Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)
Des durs et des mous
Quelle est donc molle notre démocratie à côté de la dictature dure de M. Ali Bongo ! Au Gabon qui a découvert les voluptés de l’autonomie en lorsque la France éternelle a plié bagages, la lutte des Ping et des Pong fait rage. Pas avec des propos vindicatifs et surannés comme chez nous – tous des mous – mais à l’aide des armes automatiques les plus modernes. Tous des durs. Dans les républiques gabonaises et turques il ne serait pas possible de conserver au gouvernement un trublion passant son temps à dézinguer l’action commune. Les fonctionnaires opposants, dispensés d’aller au bureau, prennent de l’exercice dans les cours de prison. Sur le plan de la vie à grandes guides (train de vie élevé) nous ne pouvons pas rivaliser davantage. Alors que nous rachetons nos Airbus présidentiels d’occasion et offrons au chef de l’État, pour sa première apparition sur les Champs-Élysées, une guimbarde dont le toit ouvrant refuse de se fermer en cas de pluie, les Bongo font emplette de somptueuses limousines par lot de douze douzaines comme s’il s’agissait de bourriches d’huîtres. Ceux qui s’insurgent contre un pouvoir devenu, depuis un demi-siècle, une affaire de famille ne se réunissent pas la nuit pour fredonner des couplets révolutionnaires sur une place publique mais mettent carrément le feu aux locaux de l’Assemblée nationale, faute de pouvoir prendre les Bastilles où croupissent les ennemis du régime.