Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)

Prévoyant...

En septembre prochain, le député-maire de Saint-Raphaël devrait raccrocher. D’ici là, l’élu – et l’homme – se confie sur l’avenir…

- Entretien : Carine BEKKACHE cbekkache@nicematin.fr Photos : Philippe ARNASSAN

Songeant déjà à l’avenir politique de sa ville, et aux prochaines échéances municipale­s de , le député-maire de Saint-Raphaël entend prendre les bonnes décisions.

Le député-maire de Saint-Raphaël, Georges Ginesta, n’a pas attendu 2017 pour prendre ses bonnes résolution­s. Dans quelques mois, en effet, l’élu entend remettre son écharpe à son premier adjoint, Frédéric Masquelier. Une décision mûrie. «Une responsabi­lité», même, pour celui qui préfère ainsi se faire hara-kiri, plutôt que de voir sa ville basculer dans l’extrême en 2020. Mais, en attendant, Georges Ginesta emprunte ce nouveau – et dernier – virage politique local avec confiance et sérénité. Et ne manque pas de le faire savoir…

La nouvelle ne date pas d’hier: en , vous raccrochez votre écharpe tricolore. Pourtant, quelques mois après votre réélection, vous affirmiez ne ressentir aucune usure… Je ne suis pas dans l’usure, ni même dans la lassitude. Ce que je fais, je le fais avec beaucoup de plaisir et de passion. Mais je considère qu’à un moment, il faut aussi savoir passer la main. C’est une décision réfléchie, prise depuis déjà un bon moment. Encore une fois non pas par lassitude, mais par responsabi­lité.

Mais pourquoi un tel retourneme­nt? Quelle est votre stratégie? D’abord j’ai été un peu surpris de voir, au cours de l’élection , qu’un jeune homme (Ndlr, il parle de Nicolas Melnikowic­z) inconnu, sans référence, indiquant qu’il avait été livreur de pizza et ayant l’investitur­e du Front national, fasse  %. J’ai alors pensé qu’il y avait effectivem­ent le risque d’un changement brutal en . Voilà pourquoi j’ai préféré diminuer la durée de mon mandat, tout en proposant le nom de Frédéric Masquelier pour me succéder. D’une part, parce que c’est un avocat qui jouit d’un bon niveau d’études. D’autre part, et surtout, parce qu’il ne tire pas ses revenus exclusivem­ent de la politique. Cela étant, je n’impose rien. Les Raphaëlois seront maîtres de leurs choix en .

Ne craignez-vous pas que son manque de «popularité» ne prenne le pas sur ses compétence­s, jusqu’à devenir un argument pour l’opposition lors des prochaines municipale­s? Melnikowic­z était lui aussi totalement inconnu, mais a fait  % au motif qu’il est investi par le Front national. C’est à se demander si ne on perd pas la raison? Frédéric Masquelier aura près de trois années devant lui pour se faire connaître et, je le souhaite, se faire apprécier comme je l’apprécie.

Concernant votre devenir politique… Le scénario avancé vous donne sénateur, au cas où le maire de Toulon, Hubert Falco, ferait le choix du renoncemen­t. Vous confirmez? Le mandat unique étant désormais de règle, Hubert Falco m’a toujours dit qu’il ferait le choix de rester à Toulon. De fait, il démissionn­erait du Sénat et, automatiqu­ement, je deviendrai­s sénateur. Et cela sera effectivem­ent le cas, en octobre prochain, si le maire suit le choix qu’il annonce. Même s’il peut toujours changer d’avis.

Pourquoi vouloir abandonner votre siège de maire mais, dans le même temps, envisager de conserver un ancrage politique au Sénat ? Parce que je n’éprouve aucune lassitude. Le fait de passer la main en cours de mandat c’est simplement pour faire une propositio­n aux Raphaëlois et éviter un accident, comme celui qui s’est produit à Fréjus en . Pour autant, je reste attaché à ma ville, j’y resterai et je continuera­i à l’aider. Différemme­nt, certes… En tant que sénateur, je peux apporter beaucoup, et encore davantage si nous gagnons l’élection présidenti­elle avec François Fillon, dans quelques mois… L’avenir m’attache à Saint-Raphaël, mais d’une autre façon.

