500 000 personnes. Et enfin, Avignon… « Pourquoi Avignon, rebondit Eric Ciotti. C’est la seule ville où le cadre dans lequel intervenaient les forces mobiles n’est pas précisé dans votre rapport? » La question semble surprendre la patronne de l’IGPN. Le contrôleur JeanFrançois Bras semble devoir lui souffler la réponse: « Le festival… » Et aussi, « le dîner du président de la République avec des artistes à l’hôtel d’Europe », précise le député Les Républicains Guillaume Larrivé. Le député socialiste Sébastien Pietrasanta semble vouloir revenir à l’essentiel: « Est-ce que la présence de ces effectifs en renfort aurait pu faire la différence ? » La patronne de l’IGPN assure que non : « Le camion aurait pris le même chemin et il y aurait sans doute eu autant de victimes. » Pour Marie-France Moneger Guyomarc’h il n’y a pas que les moyens humains qui comptent, il y a aussi les moyens techniques, type plots en béton ou herses anti-franchissement. Cette fois ce sont les députés de gauche qui embrayent: « A qui incombe la responsabilité de mettre en place de tels dispositifs ? », interroge à son tour Pascal Popelin. L’ancien ministre de l’Intérieur, Daniel Vaillant, se demande bien « ce que camion faisait là ». Pas seulement le 14 juillet au soir. Mais les jours précédents où le terroriste a effectué des repérages sur un axe où il n’avait pourtant pas le droit de circuler. « C’est bien la police municipale qui a la responsabilité de la circulation? », pointe le socialiste Sébastien Piétrasanta. La polémique sur les responsabilités politiques de ce drame semble bel et bien relancée.