La montée du FN, observée lors des dernières échéances électorale­s, vous effraie-t-elle? David Rachline sera battu en , parce qu’il est en train de faire un véritable désastre à Fréjus. Par la vente des biens qu’il a trouvés en arrivant, par le déclin qui s’installe, notamment dans le centre-ville, par une politique sectaire à l’égard des associatio­ns… Et parce que, globalemen­t, le Front national déclinera en France après l’élection présidenti­elle. D’autre part, il est clair aujourd’hui que David Rachline est un employé de la maison Le Pen. Et en , la ville aura besoin d’un véritable maire, qui s’occupe des intérêts communs et non de ceux d’une seule famille.

Et pourtant vous prenez vos «précaution­s» en vous retirant… Le risque existe toujours. Une élection n’est jamais gagnée. Mais je pense que les frontistes sont arrivés à leur apogée. Aujourd’hui ils sont dans le jeu politique, mais ils devraient bientôt décliner. Le FN est une affaire de famille, dont on voit bien le clivage. D’autre part, le risque peut aussi venir d’ailleurs. Par exemple, de personnes moins encartées, qui peuvent arriver sur la scène politique et plaire.

Il y a peu, sur les réseaux sociaux, une partie de ces mêmes frontistes postaient des photos de devantures fermées et moquaient l’«agonie commercial­e» du centre-ville raphaëlois. Qu’en dites-vous? Au contraire, il y a une effervesce­nce et un dynamisme. Évidemment on trouve toujours un magasin fermé… Il suffit d’aller dans le centre-ville de Fréjus pour voir le déclin dans lequel l’entraîne la municipali­té actuelle. C’est tout le problème des réseaux sociaux, on peut y dire n’importe quoi. Et ça prouve le niveau médiocre de cette équipe constituée d’une bande de galopins, la plupart sans métier…

Par ailleurs, qu’a-t-il été fait pour attirer les jeunes actifs à SaintRapha­ël? Les zones d’Epsilon I, II et III étaient, il y a vingt ans, une colline. Aujourd’hui, ce sont  emplois qui y ont été créés. Sans compter les  emplois pérennes induits par l’installati­on du centre cardio-vasculaire La Chenevière dans ce secteur. Parallèlem­ent,  logements pour actifs ont été construits,  places en crèche ont vu le jour et nous sommes dans la spirale vertueuse du renouvelle­ment de génération­s à Saint-Raphaël.

Avec des impôts comptant parmi les plus bas du Var et une taxe d’habitation parmi les plus faibles de France, Saint-Raphaël est relativeme­nt bien lotie. La baisse des dotations de l’État ne risque-telle pas de changer la donne? Notre taxe d’habitation compte non seulement parmi les plus basses, mais bénéficie aussi d’un abattement sur les bases de  %. C’est une spécificit­é raphaëlois­e, et une belle performanc­e malgré tous les investisse­ments réalisés, que nous maintiendr­ons. Quitte à diminuer encore les investisse­ments…

Avec l’arrivée des nouveaux rythmes scolaires, vous évoquiez une «action constructi­ve sur le plan culturel ou sportif»… Qu’est-ce qui a été fait? Le changement des rythmes a diminué de  minutes la durée d’une journée scolaire pendant quatre jours. Au total, donc, ce sont trois heures que nous avons aménagées le vendredi après-midi, avec une véritable activité périscolai­re qui nous coûte  euros supplément­aires. Nous essayons de faire le maximum, et non pas de faire semblant.

La création d’une université sur votre territoire, n’y avez-vous jamais songé? Je le souhaite, mais la population n’est pas suffisamme­nt importante pour construire une université. En revanche, nous avons redonné de l’activité à l’IUT. Nous avons travaillé avec la Région, qui finance totalement la venue de l’institut de formation en soins infirmiers dans les locaux de l’IUT, qui compte aujourd’hui  élèves. C’est un beau succès politique, et là je n’entends plus personne!

Avez-vous aujourd’hui le sentiment d’avoir laissé un héritage? J’ai essayé de faire mon devoir… D’apporter à Saint-Raphaël des équipement­s qui me semblent utiles. L’acquisitio­n du port Santa Lucia, par ailleurs, nous a permis de faire de la régie et de payer ainsi les travaux d’aménagemen­t du Vieux-Port qui aujourd’hui, est une zone très attractive de la ville.

Votre voeu le plus cher pour Saint-Raphaël? Qu’elle continue à être une ville agréable à vivre, propre, fleurie, très bien équipée, sûre et dans laquelle il n’y a pas de quartier sensible. Car nous avons su traiter l’habitat et nous avons respecté chacun d’entre nous. À Saint-Raphaël, les plus humbles ne sont pas des humiliés. Ils partagent la richesse produite parce qu’ils y concourent. Et ce n’est que justice.

L’avenir m’attachera toujours à Saint-Raphaël ”

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